Fragment Fausseté des autres religions n° 13 / 18 – Papier original : RO 465-2
Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Fausseté n° 271 p. 109 / C2 : p. 134
Éditions de Port-Royal : Chap. II - Marques de la véritable religion : 1669 et janvier 1670 p. 19-20 / 1678 n° 2 p. 18
Éditions savantes : Faugère II, 141, III / Havet XI.2 bis / Brunschvicg 433 / Tourneur p. 247-6 / Le Guern 201 / Lafuma 215 / Sellier 248
Après avoir entendu toute la nature de l’homme il faut pour faire qu’une religion soit vraie qu’elle ait connu notre nature. Elle doit avoir connu la grandeur et la petitesse et la raison de l’une et de l’autre. Qui l’a connue que la chrétienne ?
|
Ce fragment est lié aux fragments de la liasse Fausseté qui reprennent aussi les conditions posées dans A P. R. pour discerner la vraie religion. Fausseté 12 (Laf. 214, Sel. 247) rappelait la condition selon laquelle la vraie religion doit prescrit l’amour de Dieu et faire connaître les obstacles qui s’opposent à cet amour ; Fausseté 14 (Laf. 216, Sel. 249) reprend une idée semblable. Ici, Pascal revient sur la nécessité que la véritable religion nous enseigne et qu’il y a quelque grand principe de grandeur en l’homme et qu’il y a un grand principe de misère (A P. R. 1 - Laf. 149, Sel. 182). C’est-à-dire qu’elle ait connu la nature de l’homme. Cela revient, selon Ordre 10 (Laf. 12, Sel. 46), à montrer qu’elle est Vénérable parce qu’elle a bien connu l’homme.
Fragments connexes
Ordre 10 (Laf. 12, Sel. 46). Ordre.
Les hommes ont mépris pour la religion, ils en ont haine et peur qu’elle soit vraie. Pour guérir cela il faut commencer par montrer que la religion n’est point contraire à la raison. Vénérable, en donner respect. La rendre ensuite aimable, faire souhaiter aux bons qu’elle fût vraie, et puis montrer qu’elle est vraie.
Vénérable parce qu’elle a bien connu l’homme.
Aimable parce qu’elle promet le vrai bien.
A P. R. 1 (Laf. 149, Sel. 182). A. P. R. commencement, après avoir expliqué l’incompréhensibilité.
Les grandeurs et les misères de l’homme sont tellement visibles qu’il faut nécessairement que la véritable religion nous enseigne et qu’il y a quelque grand principe de grandeur en l’homme et qu’il y a un grand principe de misère.
Il faut encore qu’elle nous rende raison de ces étonnantes contrariétés.
Il faut que pour rendre l’homme heureux elle lui montre qu’il y a un Dieu, qu’on est obligé de l’aimer, que notre vraie félicité est d’être en lui, et notre unique mal d’être séparé de lui, qu’elle reconnaisse que nous sommes pleins de ténèbres qui nous empêchent de le connaître et de l’aimer, et qu’ainsi nos devoirs nous obligeant d’aimer Dieu et nos concupiscences nous en détournant nous sommes pleins d’injustice. Il faut qu’elle nous rende raison de ces oppositions que nous avons à Dieu et à notre propre bien. Il faut qu’elle nous enseigne les remèdes à ces impuissances et les moyens d’obtenir ces remèdes. Qu’on examine sur cela toutes les religions du monde et qu’on voie s’il y en a une autre que la chrétienne qui y satisfasse.
Fausseté 2 (Laf. 204, Sel. 236). Dieu défie les autres religions de produire de telles marques.
Fausseté 14 (Laf. 216, Sel. 249). La vraie religion enseigne nos devoirs, nos impuissances, orgueil et concupiscence, et les remèdes, humilité, mortification.
Fausseté 18 (Laf. 220, Sel. 253). Nulle autre religion n’a proposé de se haïr, nulle autre religion ne peut donc plaire à ceux qui se haïssent et qui cherchent un être véritablement aimable. Et ceux-là s’ils n’avaient jamais ouï parler de la religion d’un Dieu humilié l’embrasseraient incontinent.
Mots-clés : Chrétien – Connaissance – Grandeur – Homme – Nature – Petitesse – Religion – Vérité.