Glossaire

 

U.

 

Un, Unité.

Les anciens considéraient que l’unité était le principe des nombres entiers, et ne pouvait donc pas être un nombre elle-même. Pascal pense qu’on peut la considérer comme un nombre de même nature que les autres nombres entiers (quoique l’on puisse, lorsque cela permet d’abréger l’énoncé de certaines propositions, l’exclure de l’ensemble de ces nombres). L’unité est la qualité d’être un. Mais le mot signifie aussi qu’un être peut former un corps cohérent et autonome. Voir De l’esprit géométrique.

Voir Morale chrétienne 21 (Laf. 372, Sel. 404), Pensées diverses (Laf. 604, Sel. 501), Contrariétés 12 (Laf. 129, Sel. 162), Pensées diverses (Laf. 567, Sel. 473), Pensées diverses (Laf. 711, Sel. 589) et Preuves par discours I (Laf. 418, Sel. 680).

 

Unir, Union.

Ce qui crée l’unité et constitue un corps, au sens concret comme à l’abstrait.

Voir A P. R. 2 (Laf. 149, Sel. 182), Morale chrétienne 10 (Laf. 360, Sel. 392) et Conclusion 5 (Laf. 381, Sel. 413).

 

Unique.

Qui est seul dans son genre. Les notes de la religion chrétienne permettent de comprendre qu’elle est unique parmi les autres.

Voir Pensées diverses (Laf. 747, Sel. 620), Loi figurative 25 (Laf. 270, Sel. 301), Preuves par les Juifs I (Laf. 451, Sel. 691) et Preuves par Juifs IV (Laf. 454, Sel. 694).

 

Univers.

L’homme est comme un néant à l’égard de l’univers infini, c’est-à-dire comme un point à l’égard d’un espace, si petit soit-il.

Dans Transition 5 (Laf. 200, Sel. 231), l’avantage que l’homme a sur l’univers est purement intellectuel.

Voir aussi Grandeur 9 (Laf. 113, Sel. 145), Contrariétés 14 (Laf. 131, Sel. 164), Transition 3 (Laf. 198, Sel. 229), Transition 4 (Laf. 199, Sel. 230), Preuves par discours II (Laf. 427, Sel. 681) et Preuves par discours III (Laf. 442, Sel. 690).

 

Universalité, Universel.

Voir les nombreux passages sur l’universel que fournit La logique ou l’art de penser, d’Arnauld et Nicole, éd. D. Descotes, Paris, Champion, 2014, index, p. 767 ; voir notamment I, ch. VI, p. 135 sq.

Voir Misère 7 (Laf. 58, Sel. 92), Pensées diverses (Laf. 720, Sel. 598), Ordre 1 (Laf. 1, Sel. 37), verso de Transition 2 (Laf. 195, Sel. 228), Religion aimable 1 (Laf. 221, Sel. 254), etc.

 

Univoque.

Qualifie un terme qui est attaché à un sens et un seul. Les définitions de nom, selon l’opuscule De l’esprit géométrique, doivent être univoques, notamment dans les sciences. L’Écriture sainte comporte de nombreux termes équivoques, un mot ordinairement entendu en sens charnel renvoyant à un sens spirituel ; mais Pascal soutient que ce second sens est toujours découvert par le contexte. Selon les Provinciales en revanche les discours des casuistes sont très souvent équivoques, en vue de faire admettre des maximes de morale relâchée.

Voir Prophéties VIII (Laf. 502, Sel. 738).

 

Usage.

L’un des mots clés de l’œuvre de Pascal. On le trouve dans le Traité du triangle arithmétique, dont Pascal montre des applications nouvelles, dans la Prière pour demander à Dieu le bon usage des maladies, les Pensées dans la liasse Soumission et usage de la raison et dans l’Avis composé pour expliquer l’usage de la machine arithmétique (quoique le titre d’Usage de la machine, mode d’emploi que porte un manuscrit tardif relatif à la Pascaline, ne soit pas de Blaise Pascal). Voir les termes d’uti et de frui, qui permettent de remonter à l’une des sources du sens de ce terme.

Voir Soumission 1 (Laf. 167, Sel. 199) et Géométrie-Finesse II (Laf. 512, Sel. 670).

 

Usure.

Prêt à intérêt (sans nécessairement comprendre l’idée que les bénéfices en sont excessifs). Voir l’article Intérêt du Dictionnaire du Grand Siècle de F. Bluche, p. 766. Le prêt à intérêt est en principe interdit par l’Église. Mais le développement des affaires et du commerce a entraîné la recherche d’échappatoires sous des formes diverses. Pascal aurait composé un traité sur l’usure, où il l’autorisait sous certaines conditions. Les Provinciales s’en prennent à l’usure lorsqu’elle dissimule des procédés malhonnêtes.

Voir Pensées diverses (Laf. 722, Sel. 604).

 

Usurpation, Usurpateur.

Chinard Gilbert, En lisant Pascal, p. 85, étudie l’emploi du mot usurpation. Le mot enferme un souvenir du sens latin, prendre possession par l’usage, qui n’est devenu qu’ensuite, chez les juristes seuls, prendre possession contrairement à la loi. Usurpation doit donc être pris au sens de possession fondée sur le fait. Usurper signifie quelquefois employer, en matière de mots et de phrases.

Voir Misère 9 (Laf. 60, Sel. 94), Misère 13 (Laf. 64, Sel. 98) et Pensées diverses (Laf. 793, Sel. 646).

 

Utilité, Utile.

Dans le domaine des moyens, l’utilité est le contraire de la vanité. L’art de persuader doit, selon Pascal, viser à l’utilité, c’est-à-dire à la conviction effective de l’auditeur, faute de quoi il n’est que le produit de la manie de parler.

Voir Pensées diverses (Laf. 701, Sel. 579) et Preuves par discours II (Laf. 427, Sel. 681).