Dossier thématique : Les enfants de Port-Royal et les Petites Écoles

 

 

L’étude la plus complète sur les Écoles de Port-Royal est actuellement le livre de Frédéric Delforge, Les petites écoles de Port-Royal, 1637-1660, Paris, Cerf, 1985. Voir aussi l’article Petites écoles du Dictionnaire du grand siècle de F. Bluche (dir.), p. 1189-1190.

Voir dans Nicole Pierre, Continuation des Essais de morale, Tome quatorzième, contenant la vie de M. Nicole et l’histoire de ses ouvrages, Première partie, chapitre III, A Luxembourg, chez André Chevalier, 1732, p. 18 sq., le résumé de l’histoire des Petites Écoles de Port-Royal.

Les Messieurs de Port-Royal se sont intéressés à la pédagogie ; les « Petites Écoles » se sont d’abord tenues à Port-Royal, puis à partir de 1646 dans une maison du cul-de-sac de Saint-Dominique à Paris. Elles subirent régulièrement les tracasseries de la police, de sorte qu’une partie des élèves dut en 1649 s’installer au presbytère de Magny-les-Hameaux et une autre dans la ferme des Granges. Afin de les rassembler, on construisit en 1651-1652 le bâtiment dans lequel est actuellement installé le Musée des Granges de Port-Royal. Il y eut alors des Petites Écoles dans trois endroits différents, au château des Trous, près de Chevreuse, à celui du Chesnay près de Versailles, et aux Granges. En 1660, la dernière d’entre elles, celle du Chesnay, fut fermée par la police. Ces Petites Écoles n’eurent donc rien de commun avec le puissant réseau des collèges de jésuites. Malgré leur caractère confidentiel, elles ont tenu un rôle capital dans l’histoire de la pédagogie. Les classes étaient peu nombreuses, le maître pouvait y suivre personnellement chaque enfant à qui on essayait de donner l’impression du foyer familial. On y faisait apprendre à lire, non dans des livres en latin, mais dans des livres en français. C’est de cette expérience pédagogique que sont sortis des manuels et des ouvrages dont le retentissement a été sans proportion avec la petite dimension des Écoles : la Grammaire générale et raisonnée, les Nouvelles Méthodes pour apprendre le grec, le latin, l’italien, le Jardin des Racines Grecques, les Nouveaux Éléments de Géométrie et surtout la Logique ou l’art de penser d’Arnauld et Nicole, ainsi que des anthologies comme l’Epigrammatum delectus, recueil d’épigrammes anciens et modernes, précédé d’une dissertation de Nicole sur la vraie et la fausse beauté qui résume l’esthétique de Port-Royal. Parmi les principaux élèves des Petites Écoles, on peut mentionner les frères Thomas du Fossé, Le Nain de Tillemont, Étienne Périer, et surtout Jean Racine, dont la grand-mère devenue veuve et la tante étaient religieuses. Parmi les maîtres, on compte Antoine Le Maître, Lancelot, Nicole, Jean Hamon, Pierre Coustel, Antoine Arnauld, et sans doute Pascal.

Les religieuses éduquaient aussi des filles. Jacqueline Pascal a composé un Règlement pour les enfants, dont le texte est donné dans OC III, éd. J. Mesnard, p. 1135 sq. Il n’y est pas question de la paresse, mais la densité de l’emploi du temps montre que Jacqueline a constamment en vue la correction de ce défaut.

Touboul Patricia, “La sévérité comme instrument de la charité : l’exemple de l’éducation des filles dans le Règlement pour les enfants de Jacqueline Pascal”, in L’abbaye de Port-Royal des Champs, VIIIe centenaire, Chroniques de Port-Royal, Paris, Bibliothèque Mazarine, 2005, p. 109-124.