Fragment joint à C1 – Papier original : C1 p. 154

Éditions modernes : Brunschvicg 624 (note 3) / Lafuma 292 (note) / Mesnard (Textes inédits p. 29) / Le Guern 278 bis / Sellier 741

 

 

 

Car, quoiqu’il y eût environ deux mille ans qu’elles avaient été faites, le peu de générations qui s’étaient passées faisait qu’elles étaient aussi nouvelles aux hommes qui étaient en ce temps‑là que nous le sont à présent celles qui sont arrivées il y a environ trois cents ans. Cela vient de la longueur de la vie des premiers hommes. En sorte que Sem, qui a vu Lamech, etc.

 

 

Cette preuve suffit pour convaincre les personnes raisonnables de la vérité du Déluge et de la Création. Et cela fait voir la Providence de Dieu, lequel, voyant que la Création commençait à s’éloigner, a pourvu d’un historien qu’on peut appeler contemporain et a commis tout un peuple pour la garde de son Livre.

 

 

Et ce qui est encore admirable, c’est que ce Livre a été embrassé unanimement et sans aucune contradiction, non seulement par tout le peuple juif, mais aussi par tous les rois et tous les peuples de la terre qui l’ont reçu avec un respect et une vénération toute particulière.

 

 

 

Ce texte fait converger plusieurs arguments partiels esquissés en différents endroits, notamment dans la liasse Preuves de Moïse. Se suivent ici le résumé de la théorie de la transmission héréditaire, l’idée formulée dans Preuves de Moïse 6, que Moïse a pu recueillir l’histoire des tout premiers temps comme s’il en avait été contemporain (Preuves de Moïse 3), et l’accueil de la Révélation. L’appel à l’approbation des « personnes raisonnables » se trouve déjà dans Preuves de Moïse 6.

 

Analyse détaillée...

Fragments connexes

 

Preuves de Moïse 1 (Laf. 290, Sel 322). La longueur de la vie des patriarches, au lieu de faire que les histoires des choses passées se perdissent, servait au contraire à les conserver. Car ce qui fait que l’on n’est pas quelquefois assez instruit dans l’histoire de ses ancêtres c’est que l’on n’a jamais guère vécu avec eux, et qu’ils sont morts souvent devant que l’on eût atteint l’âge de raison. Or, lorsque les hommes vivaient si longtemps, les enfants vivaient longtemps avec leurs pères. Ils les entretenaient longtemps. Or de quoi les eussent‑ils entretenus, sinon de l’histoire de leurs ancêtres, puisque toute l’histoire était réduite à celle‑là, qu’ils n’avaient point d’études, ni de sciences, ni d’arts, qui occupent une grande partie des discours de la vie ? Aussi l’on voit qu’en ce temps les peuples avaient un soin particulier de conserver leurs généalogies.

Preuves de Moïse 3 (Laf. 292, Sel. 324). Pourquoi Moïse va-t-il faire la vie des hommes si longue et si peu de générations.

Car ce n’est pas la longueur des années mais la multitude des générations qui rendent les choses obscures.

Car la vérité ne s’altère que par le changement des hommes.

Et cependant il met deux choses les plus mémorables qui se soient jamais imaginées, savoir la création et le déluge si proches qu’on y touche.

Preuves de Moïse 6 (Laf. 296, Sel. 327). Sem qui a vu Lamech qui a vu Adam a vu aussi Jacob qui a vu ceux qui ont vu Moïse : donc le déluge et la création sont vrais. Cela conclut entre de certaines gens qui l’entendent bien.