Fragment Contrariétés n° 12 / 14 – Papier original : RO 394-4

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Contrariétés n° 176 p. 47 v° / C2 : p. 68

Éditions savantes : Faugère II, 55, I-VIII / Havet XXV.80 bis / Michaut 624 / Brunschvicg 116 / Tourneur p. 198-5 / Le Guern 120 / Lafuma 129 / Sellier 162

 

 

 

[Métier.] Pensées.

 

Tout est un, tout est divers. Que de natures en celle de l’homme. Que de vacations, et par quel hasard. Chacun prend d’ordinaire ce qu’il a ouï estimer.

Talon bien tourné.

 

 

 

La formule initiale Tout est un, tout est divers, explique que le fragment soit intégré à la liasse Contrariétés. Elle constitue une contradiction au sens strict : il n’est en principe pas possible que tout soit à la fois un et divers, puisque ces deux attributs sont contraires l’un à l’autre (Voir la présentation d’ensemble de la liasse Contrariétés). Le thème de l’inconstance humaine est ici repris dans une perspective nouvelle.

 

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Fragments connexes

 

Vanité 22 (Laf. 35, Sel. 69). Talon de soulier.

Misère 12 (Laf. 63, Sel. 97). La gloire.

L’admiration gâte tout dès l’enfance. Ô que cela est bien dit ! ô qu’il a bien fait, qu’il est sage, etc.

(Le talon de soulier).

Misère 14 (Laf. 65, Sel. 99). Diversité. La théologie est une science, mais en même temps combien est‑ce de sciences ? Un homme est un suppôt, mais si on l’anatomise, que sera‑ce ? la tête, le cœur, l’estomac, les veines, chaque veine, chaque portion de veine, le sang, chaque humeur du sang ? Une ville, une campagne, de loin c’est une ville et une campagne, mais à mesure qu’on s’approche, ce sont des maisons, des arbres, des tuiles, des feuilles, des herbes, des fourmis, des jambes de fourmis, à l’infini. Tout cela s’enveloppe sous le nom de campagne.

Contrariétés 7 (Laf. 124, Sel. 157). L’homme est naturellement crédule, incrédule, timide, téméraire.

Pensées diverses (Laf. 558, Sel. 465). La diversité est si ample que tous les tons de voix, tous les marchers, toussers, mouchers, éternuements...

Pensées diverses (Laf. 634, Sel. 527). La chose la plus importante à toute la vie est le choix du métier, le hasard en dispose.

La coutume fait les maçons, soldats, couvreurs. C’est un excellent couvreur, dit-on, et en parlant des soldats : ils sont bien fous, dit-on, et les autres au contraire : il n’y a rien de grand que la guerre, le reste des hommes sont des coquins. À force d’ouïr louer en l’enfance ces métiers et mépriser tous les autres on choisit. Car naturellement on aime la vertu et on hait la folie ; ces mots mêmes décideront ; on ne pèche qu’en l’application.

 

Mots-clés : DiversitéEstimeHasardHommeMétierNatureTalonUnitéVacation.