Fragment Fausseté des autres religions n° 14 / 18 – Papier original : RO 465-1
Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Fausseté n° 271 p. 109 / C2 : p. 134
Éditions savantes : Faugère II, 141, II / Havet XXV.87 / Brunschvicg 493 / Tourneur p. 248-1 / Le Guern 202 / Lafuma 216 / Sellier 249
La vraie religion enseigne nos devoirs, nos impuissances, orgueil et concupiscence, et les remèdes, humilité, mortification.
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Ce fragment paraît reprendre seulement des idées qui ont déjà été énoncées dans A P. R. 1 et plusieurs fragments de Fausseté. Cependant, on y voir Pascal préciser ses idées par des additions sur le manuscrit, qui font intervenir des notions nouvelles, notamment la mortification et l’humilité, additions qui précisent les mots impuissances et remèdes. Cet exemple très simple permet de saisir sur le vif la manière dont Pascal approfondit ses idées par petites touches qui s’inscrivent les unes dans les autres.
Fragments connexes
A P. R. 1 (Laf. 149, Sel. 182). A. P. R. commencement, après avoir expliqué l’incompréhensibilité.
Les grandeurs et les misères de l’homme sont tellement visibles qu’il faut nécessairement que la véritable religion nous enseigne et qu’il y a quelque grand principe de grandeur en l’homme et qu’il y a un grand principe de misère.
Il faut encore qu’elle nous rende raison de ces étonnantes contrariétés.
Il faut que pour rendre l’homme heureux elle lui montre qu’il y a un Dieu, qu’on est obligé de l’aimer, que notre vraie félicité est d’être en lui, et notre unique mal d’être séparé de lui, qu’elle reconnaisse que nous sommes pleins de ténèbres qui nous empêchent de le connaître et de l’aimer, et qu’ainsi nos devoirs nous obligeant d’aimer Dieu et nos concupiscences nous en détournant nous sommes pleins d’injustice. Il faut qu’elle nous rende raison de ces oppositions que nous avons à Dieu et à notre propre bien. Il faut qu’elle nous enseigne les remèdes à ces impuissances et les moyens d’obtenir ces remèdes. Qu’on examine sur cela toutes les religions du monde et qu’on voie s’il y en a une autre que la chrétienne qui y satisfasse.
Fausseté 2 (Laf. 204, Sel. 236). Dieu défie les autres religions de produire de telles marques.
Fausseté 13 (Laf. 215, Sel. 248). Après avoir entendu toute la nature de l’homme il faut pour faire qu’une religion soit vraie qu’elle ait connu notre nature. Elle doit avoir connu la grandeur et la petitesse et la raison de l’une et de l’autre. Qui l’a connue que la chrétienne ?
Fausseté 18 (Laf. 220, Sel. 253). Nulle autre religion n’a proposé de se haïr, nulle autre religion ne peut donc plaire à ceux qui se haïssent et qui cherchent un être véritablement aimable. Et ceux-là s’ils n’avaient jamais ouï parler de la religion d’un Dieu humilié l’embrasseraient incontinent.
Pensée n° 19T r° (Laf. 919, Sel. 751). Faire les petites choses comme grandes à cause de la majesté de J.-C. qui les fait en nous et qui vit notre vie, et les grandes comme petites et aisées à cause de sa toute-puissance.
Pensée n° 19T v° (Laf. 936, Sel. 751). Les pénitences extérieures disposent à l’intérieure, comme les humiliations à l’humilité.
Mots-clés : Concupiscence – Devoir – Humilité – Impuissance – Mortification – Orgueil – Religion – Remède – Vérité.