Dossier thématique : Le Livre de Job

 

Job

 

Sur la date de rédaction du Livre de Job, voir Cazelles Henri, Introduction à la Bible, tome 2, Introduction critique à l’Ancien Testament, p. 596 sq.

Voir Cazelles Henri, Op. cit., p. 598. L’auteur ne dit pas son nom. On suppose que c’est un érudit ; certains traits semblent attester une dépendance égyptienne, mais sans aucune assurance.

Sur l’auteur du Livre de Job, voir la Préface de Sacy au livre de Job : « on ne peut rien assurer sans témérité sur ce sujet » ; voir aussi la notice de la Bible, éd. Sellier, Bouquins, p. 617 sq. L’auteur du livre est inconnu ; on a pensé que c’était peut-être Job lui-même. Job aurait écrit dans sa langue et aurait été traduit en hébreu par Moïse. D’autres Juifs ont cru que l’ouvrage avait été composé par l’un des prophètes. Sacy se débarrasse de ces discussions en disant qu’il suffit de savoir que c’est l’Esprit Saint qui en est l’auteur véritable du Livre.

Selon le Talmud, les sages se demandent si Job a vraiment existé ; suivant certains d’entre eux, Job aurait vécu à l’époque d’Abraham et le livre aurait été composé par Moïse. D’autres plus nombreux pensent qu’il vivait à l’époque de Moïse, ou qu’il revenait de l’exil de Babylone ; d’autres enfin le situent à l’époque des Juges ou encore d’Assuérus. Une autre thèse veut que Job n’ait jamais existé, de sorte que l’ensemble du livre serait à considérer comme une parabole sur la souffrance du juste, la rétribution et le châtiment. Voir ce qu’en dit Leduc-Fayette Denise, Pascal et le mystère du mal. La clef de Job, Paris, Cerf, 1996, p. 37 sq. Le mystère de Job. Job est-il un personnage mythique ? p. 37 sq. Port-Royal le considère comme un personnage historique. Sacy s’indigne que certains rabbins aient présenté Job comme une « fiction poétique » proposée par Moïse aux Hébreux éprouvés pendant leur traversée du désert.

Une autre discussion rabbinique porte sur la question de savoir si Job est juif ou non. Voir Pensées, éd. Havet, t. 2, Delagrave, 1866, p. 169. Job, selon la Bible, était de la terre de Hus, que la tradition place en Arabie. L’Appendice des Septante situe cette terre sur les confins de l’Idumée (c’est-à-dire le pas d’Edom) et de l’Arabie (Cazelles Henri, Op. cit., p. 599), c’est-à-dire entre la Mer Morte au nord, et la Mer Rouge au sud. La Bible considère donc Job comme d’origine arabe.

Pour Pascal, le fait que Job est païen ne semble pas faire de doute ; voir Laf. 811, Sel. 658. Les deux plus anciens livres du monde sont Moïse et Job, l’un juif, l’autre païen, qui tous deux regardent Jésus‑Christ comme leur centre commun et leur objet ; Moïse en rapportant les promesses de Dieu à Abraham, Jacob, etc., et ses prophéties ; et Job ; Quis mihi det ut, etc. - Scio enim quod Redemptor meus vivit, etc. Voir sur ce sujet Ferreyrolles Gérard, “Les païens dans la stratégie argumentative de Pascal”, in Pascal. Religion, Philosophie, Psychanalyse, Revue philosophique de la France et de l’étranger, n° 1, janv.-mars 2002, p. 21-40.

 

Le Livre de Job

 

Dictionnaire encyclopédique du judaïsme, Paris, Cerf, 1993, article Job, livre de, p. 578 sq. Troisième livre de la section de Hagiographes de la Bible hébraïque. Le livre se présente sous la forme d’un dialogue poétique inclus dans un ensemble rédigé en prose, qui explore, sans le résoudre, le mystère de la justice et s’interroge sur le sens de la souffrance humaine. Job représente le juste exemplaire craignant Dieu, Job le patient, ou comme celui du blasphémateur, Job l’impatient. Actuellement, l’exégèse voit en Job un poème. Peut-être une « histoire de Job », personnage censé avoir vécu aux confins de l’Arabie et du pays d’Edom, au sud de la Mer Morte ou au nord de l’Arabie, a-t-elle servi de point de départ à la composition.

Sur la structure du Livre de Job, voir Cazelles Henri, Op. cit., p. 582. Sur la genèse et les traces de remaniement, voir p. 582 sq. Elle aurait revêtu la forme d’accroissements successifs. L’auteur poétique aurait trouvé un livret populaire, dont la substance ne devait guère dépasser la partie en prose de l’actuel livre ; il a sans doute introduit les amis de Job et composé le dialogue poétique et le discours de Dieu et le dénouement. Un auteur, le même ou un autre, aurait ensuite ajouté le discours de Elihu. La Bible de Jérusalem, p. 649-650, fournit une étude critique des couches du texte.

L’unité du livre de Job est d’ordre doctrinal ; il traite du problème de la souffrance du juste, affronté à la prospérité de l’impie. Voir sur cette unité les remarques de Cazelles Henri, Op. cit., p. 584 sq., qui remarque que le problème de la souffrance du juste est un thème commun des littératures anciennes. On trouve en Égypte et en Mésopotamie des textes qui expriment les mêmes propos que Job.

Voir la notice de la Bible, éd. Sellier, Bouquins, p. 617 sq. Port-Royal a vu dans Job une figure de la « patience » du Christ, de sa confiance lors de la Passion, mais aussi un exemple pour tout chrétien, toute vie comportant des épreuves. La Bible de Sacy explique ; « Job, couvert d’ulcères et de vers, et couché sur son fumier, est devenu à toute la terre un plus grand objet de vénération, que Salomon même assis sur son trône magnifique et revêtu de sa pourpre. On ne parle plus de ce dernier qu’avec tremblement en considérant sa chute effroyable. Et l’on ne pense au contraire au premier qu’avec une extrême consolation en voyant les avantages que Dieu a tirés de sa victoire pour attirer l’affermissement de tous ses élus ».

 

Job est-il un personnage mythique ?

 

Voir Leduc-Fayette Denise, Pascal et le mystère du mal. La clef de Job, Paris, Cerf, 1996, p. 37 sq. Port-Royal le considère comme un personnage historique ; p. 38. Mais Job est aussi considéré comme une allégorie du juste inculpabilis, dans la perspective de l’exégèse telle que la pratique Pascal ; p. 53. Job est celui des hommes qui a le mieux parlé de la misère humaine, parce qu’il en a eu l’expérience. Chez Pascal, ce nom est une « référence codée », un « motif cheville » ; p. 113 sq.

L’histoire se situe vraisemblablement vers 450 avant Jésus-Christ. Voir les remarques chronologiques de la Bible de Jérusalem, p. 650. À cette époque, la rétribution des bons et des méchants est déjà considérée comme affectant chaque individu, et non plus comme s’étendant à la collectivité. Dans l’Ancien Testament, la rétribution du bien et du mal, conçue d’abord comme collective, puis comme individuelle. Le problème est alors de savoir comment un Dieu bon et juste peut affliger de malheurs et d’atroces souffrances le juste Job ; si chacun doit être traité selon ses œuvres, comment est-il concevable qu’un juste puisse souffrir ?

Le problème se pose de manière d’autant plus aiguë que la compensation du bien et du mal n’est pas conçue comme une récompense ou une punition dans l’au-delà. L’idée d’une autre vie avec Dieu ne pointe alors que très obscurément dans certains Psaumes, et ne s’affirmera clairement qu’au IIe siècle. Comme beaucoup de peuples, Israël se représente la survie des morts comme une existence larvaire, sans valeur et sans joie, où se perd tout rapport avec Dieu, au Shéol, sous la terre. La rétribution se situe jusqu’aux derniers siècles du judaïsme dans une perspective terrestre et dans le cadre de sanctions de caractère temporel.

Les justes attendent donc de Dieu le bonheur dès cette vie. Plusieurs solutions au scandale du mal sont proposées dans le livre, toutes insuffisantes. La conclusion du livre est que l’homme doit persister dans la foi même alors que son esprit ne reçoit pas d’apaisement dans ses interrogations. À cette étape de la Révélation, l’auteur du Livre de Job ne pouvait aller plus loin pour éclairer le mystère de la douleur innocente, il fallait avoir l’assurance des sanctions d’outre-tombe et connaître la valeur des souffrances humaines unis à celles du Christ. Voir les réponses apportées par Rom. VIII, 18 et Col. I, 24.

Sellier Philippe, La Bible expliquée à ceux qui ne l’ont pas encore lue, Paris, Seuil, 2007, p. 142 sq. Fortune littéraire de la figure de Job après Pascal jusqu’à nos jours.

 

Pour approfondir…

 

Voir dans Leduc-Fayette Denise, Pascal et le mystère du mal. La clef de Job, p. 382, un Index des références à Job dans l’œuvre de Pascal. 

 

Pensées

 

Dossier de travail (Laf. 403, Sel. 22). Misère. Salomon et Job ont le mieux connu et le mieux parlé de la misère de l’homme, l’un le plus heureux et l’autre le plus malheureux. L’un connaissant la vanité des plaisirs par expérience, l’autre la réalité des maux.

Misère 18 (Laf. 69, Sel. 103). Misère. Job et Salomon.

Misère 24 (Laf. 74 (éd. l’Intégrale), Sel. 109). Job et Salomon.

Laf. 811, Sel. 658, Les deux plus anciens livres du monde sont Moïse et Job, l’un juif, l’autre païen, qui tous deux regardent Jésus‑Christ comme leur centre commun et leur objet , Moïse en rapportant les promesses de Dieu à Abraham, Jacob, etc., et ses prophéties ; et Job , Quis mihi det ut, etc. - Scio enim quod Redemptor meus vivit, etc. Voir Job, XIX, 23, « Qui m’accordera que mes paroles soient écrites ? qui me donnera qu’elles soient tracées dans un livre ? » ; et 25 , « Car je sais que mon Rédempteur est vivant, et que je ressusciterai de la terre au dernier jour ».

Soumission 18 (Laf. 184, Sel. 215-216). On n’aurait point péché en ne croyant pas J.-C. sans les miracles. Videte an mentiar. Job, VI, 28 , « Mais achevez ce que vous avez commencé, cependant écoutez-moi et voyez si je mens. »

Transition 4 (Laf. 199, Sel. 230), renvoi moins convaincant à Job, V, 9, (Dieu) « qui a fait des choses grandes et impénétrables, des choses miraculeuses, et qui sont sans nombre ».

 

Provinciales (éd. Cognet)

 

Lettre XI, p. 196. « Innocens subsannabit eos » ; Job, XXII, 19, « Les justes les verront périr, et s’en réjouiront ; et l’innocent leur insultera ».

Lettre XI, p. 204, « La vérité de Dieu n’a pas besoin de notre mensonge » ; Job, XIII, 7, « Dieu a-t-il besoin de votre mensonge, ou que vous usiez de déguisements pour le défendre ? »

 

Lettre V à Mlle de Roannez

 

OC III, p. 1039-1040, Job, XXXI, 23, « J’ai toujours craint Dieu comme des flots suspendus au-dessus de moi, et je n’en ai pu supporter le poids » ; et Job, XXVIII, 28, « Ecce timor Domini ipsa est sapientia » (« La souveraine sagesse est de craindre le Seigneur, et la vraie intelligence est de se retirer du mal »).

 

Abrégé de la vie de Jésus-Christ

 

OC III, p. 249 Job, XIV, 15, « La droite ». Référence peu acceptable.

 

Prière pour demander à Dieu le bon usage des maladies

 

OC IV, § IV, p 1001 ; Job, I, 21, « Don ». Mais cette référence n’est pas très convaincante.

OC IV, § VII, p. 1004 ; Job, II, 8, qui assimile implicitement l’auteur de la Prière à Job (II, 7-8) ; « Satan, étant sorti de devant le Seigneur, frappa Job d’une effroyable plaie, depuis la plante des pieds jusqu’à la tête. Et Job, s’étant assis sur un fumier, ôtait avec un morceau d’un pot de terre la pourriture qui sortait de ses ulcères ».

OC IV, § X, p. 1006-1007 ; Job, I, 11 (référence peu convaincante) ; X, 9, « « Souvenez-vous, je vous prie, que vous m’avez fait comme un ouvrage d’argile ; et que dans peu de temps vous me réduirez en poudre » ; et XIII, 21, « Retirez votre main de dessus moi ».

OC IV, § XIII, p. 1010 ; Job, I, 21, rapprochement peu visible.