Glossaire

 

Demeurer, Demeure.

Demeurer : habiter. Mais aussi rester immobile.

Voir Divertissement 4 (Laf. 136, Sel. 168), Vanité 8 (Laf. 20, Sel. 54) et Dossier de travail (Laf. 398, Sel. 17).

 

Demi-habile.

Voir Habile.

Les demi-habiles sont des « esprits déniaisés », qui ont compris qu’entre être et paraître il n’y a pas, dans la société civile, de liaison nécessaire. Ils ont sur le peuple l’avantage de savoir dissocier l’apparence de l’être réel : ils comprennent que le vêtement, l’entourage et le rang social n’ont pas de rapport avec la valeur réelle d’un homme. Les dévots sont des demi-habiles qui ont la foi.

Référence : Raisons des effets 9 (Laf. 90, Sel. 124).

 

Démonstration.

Voir l’opuscule De l’esprit géométrique, qui présente les idées fondamentales de Pascal en matière de démonstration et d’art de persuader.

Selon Pascal, la forme supérieure que l’homme peut atteindre en matière de démonstration est la géométrie. Les autres sciences peuvent imiter la géométrie, mais conservent toujours une certaine confusion.

 

Voir Soumission 4 (Laf. 170, Sel. 201), Excellence 2 (Laf. 190, Sel. 222), Preuves de Jésus-Christ 1 (Laf. 298, Sel. 329), Pensées diverses (Laf. 821, Sel. 661) et Miracles II (Laf. 841, Sel. 426).

Voir aussi Fausseté 15 (Laf. 217, Sel. 250) et Pensées diverses (Laf. 521, Sel. 453).

 

Dépendre, Dépendance.

La dépendance est la condition naturelle de l’homme avant le péché : il dépend de Dieu, mais cette dépendance n’est pas humiliante, ni source de désespoir.

Le désir d'indépendance est lié au péché originel, à la concupiscence de la volonté, la libido dominandi, l’orgueil. Cela lie le fragment Ennui 2 (Laf. 78, Sel. 113) directement au précédent, Ennui 1 (Laf. 77, Sel. 112). Voir le Traité de la prédestination, III, § 6 : « Adam tenté par le Diable succomba à la tentation, se révolta contre Dieu, enfreignit ses préceptes, voulut être indépendant de Dieu et égal à lui. »

Voir aussi Divertissement 1 (Laf. 132, Sel. 165), Morale chrétienne 6 (Laf. 356, Sel. 388) et Pensées diverses (Laf. 622, Sel. 515).

 

Dépossession.

Perte d’une propriété ou d’un état. Voir Grandeur 12 (Laf. 116, Sel. 148).

 

Descartes.

Pascal a lu les Discours de la méthode, les Méditations, les Secondes réponses aux Méditations, ainsi que les lettres, à la publication desquelles il a contribué ; mais il n’aurait pas pu lire les Regulae.

L’esprit géométrique comporte un bel éloge de Descartes, que l’on doit prendre en compte avant de parler de l’anticartésianisme de Pascal. Voir Esprit géométrique, II, Art de persuader, § 23, OC III, éd. J. Mesnard, p. 424.

Pascal concède à Descartes d’être l’auteur d’un principe dont il a su tirer « une suite admirable de conséquences, qui prouve la distinction des natures matérielles et spirituelles ». Mais cet éloge est nuancé : il réprouve la prétention de Descartes à en faire le « principe ferme et soutenu d’une physique entière ».

Voir le verso de Raisons des effets 3 (Laf. 84, Sel. 118), Miracles II (Laf. 887, Sel. 445) et Pensées diverses (Laf. 553, Sel. 462).

 

Description.

Le mot description, qui désigne en logique et en rhétorique la présentation des différents attributs d’un sujet, semble mieux correspondre à une liste de caractères ou d’attributs, sans idée de processus évolutif.

Le mot est un hapax dans les Pensées. Mais c’est un terme technique, qui désigne une forme rhétorique de la définition moins rigoureuse que la définition nominale ou la définition essentielle. Voir Ennui 2 (Laf. 78, Sel. 113).

Voir Ramus Pierre, Institutionum dialecticarum libri tres, 1550, p. 154 sq. dans Ramus Pierre, Dialectique, p. 59 et dans Fonseca, Institutionum dialecticarum libri, p. 126.

 

Désespoir.

Le mot a un sens plus marqué qu’aujourd’hui. Le désespoir est un péché majeur qui consiste en une faute contre la vertu théologale d’espérance. Se désespérer signifie se suicider en langue classique.

Voir Ordre 3 (Laf. 5, Sel. 39), Excellence 5 (Laf. 192, Sel. 225), Transition 3 (Laf. 198, Sel. 229), Fausseté 6 (Laf. 208, Sel. 240), Fausseté 10 (Laf. 212, Sel. 245), etc.

 

Désirer, Désir.

Après le péché originel, le désir (libido) prend chez l’homme corrompu trois formes différentes, les concupiscences (cupidines) : désir de commander ou libido dominandi, le désir de savoir ou libido sciendi, et le désir charnel ou libido sentiendi. La grâce de Dieu opérant la conversion change ces désirs en amour de Dieu. Ces notions sont à la base de la doctrine de la double délectation.

Sur la place essentielle que prend le désir sous toutes ces formes dans la doctrine augustinienne et la pensée de Pascal, voir l’étude de Laurent Thirouin, “À la recherche du vrai saint Augustin”, in Les écoles de pensée religieuse à l’époque moderne, Textes réunis par Yves Krumenacker et Laurent Thirouin, Chrétiens et Sociétés, n° 5, 2006, p. 25-64.

Voir Souverain bien 2 (Laf. 148, Sel. 181), Ennui 2 (Laf. 78, Sel. 113), Philosophes 4 (Laf. 142, Sel. 175), Philosophes 8 (Laf. 146, Sel. 179), A P. R. 1 (Laf. 149, Sel. 182), etc.