Dossier thématique : Le miracle de la sainte Épine

 

Reliquaire de la Sainte Épine.

 

Le miracle de la sainte Épine a eu lieu le 24 mars 1656, sur la nièce de Pascal, Marguerite Périer, que l’attouchement d’une épine de la couronne du Christ guérit miraculeusement d’une fistule lacrymale, pour laquelle les médecins n’avaient trouvé d’autre traitement que le fer rouge.

Pascal a toujours pensé que ce miracle accompli dans sa famille était la marque de l’approbation par Dieu de son engagement dans la campagne des Provinciales.

 

Le miracle

 

Le miracle de la sainte Épine s'est produit le 24 mars 1656. La sentence des grands vicaires a été rendue le 22 octobre.

Voir l’article du Dictionnaire de Port-Royal, Le miracle à Port-Royal, p. 811-813, qui propose une bonne synthèse des événements.

24 mars, vers 15 heures. Dans l'église de Port-Royal de Paris, Marguerite Périer, fille de Florin Périer et de Gilberte Pascal, vient adorer et embrasser une Sainte Épine. La jeune fille est atteinte d’une fistule lacrymale devenue grave et invalidante, au point qu’on a dû l’isoler ; les médecins ne voient pour tout remède qu’une opération au fer rouge qui la défigurera infailliblement. La sœur Catherine de Sainte-Flavie Passart lui applique la relique sur l’œil atteint de la fistule lacrymale. Quelques heures plus tard il est redevenu sain et normal. Port-Royal ne se hâte pas de crier au miracle. Une instruction au cours de laquelle des témoins (dont Blaise Pascal) et des médecins permettent d’établir le déroulement des événements et l’état de Marguerite, conduira à la constatation du caractère miraculeux de cette guérison. Ce « miracle de la sainte Épine » attire beaucoup de monde à Port-Royal de Paris, et il a contribué, sinon à sauver Port-Royal, du moins à retarder de plusieurs années la dispersion définitive des religieuses. Mais il déclenchera aussi une polémique avec les jésuites, fort marris de devoir admettre que Dieu a permis que Port-Royal soit le lieu d’un miracle, au moment où ils tentent de taxer les « jansénistes » d’hérésie.

Shiokawa Tetsuya, Pascal et les miracles, Paris, Nizet, 1977, donne une présentation sur le miracle de la Sainte Epine et ses conséquences.

 

Récits contemporains et mémoires

 

Voir la bibliographie établie par Jean Mesnard, dans son édition des Œuvres complètes de Pascal, OC III, p. 809.

On peut aussi recourir à l’édition GEF IV, p. 323-335 et p. 336-353, qui présente le récit du miracle dans les lettres de Jacqueline Pascal à Gilberte Périer, et d’Autres récits du miracle de la sainte Épine.

Baudry de Saint-Gilles D’asson Antoine, Journal d’un solitaire de Port-Royal, éd. Ernst et Lesaulnier, Paris, Nolin, 2008, p. 190. Voir aussi p. 204-206, le récit du miracle. Guérison miraculeuse de la petite Périer, pensionnaire de Port-Royal, notée à la date du lundi 3 avril 1656. Saint-Gilles indique expressément que l'on « n'en fait pas grand bruit en cette sainte maison [...]. Ce qui vient de ce que ce ne sont pas là les plus grandes merveilles qui s'y font, les changements de vie et les vraies conversions y étant bien plus estimées, soit aussi parce qu'il se fait là souvent de semblables miracles dont il y a quelques-uns en ce livre ; mais on ne les publie pas » : p. 171-172. Ce texte se trouve aussi dans OC I, éd. J. Mesnard, p. 476.

Gres-Gayer Jacques M., En Sorbonne, Autour des Provinciales. Édition critique des Mémoires de Beaubrun (1655-1656), Paris, Klincksieck, 1997, p. 721 sq.

Fontaine Nicolas, Mémoires ou histoire des Solitaires de Port-Royal, éd. Pascale Thouvenin, Paris, Honoré Champion, 2001, p. 657-661.

Hermant Godefroi, Mémoires de Godefroi Hermant (...) sur l’Histoire ecclésiastique du XVIIe siècle (1630-1663), t. III (1656-1657), Ch. XXI, M. Du Saussay fait la visite de Port-Royal, à charge d’informer du miracle de la sainte Épine. Histoire de cette guérison miraculeuse, éd. A. Gazier, Paris, Plon, 1906, p. 72-77.

Racine Jean, Abrégé de l’histoire de Port-Royal, éd. J. Lesaulnier, Paris, Champion, 2012, p. 150-159. La relique est arrivée à Port-Royal le 24 mars 1656, vendredi de la 3e semaine de Carême. Récit des événements de la journée.

Recueil de plusieurs pièces pour servir à  l’histoire de Port-Royal, Utrecht, Aux dépens de la Compagnie, 1740, p. 282-288.

Besoigne Jérôme, Histoire de l’abbaye de Port-Royal, Première partie, Histoire des religieuses, Miracles opérés par la sainte Épine de P. R., tome premier, Cologne, Aux dépens de la Compagnie, 1752, p. 364-367.

Clémencet dom Charles, Histoire générale de Port-Royal depuis la réforme de l'abbaye jusqu'à son entière destruction, tome III, Première partie, Livre IX, Amsterdam, Van Duren, 1756, p. 367-404. Récit accompagné de citation de textes.

Nicole Pierre-Wendrock, Note III à la XVIe Provinciale, Récit abrégé des miracles faits par la Sainte Épine dans le Monastère des Religieuses de Port-Royal de Paris, t. 2, éd. de 1700, p. 423-430. Le texte latin se trouve dans les Ludovici Montaltii Litterae Provinciales, Cologne, N. Schouten, 1658, p. 447-450, sous le titre Brevis narratio miraculorum quae pervivificam spinam in Portus Regii monasterio Parisiis edita sunt, et dans l’édition de 1679, p. 488-492. Nicole reprend le texte de Pascal pour introduire l'abrégé de l'histoire des miracles opérés à Port-Royal par la Sainte Épine.

« Il n’y a rien de plus éloquent dans toute cette lettre de Montalte que cet endroit : Cruels et lâches persécuteurs, faut-il donc que les cloîtres les plus retirés ne soient pas des asiles contre vos calomnies. Pendant que ces saintes Vierges adorent nuit et jour Jésus-Christ au Saint Sacrement, selon leur institution, vous ne cessez jour et nuit de publier qu’elles ne croient pas qu’il soit ni dans l’Eucharistie ni même à la droite de son Père, et vous les retranchez publiquement de l’Église, pendant qu’elles prient dans le secret pour vous et pour toute l’Église. Vous calomniez celles qui n’ont point d’oreilles pour vous entendre, ni de bouche pour vous répondre. Mais Jésus-Christ en qui elles sont cachées, pour ne paraître qu’un jour avec lui, vous écoute et répond pour elles. On entend aujourd’hui cette voix sainte et terrible, qui étonne la nature et qui console l’Église. Et je crains mes Pères que ceux qui endurcissent leurs cœurs et qui refusent avec opiniâtreté de l’ouïr quand il parle en Dieu, ne soient forcés de l’ouïr avec effroi quand il leur parlera en juge.

Pour faire comprendre toute la beauté et la force de ces paroles, à ceux de ma nation qui ne sont pas instruits de ce qui s’est passé en France, il est nécessaire d’expliquer ici ce que c’est que cette voix sainte et terrible qui étonne la nature et qui console l’Église. C’est ce que je vais faire en peu de mots en rapportant les miracles éclatants qu’il a plu à Dieu d’opérer depuis quelques années en faveur d’un monastère innocent et opprimé cruellement par les calomnies des jésuites. Mon dessein est aussi d’en rendre la vérité tellement publique par l’impression qui se fera de ces notes, que les Jésuites qui sont répandus partout, et qui sèment leurs calomnies partout, trouvent aussi partout des personnes qui soient en état de s’opposer à leurs impostures.

Il y a longtemps que les jésuites persécutent par toutes sortes de moyens le monastère de Port-Royal. Leur haine contre cette maison vient de différentes causes, mais les principales sont que la Mère Angélique et la Mère Agnès sœurs de M. Arnauld l’ont gouverné longtemps ; que quatre autres de ses sœurs, sa mère et six de ses nièces filles du célèbre M. d’Andilly son frère, y ont pris le voile ; enfin que M. Arnauld lui-même y a exercé longtemps les fonctions de prêtre et de confesseur, ayant trouvé dans ce lieu une retraite très propre à ses études. Les Jésuites ne cessaient donc depuis plusieurs années de chercher de nouveaux moyens pour perdre une maison qu’ils avaient tant de raisons de haïr. Peu s’en fallut qu’ils ne vinssent à bout de leur dessein en 1656 par la tempête qu’ils excitèrent alors contre ce monastère. Comme la cupidité et la haine ne connaissent point de bornes, tous les maux qu’ils lui avaient déjà fait souffrir, ne servaient qu’à animer davantage leur passion. Leur principal dessein était d’en faire sortir un grand nombre de pensionnaires qu’on y élevait, parmi lesquelles il y en avait plusieurs d’une naissance distinguée.

On voyait donc l’orage s’augmenter de jour en jour : on n’entendait que menaces d’une ruine prochaine. Les religieuses en cet état près de se voir enlever par la malignité de leurs ennemis leurs chères élèves, et n’ayant aucune espérance du côté des hommes ne perdent point de ferme confiance qu’elles avaient en Dieu. Elles ne furent point confondues dans leur attente. Dieu qui se plaît quelquefois à secourir d’une manière toute extraordinaire ses serviteurs accablés sous l’injustice des hommes, donna à cette maison affligée une marque admirable de sa protection.

Elles avaient parmi leurs pensionnaires une jeune Demoiselle nommée Marguerite Périer, qui depuis trois ans et demi était dangereusement malade d’une aegilops ou fistule lacrymale. Les plus fameux chirurgiens de Paris avaient inutilement employé tout leur art pour la guérir : la malignité du mal l’emportait sur l’habileté des médecins. La matière sanieuse avait déjà carié l’os du nez, et le pus qui sortait de son œil s’était percé un passage au travers du palais : en sorte qu’une partie découlait sur le visage, et l’autre partie se déchargeait dans la gorge. Cette fille était devenue par là si affreuse qu’elle faisait horreur à tout le monde, et l’infection de son mal était si grande que les moins délicats avaient bien de la peine à la supporter. Les chirurgiens étaient donc près d’y appliquer les derniers remèdes, et on était résolu d’y mettre le feu. On avait déjà mandé son père pour être présent à ce triste spectacle, lorsque Dieu par un prodige surprenant délivra tout d’un coup cette jeune fille de cette maladie, et toute sa famille de la crainte où elle était de la perdre.

Il y a à Paris un excellent prêtre nommé M. de la Poterie également illustre par sa naissance et sa piété. La vénération singulière qu’il a pour les reliques des saints, l’a porté en amasser un si grand nombre des plus approuvées dans sa chapelle, qu’il n’y a point de particulier dans toute l’Europe qui en ait autant que lui. Il avait eu depuis peu une épine de la couronne de notre Seigneur. Plusieurs monastères de filles de Paris avaient obtenu de lui qu’il la leur envoyât pour l’honorer et lui rendre leurs respects. Les religieuses de Port-Royal l’ayant appris, et étant touchées des mêmes sentiments de piété, elles le prièrent de leur faire la même grâce : ce qu’il leur accorda. Elles reçurent cette précieuse relique le vendredi 24 mars de l’année 1656. Elles l’exposèrent aussitôt à la vénération de toute leur maison, et les Religieuses allèrent toutes la baiser chacune en son rang. Mademoiselle Périer s’étant approchée à son tour, la religieuse qui en avait soin jeta par hasard les yeux sur elle, et l’ayant trouvée plus horrible et plus défigurée qu’à l’ordinaire, elle se sentit touchée de compassion, et lui dit de faire toucher son œil à la sainte Épine. Cette fille obéit sans songer à autre chose qu’à faire ce qu’on lui disait. Mais ce qui parait incroyable, dans ce moment même elle fut entièrement guérie. Le trou que cet ulcère avait fait à son palais fut aussitôt refermé : l’os qui était carié fut rétabli en son premier état. Enfin il ne resta pas la moindre marque d’un mal qui était si affreux. On fit venir peu de temps après les médecins et les chirurgiens qui l’avaient vue pendant sa maladie. À peine croyaient-ils ce qu’ils voient (à peine pouvaient-ils reconnaître la malade d’avec les autres pensionnaires) tant la guérison était parfaite et entière.

Les médecins et les chirurgiens touchés d’une si grande merveille que les religieuses tenaient secrète, se crurent obligés de la divulguer. Le bruit s’en répandit aussitôt dans tout Paris, et on vit tout le monde accourir en foule à ce monastère pour y honorer cette sainte Épine. J’étais pour lors à Paris, et comme je m’appliquais quelquefois aux mathématiques pour me délasser d’autres études plus sérieuses, j’avais fait une grande liaison avec M. Pascal, dont tous les mathématiciens de l’Europe connaissent l’habileté en ce genre de science. Il était oncle de cette demoiselle et témoin irréprochable de ce miracle. J’allai comme les autres à Port-Royal, et je demandai à voir cette fille ; étant bien aise, si je m’en étais rapporté pour sa maladie au témoignage de M. Pascal, qui était un homme digne de toute créance, et à celui des médecins et des chirurgiens, de ne m’en rapporter qu’à moi-même pour sa guérison. Enfin pour ne laisser aucun lieu au doute, l’autorité de l’Église acheva de confirmer ce miracle. Il fut examiné avec toute l’exactitude possible par les grands vicaires de M. l’archevêque de Paris assistés de plusieurs docteurs de Sorbonne. Ils décarrèrent par leur sentence du 22 octobre 1656 de l’avis de ces docteurs que cette guérison était très certainement surnaturelle, et un miracle de la toute puissance de Dieu.

Tout le monde jugea aussitôt que Dieu avait voulu faire connaître par ce prodige, l’injustice des calomnies que les jésuites répandaient contre ce monastère. Car il n’était pas vraisemblable que Dieu choisit particulièrement pour répandre ses bénédictions un lieu où les jésuites publiaient qu’on jetait les fondements d’une nouvelle hérésie. Ainsi malgré ces pères, la violence de la tempête qui était prête à tomber sur cette maison, se calma un peu. Tout Paris alla en foule, et il va encore, à ce que j’entends dire, tous les vendredis en dévotion à ce monastère qui est situé à l’extrémité d’un des faubourgs de la ville. Les Jésuites firent tous leurs efforts pour détourner le peuple de cette dévotion ; ils ne gagnèrent rien : elle augmenta de jour en jour, Dieu faisant connaître combien elle lui était agréable par de nouveaux miracles et de nouvelles guérisons qu’il y opérait. Le savant auteur qui a fait un excellent écrit sur ce miracle en rapporte plusieurs. et depuis que je suis sorti de cette ville, j’ai appris qu’il s’en est fait encore beaucoup d’autres. Et j’en apprends tous les jours de nouveaux, entre lesquels il y en a deux surtout qui sont remarquables : dont l’un après un soigneux examen fut déclaré authentique le 14 décembre 1656 par l’église de Sens, et l’autre par celle de Paris le 29 août 1657.

Mais ce qu’il faut encore plus remarquer c’est que ces derniers miracles sont arrivés depuis la dispute qui s’était élevée au sujet des miracles précédents, depuis la constitution d’Alexandre VII et enfin depuis que plusieurs Auteurs avaient publié hautement par toute la France que la foi des religieuses de Port-Royal était justifiée par ces miracles et les calomnies des jésuites détruites par l’autorité de Dieu même. Car voilà quels furent d’abord les sentiments de presque toute la France, et particulièrement de tout Paris. En vain les jésuites s’efforcèrent de persuader que Dieu permettait quelquefois que les hérétiques fissent des miracles. Les seules lumières de la piété chrétienne imprimées dans le cœur de tous les fidèles, ne permettaient pas de croire que Dieu voulut récompenser par des guérisons miraculeuses la piété des peuples qui venaient visiter cette église, si leur dévotion était aussi aveugle et aussi pernicieuse que les jésuites le voulaient faire croire ; et ce qui est encore plus considérable, que Dieu même autorisât par de nouveaux et de continuels miracles des personnes, qui, selon eux, en abusaient publiquement pour donner du crédit à leurs erreurs.

Les jésuites trouvèrent encore en cela bien moins de créance parmi les plus habiles Théologiens qui soutinrent tous comme un sentiment constant et indubitable que Dieu ne fait jamais des œuvres miraculeuses qui sont visiblement au-delà de toutes les forces de la nature et qui ne peuvent être attribuées qu’à un coup extraordinaire de sa puissance infinie, en des temps et en des circonstances qui puissent porter les hommes, qui en jugent raisonnablement, à entrer, ou à se confirmer dans l’erreur. C’est pourquoi ils furent indignés de voir que les jésuites s’abandonnaient tellement à leurs intimités particulières contre une maison qu’ils haïssaient, que pour la priver de l’avantage qu’elle pouvait tirer des miracles que Dieu y opérait, ils ôtaient à l’Église même un de ses plus glorieux caractères, et prenaient en cela le parti du schisme et de l’hérésie.

Voilà ce que j’ai cru devoir rapporter ici pour la consolation des gens de bien, touchant les miracles singuliers dont Dieu a voulu honorer de nos jours son Église et ce monastère. En quoi je n’avance rien dont je n’aie eu soin de m’informer avec la dernière exactitude. Je n’ai pas jugé que je dusse taire de si grandes choses pour ne point blesser la fausse délicatesse de certaines gens que le seul nom de miracle choque. Je veux bien les avertir ici qu’au lieu de blâmer la crédulité des autres, ils devraient quitter eux-mêmes cet éloignement qu’ils ont à croire les miracles les plus certains : éloignement qui vient plutôt d’une vaine ostentation d’esprit fort, que de la solidité de leur jugement. Car recevoir aveuglément tous les récits fabuleux de miracles, et rejeter avec opiniâtreté ceux qui sont confirmés par des témoins sûrs et dignes de foi, ce sont à la vérité deux défauts opposés, mais qui sont également grands. L’un est une preuve de légèreté et l’autre une marque d’impiété. J’ai tâché d’éviter le premier, et je ne me suis pas rendu imprudemment à de simples bruits : c’est aux lecteurs à éviter le dernier et à prendre garde de douter de la toute puissance de Dieu, de s’imaginer que son bras soit raccourci dans ces derniers temps, et de vouloir mesurer sa force toute divine sur la faiblesse de l’homme. »

Gres-Gayer Jacques M., En Sorbonne, Autour des Provinciales. Édition critique des Mémoires de Beaubrun (1655-1656), Paris, Klincksieck, 1997, p. 721 sq. Beaubrun rapporte les événements d’après un opuscule de Lemaître, Réponse à un écrit intitulé Observations sur ce qui s’est passé au Port-Royal au sujet de la Sainte Épine.

Les Mémoires du P. Rapin sont muets sur le miracle et les contestations qui s’ensuivirent.

 

Le dossier d’information et de vérification sur le miracle de la sainte Épine

 

Tout le dossier des pièces relatives au miracle de la Sainte Épine a été publié avec une note dans OC III, éd. J. Mesnard, p. 891 sq.

OC III, éd. J. Mesnard, p. 800-815, lettres de Jacqueline Pascal à Gilberte Périer. Voir aussi p. 891 sq., les documents de l’information sur le miracle de la sainte Épine. Voir particulièrement, p. 897 sq., l’interrogatoire de Marguerite Périer, la miraculée.

OC III, éd. J. Mesnard, p. 903, témoignage de Gilbert de Choiseul. Voir p. 904 sq., déposition de Florin Périer. Déposition de Blaise Pascal, p. 907-911. Suivent les dépositions des médecins Dalencé, p. 911-913, Eusèbe Renaudot, p. 913-914, Isaac Renaudot, p. 915-917. Les dépositions du vendredi 9 juin comprennent notamment celles de Jean Hamon, médecin de Port-Royal, de Jacqueline Pascal, p. 923-924, ainsi que la sœur Catherine Passart de Sainte-Flavie, p. 925-928. De nombreuses religieuses et pensionnaires ont aussi fait une déposition.

Voir dans Plazenet Laurence, Port-Royal, Paris, Flammarion, 2012, p. 603 sq., l’Interrogatoire de la sœur Madeleine de Sainte-Christine Briquet, le 13 juin 1664.

Fontaine Nicolas, Mémoires ou histoire des Solitaires de Port-Royal, éd. Pascale Thouvenin, Paris, Honoré Champion, 2001, p. 654-662. Récit de la constatation du miracle par les médecins avant le traitement par le feu et réactions des assistants.

GEF IV, 1914, p. 323-353, Lettres de Jacqueline Pascal à Gilberte Périer.

Arnauld Antoine, Œuvres, XXIII, D’Arnay, Lausanne, p. VI sq., § II. Des écrits publiés à l’occasion des miracles de la sainte Épine. Récit du miracle dans la Réponse aux observations d’Arnauld et Lemaître : p. 10 sq. Voir aussi Arnauld Antoine, Œuvres, XXI, p. II

 

Récits des historiens modernes du jansénisme

 

Gazier Augustin, Histoire générale du mouvement janséniste depuis ses origines jusqu’à nos jours, I, Paris, Champion, 1924, p. 108 sq.

Jasinski René, “Autour de Port-Royal, sur le miracle de la sainte Épine”, À travers le XVIIe siècle, Paris, Nizet, 1981, p. 137-157.

Sainte-Beuve, Port-Royal, Livre III, ch. XI-XII, éd. Maxime Leroy, t. 2, Pléiade, Paris, Gallimard, 1954, p. 176-198.

Shiokawa Tetsuya, Pascal et les miracles, Paris, Nizet, 1977, p. 76 sq.

 

Histoire et nature de la relique

 

Voir dans OC III, éd. J. Mesnard, p. 805 sq., les remarques sur la relique de la sainte Épine et son authenticité.

OC III, éd. J. Mesnard, p. 1091 sq. Sur l’image de la sainte Épine. Voir l’iconographie de l’encart p. 1088, qui montre les images anciennes de la sainte Épine. L’histoire de la relique, pour autant qu’on peut la reconstituer, est présentée p. 1094 sq.

Gouhier Henri, Commentaires, p. 133. Sur son reliquaire et son authenticité : p. 133 sq. et 139, n. 51.

Lesaulnier Jean, “Où est passée la Sainte-Épine de Port-Royal de Paris ? Un vol prémédité. Contribution à l’histoire de la relique”. Publications électroniques de Port-Royal, série 2009, section des articles et contributions.

 

Marguerite Périer, la miraculée (6 avril 1646-14 avril 1733)

 

Dictionnaire de Port-Royal, article Marguerite Périer, p. 810.

Jaloustre Élie, “Une nièce de Pascal, Marguerite Périer”, Bulletin historique et scientifique de l’Auvergne, 1901, p. 68-96 et 102-147.

Voir la notice qui lui est consacrée dans le Supplément au Nécrologe de l’abbaye de Notre-Dame de Port-Royal des Champs, ordre de Cîteaux, Première partie, 1735, p. 559-561.

Marguerite Périer est auteur de plusieurs écrits sur l’histoire de sa famille, réunis dans OC I, éd. J. Mesnard, p. 1063-1148, notamment une déclaration de Pascal sur les Provinciales et un Mémoire sur Pascal et sa famille.

Le portrait de Marguerite Périer par François II Quesnel [attribution discutée] est visible à l’église de Linas.

 

Sœur Catherine de Sainte Flavie Passart (1609-1670)

 

Voir l’article sur cette religieuse dans le Dictionnaire de Port-Royal, p. 792-793.

OC I, éd. J. Mesnard, p. 477, le passage du Journal de Saint-Gilles sur la part prise par la sœur Passart dans le miracle.

OC III, éd. J. Mesnard, p. 804 sq. Son rôle dans le miracle de la Sainte Épine : c’est elle qui applique l’épine sur la blessure de Marguerite Périer.

Baudry de Saint-Gilles d’Asson Antoine, Journal d’un solitaire de Port-Royal, éd. Ernst et Lesaulnier, Paris, Nolin, 2008, p. 205. Sa part dans le miracle de la Sainte Épine.

Racine Jean, Abrégé de l’histoire de Port-Royal, éd. J. Lesaulnier, Paris, Champion, 2012, p. 152.

La sœur Passart, qui avait été considérée comme une sainte femme, est apparue comme le "Judas de Port-Royal". Voir sur ce point Gouhier Henri, Blaise Pascal. Commentaires, p. 133 sq. C'était avant la trahison une des plus fermes opposantes à la signature. Mais après son ralliement à Péréfixe sur la signature du Formulaire, elle devient l'objet du mépris des religieuses résistantes.

Orcibal Jean, Port-Royal entre le miracle et l’obéissance. Flavie Passart et Angélique de Saint-Jean Arnauld d’Andilly, Bruges, Desclée de Brouwer, 1957.

 

La réaction des médecins devant la guérison de Marguerite Périer

 

Shiokawa Tetsuya, Pascal et les miracles, p. 93. La réaction de Guy Patin, qui remarque qu’Isaac Renaudot est le médecin ordinaire de Port-Royal de Paris, et Jean Hamon celui des Champs, et que les autres ne valent rien. Voir sa lettre à Charles Spon du 7 novembre 1656, GEF IV, p. 74-75. Dalencé demeure prudent et recommande d’attendre avant de répandre l’événement : p. 94. Les médecins constatent le miracle comme un fait, et la possibilité de ce diagnostic n’est contestée par personne : p. 95-96. Le 14 avril, ils témoignent que la guérison est « tout à fait extraordinaire et miraculeuse ».

Gouhier Henri, Blaise Pascal. Commentaires, p. 138. Le sens du diagnostic de miracle porté par les médecins.

 

Dalencé Martin

 

McKenna Antony et Lesaulnier Jean (dir.), Dictionnaire de Port-Royal, art Dalencé, p. 317.

Gouhier Henri, Blaise Pascal. Commentaires, p. 140 et 143.

Baudry de Saint-Gilles d’Asson Antoine, Journal d’un solitaire de Port-Royal, éd. J. Lesaulnier et P. Ernst, Paris, Nolin, 2008, p. 204-206. Voir dans OC I, éd. J. Mesnard, p. 477 sq. Extrait du Journal de Saint-Gilles.

Arnauld Antoine et Le Maître Antoine, Réponse à un écrit intitulé Observations sur ce qui s’est passé au Port-Royal au sujet de la Sainte Épine, in Arnauld Antoine, Œuvres, XXIII, D’Arnay, Lausanne, p. 12.

Racine Jean, Abrégé de l’histoire de Port-Royal, éd. J. Lesaulnier, Paris, Champion, 151 et 154.

 

Guillart Étienne

 

McKenna Antony et Lesaulnier Jean, Dictionnaire de Port-Royal, art Guillart, p. 494.

Arnauld Antoine et Le Maître Antoine, Réponse à un écrit intitulé Observations sur ce qui s’est passé au Port-Royal au sujet de la Sainte Épine, in Arnauld Antoine, Œuvres, XXIII, p. 12.

 

Charton

 

Arnauld Antoine et Le Maître Antoine, Réponse à un écrit intitulé Observations sur ce qui s’est passé au Port-Royal au sujet de la Sainte Épine, in Arnauld Antoine, Œuvres, XXIII, p. 13.

 

L’état d’esprit à Port-Royal à l’égard des miracles et en particulier celui de la sainte Épine

 

OC III, éd. J. Mesnard, p. 807 sq. La spiritualité de Port-Royal n’est pas encline au merveilleux. Port-Royal s’attache plus à l’intériorité qu’à ce qui éclate extérieurement. Les religieuses comme la mère Agnès ou la mère Angélique ne semblent pas avoir fait preuve d’un grand empressement à l’égard du prêt de la sainte Épine, et après le miracle, la mère Angélique était réticente à l’égard de la publicité qui en était donnée. L’enthousiasme de la sœur Flavie Passart paraît avoir été une réaction individuelle plutôt que collective : p. 808.

Shiokawa Tetsuya, Pascal et les miracles, p. 90 sq. La guérison de Marguerite Périer a d’abord suscité de la circonspection. Les religieuses sont tenues de conserver le silence, malgré l’intérêt que l’événement pouvait susciter. De la même manière, son exploitation en faveur du monastère a aussi rencontré prudence et réticence, surtout avant que le caractère miraculeux de la guérison ne soit confirmé : p. 91-92.

Lettre de Barcos à la mère Agnès du 13 juillet 1656, in Correspondance de Martin de Barcos, abbé de Saint-Cyran, avec les abbesses de Port-Royal et les principaux personnages du groupe janséniste, éd. L. Goldmann, Paris, P. U. F., 1956, p. 247. « J'ai grande compassion de ceux qui sont si misérables que de vouloir obscurcir une si grande lumière », et de penser pouvoir le faire « contre Dieu qui la rend si claire et si éclatante au milieu des ténèbres de la calomnie et de la persécution ».

 

Pascal et le miracle de la sainte Épine

 

Voir le dossier Miracles.

Le Recueil de plusieurs pièces pour servir à  l’histoire de Port-Royal, Utrecht, Aux dépens de la Compagnie, 1740, p. 282-288, apporte des informations dans le Mémoire sur la vie de M. Pascal contenant aussi quelques particularités de celle de ses parents. On en trouve une numérisation de haute qualité dans le site Overnia de la Bibliothèque du Patrimoine de Clermont-Ferrand :

https://www.bibliotheques-clermontmetropole.eu/overnia/.

Ce Mémoire dépend du Recueil Théméricourt, mais OC I, éd. J. Mesnard, p. 970-971, signale un passage du Recueil d’Utrecht qui ne dépend ni de ce Recueil Théméricourt ni des Recueils Guerrier, et qui paraît significatif de l’état d’esprit de Pascal à cette époque. Pascal, qui demeura « longtemps dans l’admiration » du miracle, s’attendait à une manifestation miraculeuse bien avant la guérison de sa nièce : à un libertin qui lui faisait des objections là-dessus, « M. Pascal répondit sans hésiter qu’il croyait les miracles nécessaires et qu’il ne doutait point que Dieu n’en fît incessamment ».

Shiokawa Tetsuya, Pascal et les miracles, Paris, Nizet, 1977, p. 119 sq. Pascal est l’un des rares témoins qui ont assisté au commencement et à l’évolution de la maladie, jusqu’au dénouement : p. 120. Ce qui lui a permis de conclure au miracle : non sa conception de la nature, p. 121 sq., mais ces considérations d’ordre religieux : p. 122. Pascal croyait les miracles nécessaires et s’attendait à ce que Dieu en fasse un : p. 122.

À quoi Pascal destinait-il les dossiers qu’il a consacrés aux miracles ?

Gouhier Henri, Blaise Pascal. Commentaires, Seconde édition, p. 149 sq. Y a-t-il eu un projet de Provinciale sur les miracles ? Lorsque les jésuites refusent de lire le miracle comme une approbation surnaturelle de Port-Royal, la polémique provoque chez Pascal une réflexion sur le cas particulier de ce miracle, réflexion qui va s’étendre à la question classique en apologétique de la manière d’établir l’authenticité et la signification des miracles : p. 150. Les documents qui confirment le témoignage de Gilberte sur ce sujet : p. 150 sq. La dix-huitième Provinciale porte la date du 24 mars 1657, comme si Pascal avait voulu marquer l’anniversaire du jour de la guérison de sa nièce. Une polémique a lieu sur le miracle avec les jésuites : p. 151. D’autre part, dans les Pensées, les dossiers Lafuma XXXI, XXXII et XXXIII mêlent ce qui touche les Provinciales avec des éléments d’un projet sur les miracles. La collaboration de Pascal à la polémique qui suit le Rabat-joie des jansénistes du P. Annat : p. 151 sq. À la date du 23 août 1656, Saint-Gilles note dans son journal que le Rabat-joie ne restera pas sans réponse, qu’Arnauld et Nicole travaillent à une première réponse, et Le Maître à une seconde : p. 154. Des guérisons miraculeuses se succèdent en grand nombre : p. 154. Sur le passage de la XVIe Provinciale qui mentionne le miracle de la Sainte Épine : p. 155. Le développement et la conjonction des disputes sur les miracles et des Provinciales dans la XVIe Provinciale, adressée au P. Annat après la publication de La bonne foi des jansénistes : p. 155. Problème de savoir si, à cette époque, Pascal écrit seulement les Provinciales : p. 157. Deux notes sur les miracles commencent par l’expression « Mes Pères », qui suppose que Pascal écrit peut-être une Provinciale sur ce sujet : p. 161. Au printemps et au cours de l’été 1657, Pascal pense à un écrit sur les miracles : p. 162. Étude dans cette perspective des séries de l’édition Lafuma consacrées aux miracles : p. 163 sq. Pascal commence par s’adresser aux jésuites, et progressivement il étend l’auditoire aux libertins : p. 166.

Tetsuya Shiokawa, Pascal et les miracles, a retracé l’évolution qui a conduit Pascal d’un projet d’écrit sur le miracle de la sainte Épine à une réflexion sur la valeur apologétique des miracles en général, puis à l’abandon de l’argument apologétique des miracles au profit de la preuve par les prophéties.

Certains fragments sur les miracles concernent visiblement celui qui a eu lieu en Marguerite Périer.

Miracles III (Laf. 859, Sel. 438). Injustes persécuteurs de ceux que Dieu protège visiblement.

Miracles II (Laf. 854, Sel. 434). Si vous ne croyez en moi croyez au moins aux miracles. Il les renvoie comme au plus fort. Il avait été dit aux Juifs aussi bien qu'aux chrétiens qu'ils ne crussent pas toujours les prophètes ; mais néanmoins les pharisiens et les scribes font grand état de ses miracles, et essayant de montrer qu'ils sont faux ou faits par le diable, étant nécessités d'être convaincus s'ils reconnaissent qu'ils sont de Dieu.

Nous ne sommes point aujourd'hui dans la peine de faire ce discernement ; il est pourtant bien facile à faire. Ceux qui ne nient ni Dieu, ni Jésus-Christ ne font point de miracles qui ne soient sûrs. Nemo facit virtutem in nomine meo et cito possit de me male loqui.

Mais nous n'avons point à faire ce discernement. Voici une relique sacrée, voici une épine de la couronne du sauveur du monde en qui le prince de ce monde n'a point puissance, qui fait des miracles par la propre puissance de ce sang répandu pour nous. Voici que Dieu choisit lui-même cette maison pour y faire éclater sa puissance.

Ce ne sont point des hommes qui font ces miracles par une vertu inconnue, et douteuse qui nous oblige à un difficile discernement. C'est Dieu même, c'est l'instrument de la passion de son fils unique, qui, étant en plusieurs lieux, choisit celui-ci et fait venir de tous côtés les hommes pour y recevoir ces soulagements miraculeux dans leurs langueurs.

Miracles II (Laf. 855, Sel. 435). Cette maison est de Dieu, car il y fait d'étranges miracles. Les autres : cette maison n'est point de Dieu, car on n'y croit pas que les cinq propositions soient dans Jansénius. Lequel est le plus clair ?

Miracles III (Laf. 902, Sel. 449). Ces filles étonnées de ce qu'on dit qu'elles sont dans la voie de perdition, que leurs confesseurs les mènent à Genève, qu'ils leur inspirent que Jésus-Christ n'est point en l'Eucharistie, ni en la droite du Père. Elles savent que tout cela est faux, elles s'offrent donc à Dieu en cet état : Vide si via iniquitatis in me est. Qu'arrive-t-il là-dessus ? Ce lieu qu'on dit être le temple du diable Dieu en fait son temple. On dit qu'il en faut ôter les enfants, Dieu les y guérit. On dit que c'est l'arsenal de l'enfer, Dieu en fait le sanctuaire de ses grâces. Enfin on le menace de toutes les fureurs et de toutes les vengeances du ciel, et Dieu les comble de ses faveurs. Il faudrait avoir perdu le sens pour en conclure qu'elles sont donc en la voie de perdition.

 

Périer au moment du miracle

 

Le Maître Antoine ou Arnauld Antoine, et Pontchâteau (?), Réponse à un écrit publié sur le sujet des miracles qu'il a plu à Dieu de faire à Port-Royal depuis quelques temps par une sainte Épine de la couronne de Notre Seigneur, Paris, fin septembre 1656, p. 6.

Shiokawa Tetsuya, Pascal et les miracles, p. 94 sq. Les effets de l’arrivée de Périer à Paris pour veiller au déroulement de l’opération que conseillaient les médecins et les chirurgiens.

 

8 juin 1656. Début de l’information menée par Du Saussay sur le miracle de la Sainte Épine 

 

OC III, éd. J. Mesnard, p. 453.

 

8-9 juin 1656. Déposition de Pascal, de Florin Périer, Dalencé, et alii sur le miracle de la Sainte Épine 

 

OC III, éd. J. Mesnard, p. 453. Dépositions le lendemain d’Étienne Guillard, Jean Hamon, Jean Hellot, Charles Bouvard et Pierre Cressé, 9 juin 1656.

Bugnion-Secrétan Perle, Mère Angélique Arnauld, Paris, Cerf, 1991, p. 205.

 

Réaction de Sacy au miracle et aux contestations qui s’ensuivirent

 

Fontaine Nicolas, Mémoires ou histoire des Solitaires de Port-Royal, éd. Pascale Thouvenin, Paris, Honoré Champion, 2001, p. 657-661.

 

Du Camboust de Coislin de Pontchâteau Sébastien-Joseph

 

On dit qu’il est le greffier de la sainte épine.

McKenna Antony et Lesaulnier Jean, Dictionnaire de Port-Royal, art. Dalencé, p. 351-353.

Lesaulnier Jean, "Les hébraïsants de Port-Royal", Port-Royal et le royaume d'Israël, Chroniques de Port-Royal, 53, Paris, Bibliothèque Mazarine, 2004, p. 29-46.

Delforge Frédéric, Les petites écoles de Port-Royal, Cerf, Paris, 1985.

Fontaine Nicolas, Mémoires ou histoire des solitaires de Port-Royal, éd. P. Thouvenin, Paris, Champion, 2001.

Arnauld Antoine, Œuvres, XXIII, § II, p. VIII. Des écrits publiés à l’occasion des miracles de la sainte Épine.

 

24 octobre 1656. Publication du miracle de la sainte Épine par les grands vicaires du cardinal de Retz 

 

Arnauld Antoine, Œuvres, XXIII, § II, p. VI. Des écrits publiés à l’occasion des miracles de la sainte Épine.

 

Les effets politiques du miracle

 

Gouhier Henri, Commentaires, p. 146. Le miracle provoque une détente et un adoucissement des rigueurs. Le "grand concours" de monde à Port-Royal desserre un peu l'étau. Événements concrets qui prouvent cette détente.

Sainte-Beuve, Port-Royal, éd. Leroy, Pléiade, t. II, p. 188.

Racine, Abrégé, Œuvres, II, p. 85. Attitude de la reine-mère, qui envoie M. Félix, premier chirurgien du roi. Voir p. 87, sur la détente.

OC I, éd. J. Mesnard, p. 478-479. Journal de Saint-Gilles, 4 août 1656.

 

Réactions des jésuites sur le miracle de la sainte Épine

 

La première réaction des jésuites est de nier le caractère miraculeux de la guérison de Marguerite Périer. Fontaine, dans ses Mémoires (éd. P. Thouvenin, Champion, p. 658), note que les ennemis de Port-Royal voulurent « avilir » la toute-puissance de Dieu « en les attribuant à des inventions de l’esprit humain à des mensonges concertés finement qu’il ne fallait pas même écouter : Ils ont pris quelque épine dans ces champs, disait-on effrontément, et ils feignent ces miracles » : p. 658.

Le Maître Antoine, Réponse à un écrit publié sur le sujet des miracles qu'il a plu à Dieu de faire à Port-Royal depuis quelques temps par une sainte Épine de la couronne de Notre Seigneur, Paris, fin septembre 1656, p. 6. On a voulu dire que la guérison n’était pas réelle, que c’était une fourbe, que la malade n’était pas guérie, qu’on produisait sa sœur aînée à sa place, que la maladie guérie sur l’œil était passée aux parties nobles du corps et que la malade était a quia ; à quoi les médecins ont répondu à chaque fois.

Racine Jean, Abrégé de l’histoire de Port-Royal, éd. J. Lesaulnier, p. 156, présente les tentatives de discréditer le miracle de manière pittoresque : « Il n’y eut point d’efforts qu’ils ne fissent pour détruire dans le public la créance de ce miracle. Tantôt ils accusaient les religieuses de fourberie,  prétendant qu’au lieu de la petite Périer elles montraient une sœur qu’elle avait et qui était aussi pensionnaire dans cette maison. Tantôt ils assuraient que ce n’avait été qu’une guérison imparfaite et que le mal était revenu plus violent que jamais ; tantôt que la fluxion était tombée sur les parties nobles et que la petite fille en était à l’extrémité ».

La vérification officielle du miracle modifie naturellement la donne : les attaques ne portent plus alors sur la réalité de fait du miracle, mais sur son sens et son interprétation : Dieu l’avait-il accompli pour donner raison à Port-Royal, ou au contraire pour faire comprendre aux jansénistes qu’ils devaient se convertir ? Les ouvrages publiés par les jésuites tendent naturellement à accréditer la seconde hypothèse.

Shiokawa Tetsuya, Pascal et les miracles, p. 136-137 sq. La tactique des jésuites consiste à minimiser les effets du miracle ; ils invoquent des miracles semblables arrivés chez les hérétiques et les païens, et à insinuer que le miracle de Port-Royal est du même genre. Mais cela risque d’affaiblir la valeur probante des miracles, que les jésuites doivent défendre. Ils sont donc obligés de montrer d’abord que les non catholiques peuvent bien opérer des prodiges qui semblent les favoriser, et prouver ensuite qu’en réalité ceux-ci sont le plus souvent de faux miracles, et que s’ils sont vrais, ils ne témoignent que de la vérité catholique : p. 136-137.

Dès lors, la tactique qu’adopte le P. Annat dans les écrits qu’il publie sur ce sujet consiste à soutenir que le miracle ne prouve pas la vérité de la théologie de Port-Royal, et que si Dieu a permis qu’un miracle se produise à Port-Royal, c’est pour que les religieuses comprennent leurs erreurs et y renoncent définitivement.

 

Annat François, Rabat-joie des Jansénistes ou observations nécessaires sur ce qu’on dit être arrivé au Port-Royal au sujet de la Sainte Épine par un Docteur de l’Église catholique, 1+12 p, slnd  (23 août 1656), in-4° (BN : Ld 4242).

 

Pour la date : OC I, éd. J. Mesnard, p. 480 ; OC III, éd. J. Mesnard, p. 457.

Le P. Annat n’a jamais avoué cet ouvrage ; voir GEF V, p. 341 sq. On l’a aussi attribué au P. Pinthereau : OC I, éd. J. Mesnard, p. 480.

Arnauld Antoine, Œuvres, XXIII, § II, p. VII. Arnauld dit pourtant qu’il a été contraint de convenir qu’il en était l’auteur.

Baudry de Saint-Gilles d’Asson Antoine, Journal d’un solitaire de Port-Royal, 23 août 1656, éd. Ernst et Lesaulnier, Paris, Nolin, 2008, p. 222 sq. Voir OC I, éd. J. Mesnard, p. 480-481.

Racine Jean, Abrégé de l’histoire de Port-Royal, Œuvres, éd. R. Picard, II, Pléiade, p. 86. Attaque en règle contre le P. Annat : « Enfin il parut un écrit, et personne ne douta que ce ne fût du P. Annat, avec ce titre ridicule : le rabat-joie des jansénistes, ou observations sur le miracle qu’on dit être arrivé à Port-Royal, composé par un docteur de l’Église catholique. « L’auteur faisait judicieusement avertir qu’il était catholique, n’y ayant personne qui, à la seule inspection de ce titre, et plus encore à la lecture du livre, ne l’eût pris pour un protestant très envenimé contre l’Église. Il avait assez de peine à convenir de la vérité du miracle ; mais enfin, voulant bien le supposer vrai, il en tirait la conséquence du monde la plus étrange, savoir, que Dieu voyant les religieuses infectées de l’hérésie des cinq propositions, il avait opéré ce miracle dans leur maison pour leur prouver que Jésus-Christ était mort pour tous les hommes. Il faisait là-dessus un grand nombre de raisonnements, tous plus extravagants les uns que les autres, par où il ôtait à la véritable religion l’une de ses plus grandes preuves, qui est celle des miracles. Pour conclusion, il exhortait les fidèles à se bien donner de garde d’aller invoquer Dieu dans l’église de Port-Royal, de peur qu’en y cherchant la santé du corps, ils n’y trouvassent la perte de leurs âmes. »

Jouslin Olivier, La campagne des Provinciales de Pascal. Étude d’un dialogue polémique, Clermont-Ferrand, Presses Universitaires Blaise Pascal, 2007, p. 407 sq. Analyse de cet écrit et sur sa portée polémique. La thèse principale est que le fait qu’un miracle se soit produit grâce à une relique approuvée ne prouve pas l’orthodoxie de la doctrine des personnes parmi lesquelles se trouve la personne à qui profite le miracle.

GEF V, p. 341 sq.

Rapin René, Mémoires du P. René Rapin, de la Compagnie de Jésus, sur l’Église et la Société, la Cour, la Ville et le Jansénisme, 1644-1669, publiés pour la première fois d’après le manuscrit autographe, éd. Aubineau, 3 vol., Gaume Frères et J. Duprey, Paris, 1865, tome 2, p. 410 sq.

Fabri Honoré, Notae in notas W. Wendrockii..., p. 9. In admonitionem. Défense du P. Annat et de la Bonne foi des jansénistes. « Annatus corrupta a Montaltio aliquot auctorum loca protulit, et fideliter exscripsit. Quaestio facti est. Annatus profert et confert depravata loca: ad poenam libri, ut vulgo aiunt. Unum tamen, ne quid dissimulem, Annatus peccavit, scilicet, in fronte libelli, quem bonam, ut dixi, Iansenistarum fidem inscripsit, per ironiam quidem... » Il aurait mieux fait de dire mauvaise foi.

Shiokawa Tetsuya, Pascal et les miracles, p. 103 sq. Le P. Annat ne nie pas l’authenticité du miracle, mais sur le plan juridique il s’en prend au peu de conformité des procédés de Port-Royal aux règles de l’Église. D’autre part il s’oppose à l’idée que le miracle puisse servir à renforcer la doctrine de Port-Royal : p. 104. Il pose nettement le problème du rapport du miracle et de la doctrine : p. 105. La Réponse à un écrit publié sur le sujet des miracles qu’il a plu à Dieu de faire à Port-Royal (voir la notice de cet ouvrage).

La réponse que Port-Royal opposa à ce livre serait due à Antoine Le Maître (?), Réponse à un écrit publié sur le sujet des miracles qu'il a plu à Dieu de faire à Port-Royal depuis quelques temps par une sainte Épine de la couronne de Notre Seigneur, Paris, fin septembre 1656.

Gouhier Henri, Blaise Pascal. Commentaires, 2e éd., Paris, Vrin, 1971, p. 152.

Gay Jean-Pascal, Morales en conflit. Théologie et polémique au Grand Siècle (1640-1700), Paris, Cerf, 2011, p. 197 sq. 

 

Début novembre 1656. Antoine Le Maître ou Pontchâteau (?), Publication de la Réponse à un écrit publié sur le sujet des miracles qu'il a plu à Dieu de faire à Port-Royal depuis quelques temps par une sainte Épine de la couronne de Notre Seigneur

 

OC III, éd. J. Mesnard, p. 460. Datation.

L’ouvrage auquel répond ce texte est l’opuscule du P. Annat, le Rabat-joie des jansénistes.

Voir la notice de GEF V, p. 342. Cette réponse a été imprimée avant la fin septembre 1656 ; on l’a parfois attribuée à Pascal sur une indication du Recueil d’Utrecht (1640), p. 449, « on a lieu de croire que M. de Pontchâteau est en partie l’auteur, peut-être avec M. Pascal ». Mais Saint-Gilles et Hermant (Mémoires, t. III, p. 190) l’attribuent de manière certaine à Antoine Le Maître.

Jouslin Olivier, Pascal et le dialogue polémique, p. 650 sq. Attribution à Pascal d'après une note du recueil d'Utrecht, qui indique que ce serait avec la collaboration de Pontchâteau. D'autres indications orientent vers Le Maître, mais pas toujours convaincantes ; voir les Mémoires de Hermant, III, p. 190. Cette réponse ne sera publiée que début novembre, comme l'indique l'Avis au lecteur non paginé. Le texte n'est assurément pas de Pascal, mais il a peut-être fait partie du comité qui l'a élaboré : p. 651. Voir p. 1062. Le texte serait composé début novembre ; l'impression serait de fin septembre 1656.

Dictionnaire de Port-Royal, article Marguerite Périer : l’appendice Le miracle à Port-Royal, p. 812, attribue l’ouvrage à  Arnauld et Pontchâteau. Voir le texte dans Arnauld Antoine, Œuvres, XXIII, p. 7 sq.

Gouhier Henri, Blaise Pascal. Commentaires, 2e éd., Paris, Vrin, 1971, p. 152 et 154, sur l'attribution.

Shiokawa Tetsuya, Pascal et les miracles, p. 216. Voir p. 103 sur la situation de cet ouvrage dans le cours de la polémique.

 

7 janvier 1657. Annat François, Défense de  la vérité catholique touchant les miracles

 

Annat François, Défense de  la vérité catholique touchant les miracles, contre les déguisements et artifices de la réponse faite par Messieurs de Port-Royal à un écrit intitulé Observations nécessaires sur ce qu’on dit être arrivé à Port-Royal au sujet de la Sainte Épine, par le sieur de Sainte Foy, Paris, 1657 (privilège du 30 décembre 1656), 44 p. in-4°. Privilège du 30 décembre 1656. Enregistrement du 7 janvier 1657.

Provinciales, éd. Cognet, Garnier, p. 328. Cette Défense de la vérité catholique touchant les miracles est attribuée au P. Annat ou parfois au P. Morel.

La publication est annoncée pour bientôt par Guy Patin le 26 décembre 1656, et par Saint-Gilles le 12 janvier 1657. Voir GEF VI, p. 311. Voir p. 306, la lettre de Guy Patin ; et p. 309-310, la lettre d'un ami à Périer.

Jouslin Olivier, La campagne des Provinciales de Pascal. Étude d’un dialogue polémique, Clermont-Ferrand, Presses Universitaires Blaise Pascal, 2007, p. 583 sq. Il s’agit de « reprendre » le miracle à Port-Royal : p. 584.

Plan : une première partie sur les miracles en général, et une seconde consacrée à chercher pourquoi Dieu a fait un miracle à Port-Royal : p. 2.

Première partie, p. 3 sq. Définition du miracle : p. 3. « Le nom de miracle, selon la doctrine de saint Augustin, de saint Thomas et de tous les théologiens, signifie un effet qui est contre le cours ordinaire de la nature, et qui surpasse le pouvoir de toutes les créatures, tant corporelles que spirituelles ; et par conséquent qui ne peut être produit que par la toute-puissance de Dieu ». Le P. Annat cite saint Augustin, De utilitate credendi, cap. 6 ; saint Thomas, Somme théologique, I p. q. 105, art. 7 ; q. 113, art. 10, 22 ; q. 178, art. 1, 2 et 4 ; De potentia, q. 6. A. 2, 3 et 4.

« Nous disons en premier lieu que le miracle est un effet produit contre le cours ordinaire de la nature, pour distinguer les effets qui sont vraiment miraculeux d’avec ceux qui sont seulement admirables : car il y a plusieurs choses dans la nature qui donnent de l’admiration à ceux qui en ignorent les causes, et néanmoins qui ne sont pas tenues pour miracles, d’autant qu’elles ne sont pas contre le cours ordinaire de la nature, dans l’étendue de laquelle se trouvent les causes de ces effets merveilleux, quoiqu’inconnues à la plupart des hommes » : p. 4. « Nous disons ensuite, qu’il faut que cet effet surpasse le pouvoir de toutes les créatures, tant corporelles que spirituelles : car selon le commun sentiment des docteurs, il faut qu’un effet, pour être vraiment miraculeux, soit tel que ni les anges, ni les hommes, ni les démons ne le puissent produire par leurs forces et industries naturelles en la manière dont il est produit. Et c’est là ce qui donne le plus de difficulté, quand il est question de déterminer ce que l’on doit tenir, ou ne pas tenir pour miracle : d’autant que selon saint Thomas, les démons étant de purs esprits, qui ont une très grande activité, jointe à une très parfaite connaissance de la vertu et faculté de toutes les causes naturelles, peuvent faire par leurs seules forces beaucoup de choses qui surpassent toute l’industrie et capacité des hommes, et par conséquent qui semblent quelquefois être des miracles et qui néanmoins ne le sont pas » : p. 3.

« Enfin  nous disons que c’est à Dieu seul auquel il appartient de faire des miracles, parce que c’est à lui seul à qui toute la nature est parfaitement sujette, et aux volontés duquel toutes les créatures rendent une entière et absolue obéissance, et par conséquent c’est lui seul qui en peut disposer souverainement comme il lui plaît » : p. 4.

Pourquoi Dieu fait des miracles : p. 5. « Il est bien vrai que Dieu fait toutes choses pour lui-même, et pour être glorifié en ses œuvres, comme l’Écriture sainte nous le déclare : mais comme il peut tirer sa gloire en plusieurs manières des miracles qu’il fait, s’en servant quelquefois pour faire ressentir les effets de sa miséricorde, d’autres fois pour exercer sa justice, ou bien pour faire éclater la grandeur de sa puissance, de sa sagesse, et de ses autres perfections, nous ne saurions connaître avec certitude quels sont les desseins particuliers de Dieu dans les miracles qu’il opère, si lui-même ne nous le manifeste par les voies ordinaires dont il se sert pour faire connaître ses volontés » : p. 5.

« Premièrement il faut tenir pour indubitable la doctrine de saint Thomas, qui dit que ceux qui soutiennent ou enseignent une fausse doctrine ne peuvent jamais faire aucun véritable miracle pour la confirmation de cette doctrine, bien qu’ils en pussent faire quelques-uns pour l’exaltation du nom de Jésus-Christ qu’ils invoquent, ou par la vertu des choses saintes qu’ils emploient. Et par conséquent c’est une fausseté de dire, et une impiété de vouloir persuader que Dieu fasse des miracles pour approuver une hérésie, et une contumace et rébellion contre son Église, ou pour justifier aucun hérétique, schismatique, ou rebelle à cette même Église » : p. 5. Citation de saint Thomas, Somme théologique, Sec. Secundae, q. 178, art. 2 ad 3.

« Il faut tenir pour très constant et très assuré que le miracle qui s’est fait à Port-Royal, ni tous les autres qui s’y pourraient faire, ne sont point pour approuver la doctrine condamnée de Jansénius, ni pour justifier en quelque façon que ce soit ceux qui s’opiniâtrent à la soutenir contre les décrets de notre saint Père le Pape et les déclarations de Nosseigneurs les Évêques » : p. 7.

« Mais supposons que tous ces miracles aient été examinés selon l’ordre prescrit par l’Église, qu’ils soient reconnus et approuvés pour véritables, et même qu’il y en ait encore d’autres plus authentiques et plus signalés, qui aient été faits dans l’église de Port-Royal par les mains des plus opiniâtres jansénistes, quand bien cela serait ainsi ; il est très faux de dire que ces miracles soient une marque que Dieu approuve leur doctrine, ou qu’il rend témoignage de leur innocence et de leur vertu. Davantage lorsque Dieu fait des miracles en quelque lieu, ou par les mains de quelques personnes, il ne s’ensuit pas que ceux qui demeurent ou qui font leurs assemblées en ce lieu, ni que ceux par les mains desquels, ou par la guérison desquels ces miracles sont faits, soient en état de justice et de grâce, ou que la doctrine qu’ils professent soit saine et orthodoxe, puisque l’Écriture, les Pères, l’histoire ecclésiastique et la véritable théologie nous enseignent le contraire ; et nous font voir que Dieu fait quelquefois des miracles en des lieux qui servent de retraite et d’habitation aux pécheurs et aux infidèles, et par les mains des pécheurs et des infidèles, et pour le soulagement corporel des pécheurs et des infidèles ; quoique nonobstant ces miracles, ils demeurent toujours dans leurs péchés et dans leur infidélité » : p. 7-8. Suivent des autorités de théologiens et de saints.

Pourquoi Dieu fait-il un miracle à Port-Royal ?, p. 15. Selon saint Clément, Dieu ne fait pas nécessairement des miracles pour l’utilité de ceux dont il se sert pour les faire : p. 15. On ne peut donc en conclure que les religieuses de Port-Royal sont plus saintes que les autres : p. 16.

« Quand Dieu opère quelque miracle dans les lieux infectés ou suspects d’hérésie ou entre les mains des personnes qui n’ont pas une foi saine et orthodoxe, c’est ordinairement pour les avertir de renoncer à leurs erreurs et de reconnaître et confesser la vérité » : p. 17.

« Et selon ce principe, il y a un très juste sujet de croire que c’est pour cette même fin que le miracle dont il est question a été fait à Port-Royal, et que Dieu a voulu par une conduite toute particulière de sa miséricorde faire éclater la vertu de la Passion de Jésus-Christ, en se servant d’un instrument de cette passion pour opérer un miracle devant les yeux de ceux-là mêmes qui s’obstinent à impugner le mérite et l’effet de la Passion du même Jésus-Christ, et qui osent dire que ce divin Rédempteur n’a non plus offert son sang, ni prié pour le salut des pécheurs qui se perdent par leur impénitence, que pour celui  des diables : afin que la vue de ce miracle leur touche le cœur, et leur fasse déposer les armes de leur obstination, pour se soumettre avec sincérité et humilité au jugement de l’Église » : p. 17. Le P. Annat étudie ensuite les circonstances du miracle, pour montrer qu’elles correspondent à sa thèse.

1. L’Église a tout fait pour persuader les jansénistes de quitter leurs erreurs ; mais ils s’obstinent ;

2. le lieu est celui des conspirations hérétiques ;

3. la guérison des yeux de Marguerite Périer pousse les jansénistes à réfléchir sur leur aveuglement ;

4. l’épine est un trophée à la Passion de Jésus-Christ.

Seconde partie, p. 19 sq. Réflexion II, sur la publication des nouveaux miracles que Messieurs du Port-Royal font au commencement de leur réponse : p. 20. Les miracles doivent être vérifiés et déclarés par les évêques : p. 21.

Réflexion III, p. 22. Sur les noms d’ennemi, envie, haine, lancés par les jansénistes contre l’auteur du Rabat-joie. Annat se dit plutôt animé par la pitié à l’égard des religieuses entrainées dans l’hérésie.

Réflexion VII, p. 28. Sur ce que Messieurs de Port-Royal disent que les miracles marquent toujours aux hommes quelque vérité. Maxime vraie, mais mal appliquée.

Réflexion IX, p. 31. Sur ce que Messieurs soutiennent que le miracle de la sainte Épine a été fait pour justifier l’innocence des religieuses de Port-Royal.

Gouhier Henri, Blaise Pascal. Commentaires, 2e éd., Paris, Vrin, 1971, p. 157.

 

Arnauld Antoine, De l’autorité des miracles en réponse au libelle intitulé : Défense de la vérité catholique touchant les miracles

 

Arnauld Antoine, Œuvres, t. XXIII, Lausanne, p. 33-86 pour le texte intitulé De l’autorité des miracles en réponse au libelle intitulé Défense de la vérité catholique touchant les miracles, contre les déguisements et artifices de la Réponse faite par MM. de Port-Royal à un écrit intitulé [Rabat-joie, ou] Observations nécessaires sur ce qu’on dit être arrivé à Port-Royal a sujet de la sainte Épine, par le sieur de Sainte-Foi, Docteur en théologie. À Paris, chez Florentin Lambert, avec privilège du Roi (1657). Voir le commentaire p. VIII-X, qui attribue ce texte à Arnauld et qui résume la substance de l’ouvrage. Voir p. VI sq., la notice sur les écrits d’Arnauld en faveur des miracles de la sainte Épine.

Arnauld Antoine, Œuvres, t. XXIII, De l’autorité des miracles en réponse au libelle intitulé Défense de la vérité catholique touchant les miracles, Arnauld note que les miracles sont si liés à la foi qu’en ruinant les miracles, on atteint la doctrine : p. 33. C’est ce que font les jésuites Annat et le P. de Lingendes : ils prétendent que les miracles ne sont pas la marque de la véritable Église. Les miracles de Port-Royal ayant été reconnus « pour œuvres de Dieu par le jugement de l’Église », le P. Annat reconnaît d’une part « que ces guérisons sont miraculeuses, et que Dieu en est l’auteur, et non pas le Diable ; mais il ne laisse pas de soutenir de l’autre que ces œuvres de Dieu ne prouvent pas la sincérité de la foi de la personne mais que Dieu a honorées de ces merveilles » : p. 35. Cela revient à saper l’une des preuves fondamentales de la doctrine de l’Église. Les hérétiques supposent que quelquefois Satan et ses ministres produisent de véritables miracles, permis par Dieu, « non pour confirmer le mensonge, mais pour exercer sa justice contre l’impiété des hommes » : p. 37-38. Arnauld allègue des exemples tirés de l’Écriture, « que les vrais miracles sont une preuve très puissante, et même invincible, de la vérité, à l’égard de ceux-mêmes qui ne la connaissent point encore, et qui ainsi ne peuvent juger des miracles que par eux-mêmes, et par leur évidence, et non pas par la doctrine » : p. 41. Du côté des jésuites, le P. Annat use d’un artifice, qui est de « dissimuler le véritable état de la question, de s’en former une nouvelle toute différente de celle dont il s’agit, et d’éblouir ainsi les ignorants par un discours vague qui ne conclut rien » : p. 51. Pour « découvrir cette illusion, il faut remarquer qu’on peut  avancer deux sortes de maximes, touchant les miracles attribués aux hérétiques. L’une générale, l’autre particulière. La générale serait de dire que les hérétiques ne font jamais de miracles, et la particulière est que Dieu n’en fait jamais qui portent d’eux-mêmes à embrasser la fausseté : et qu’ainsi il est impossible que les hérétiques en fassent, dans les circonstances et dans des temps où ces œuvres miraculeuses pourraient engager ceux qui en jugent raisonnablement à entrer ou à se confirmer dans l’erreur » : p. 52. Précision : on n’a pas « avancé généralement que Dieu ne faisait jamais de miracles par des hérétiques, mais seulement qu’il n’en faisait jamais dans des temps et des circonstances qui peuvent induire à erreur ceux qui en jugent raisonnablement » : p. 52. Il suffit donc que « dans les circonstances qui l’accompagnent, il y ait des marques claires et intelligibles aux personnes non passionnées, qui leur persuadent que Dieu a fait ce miracle pour confirmer une vérité particulière » : p. 53. « Ceux qui se font au tombeau des saints sont des preuves certaines de leur sainteté, parce que l’Église juge que Dieu ne les aurait jamais joints avec les dévotions qui se font au tombeau d’un homme mort, si ce n’était pour en faire reconnaître la sainteté » : p. 53. « Dans toutes les contestations qui se sont élevées dans l’Église, et dans les persécutions que les princes ont excitées quelquefois contre ceux qui soutenaient la vérité de la foi, Dieu n’a jamais fait aucun miracle qu’en faveur de ceux qui étaient défenseurs de sa vérité » : p. 54. Exemples tirés de l’histoire ecclésiastique : p. 54 sq.

Le chapitre III propose une Application de ces principes à ce qui est arrivé à Port-Royal : p. 56 sq. Arnauld résume, citations à l’appui, les injures lancées contre les religieuses de Port-Royal par les polémistes jésuites, le P. Meynier et le P. Annat.

Chapitre V, p. 61 sq. Les miracles justifient la pureté de la foi de Port-Royal. C’est l’impression que le peuple a eue, que le premier miracle témoignait de la fausseté des calomnies des jésuites. Si cette approbation allait à l’appui d’une erreur, il aurait été impossible qu’il se fît de nouveaux miracles dans l’église de Port-Royal par les prières des religieuses « puisqu’on s’en servait ouvertement pour confirmer une erreur, selon la prétention des jésuites » : p. 62.

Chapitre VI, p. 63 sq. Troisième réflexion, sur la prétention extravagante de cet écrivain, que les miracles marquent que Port-Royal est dans l’erreur. Le P. Annat suppose « que Dieu a fait ces miracles dans Port-Royal par un instrument de sa Passion, pour marquer qu’on y déshonore la Passion de Jésus-Christ et que l’on y soutient des blasphèmes contre le prix infini du sang qu’il a répandu pour tous les hommes » : p. 63. Absurdité du raisonnement : « Des religieuses, en honorant un instrument de la passion de Jésus-Christ, sont favorisées d’un miracle signalé : donc c’est un signe que ces religieuses déshonorent la Passion du Christ » : p. 64. Autres raisonnements pareillement aberrants.

Chapitre VII. « Tous les exemples de cet auteur ne servent qu’à confirmer davantage le principe que j’ai établi, savoir que les circonstances qui environnent les miracles portent toujours d’elles-mêmes, à embrasser la vérité que Dieu veut marquer aux hommes ; et qu’ainsi on doit croire que ceux qui se sont faits à Port-Royal sont des preuves de la pureté de la foi de ceux qui demeurent dans cette maison » : p. 67.

Conclusion de la première partie, p. 70. Où l’on fait voir que les jésuites imitent le raisonnement des hérétiques, et qu’ils supposent faussement qu’on veut faire servir ces miracles pour autoriser une doctrine condamnée.

La deuxième partie présente des exemples à l’appui de la thèse. L’auteur cite les sentiments de théologiens jésuites, Ballarmin, Del Rio et Richeome : p. 77.

« Je soutiens donc qu’ils (les jésuites) ont autant abandonné la doctrine des Pères que des théologiens modernes ; et que l’Église des premiers siècles, aussi bien que celle des derniers, a toujours cru, contre leur prétention, que les miracles étaient une preuve certaine de la vraie foi, et que les hérétiques n’en peuvent faire » : p. 79.

Gouhier Henri, Blaise Pascal. Commentaires, 2e éd., p. 158.

 

21-22-23 février 1657. Sermons de Carême du P. de Lingendes à Saint-Merry ou à Saint-Jacques de la Boucherie, sur les miracles de Jésus

 

Voir le dossier sur le fragment Miracles I (Laf. 830, Sel. 419).

 

Les sermons du P. de Lingendes

 

Shiokawa Tetsuya, Pascal et les miracles, p. 113-116 et 132-152. Voir aussi p. 137 sq. Résumé des sermons prononcés par Claude de Lingendes : p. 138 sq.

Gouhier Henri, Blaise Pascal. Commentaires, 2e éd., Paris, Vrin, 1971, p. 159 sq.

Rapin René, Mémoires, éd. Aubineau, II, Paris, Gaume et Duprey, 1865, p. 422 sq. ; cité in OC I, éd. J. Mesnard, p. 857-858. « Le P. de Lingendes, prêchant le Carême d’après à Saint-Jacques-de-la-Boucherie avec sa vogue ordinaire, fut obligé de faire quelques sermons sur les miracles pour détromper le peuple, qui donnait trop aisément son approbation à ceux de Port-Royal, vrais ou faux, par une pure préoccupation. Il expliqua l’intention principale des miracles, dont Dieu ne se sert que comme d’une voix pour annoncer aux hommes la vérité ; il dit qu’il y a de faux miracles comme il y en a de vrais ; les faux ne peuvent être que des instruments de la fausseté, tels que furent les miracles des magiciens de la cour de Pharaon pour les opposer à ceux que faisait Moïse ; qu’il était impossible que Dieu fît des miracles pour autoriser la doctrine de Port-Royal, qui venait d’être condamnée par le Saint-Siège, sans se détruire lui-même, ne détruisant ce qui lui est de plus essentiel, que son immuable vérité ; qu’au reste, s’il avait dessein de faire des miracles en faveur de Port-Royal et de ceux qui y vivaient, ce ne pourrait être que pour leur ouvrir les yeux, leur toucher le cœur et les convertir, et non pas pour les endurcir et pour les aveugler ; qu’enfin il y a autant de crime à prétendre honorer Dieu par la fausseté qu’à déshonorer la vérité par le mensonge.

Ces raisons, débitées en chaire par un homme du poids du P. de Lingendes, furent bien reçues du public, qui se détrompa enfin, après plusieurs écrits de part et d’autre pour et contre les miracles de Port-Royal, dont la dévotion ne dura dans le peuple qu’autant qu’en dura la nouveauté, qui est toujours pour lui une espèce de ragoût qui a souvent cours sans conséquence. Tout le monde n’était pas d’humeur à chercher des secours par des miracles aussi nuisibles à la religion que ceux de Port-Royal ».

Les sermons de Lingendes ont paru en latin en trois tomes en 1661, sous le titre Concionum in Quadragesimam Reverendi Patris Claudii de Lingendes e Societate Jesu. Je cite d’après l’édition F. Muguet, Paris, 1665. Voir dans le tome II les sermons XXXIV, Quae prima est de miraculis Christi probat ex iis ejus divinitatem, p. 1-24 ; XXXV, Quae secunda est de miraculis Christi ; solvit objectiones quae fiunt ea, et disputationem satis implicatam de falsis magorum vel hereticorum miraculis evolvit, p. 25-49 ; XXXVI, Quae tertia est de miraculis Christi, refellit valide eos qui fidem illorum, aliorumve, et expeditam Evangelii defensionem contra Atheos subjicit, p. 50-77. Ces sermons, composés en latin, étaient prononcés en français. La traduction française publiée en deux tomes en 1666 sous le titre Sermons sur tous les Évangiles de Carême, n’est pas due à l’auteur. Elle est partielle. Seul le n° XXXV, La défense des véritables miracles qui autorisent notre religion contre les faux miracles des magiciens et des hérétiques, p. 156 sq., est fourni dans cette édition. Dans ces sermons, le prédicateur ne parle pas de Port-Royal. Mais comme l’indique H. Gouhier, op. cit., p. 160, une lettre de Saint-Gilles à Florin Périer du 9 mars 1657, écrit : « Pour le dernier sermon du P. de Lingendes à Saint-Merry sur les miracles, je croyais vous avoir mandé qu’il n’avait rien dit contre, mais comme on s’y attendait, il s’y trouvera des colporteurs, qui, devant et après le sermon, criaient aux trois portes, à pleine tête la sentence du premier miracle, et disaient : Voici les grands et nouveaux miracles arrivés à Port-Royal recommandés par le P. Lingendes, prédicateur ». Le texte complet de cette lettre se trouve dans OC III, éd. J. Mesnard, p. 1067-1068 ; voir aussi Baudry De Saint-Gilles D’asson, Journal d’un solitaire de Port-Royal, Édition présentée et annotée par Jean Lesaulnier, texte établi par Pol Ernst, Paris, Nolin, 2008, p. 269-270. Lors du sermon qui a alerté les Messieurs de Port-Royal, le P. de Lingendes fait étroitement écho aux arguments du P. Annat dans le Rabat-joie des jansénistes.

H. Gouhier conclut que le récit du P. Rapin révèle clairement le sens de ce qui pouvait paraître douteux dans le sermon du prédicateur : p. 160.

Mesnard Jean, “Achèvement et inachèvement dans les Pensées de Pascal”, Studi francesi, 143, anno XLVIII, maggio-agosto 2004, p. 300-320. Voir p. 315 sq., sur les séries XXXII, XXXIII, XXXIV (éd. Lafuma). Contrairement à ce qu’on peut croire, les sermons du P. de Lingendes ne consacrent pas une grande place à la polémique contre Port-Royal : l’orientation essentielle est de caractère apologétique : il s’agit de présenter les miracles de Jésus-Christ comme preuve de la vérité du christianisme ; l’élément polémique ne se présente que pour écarter des objections relatives à l’existence éventuelle de miracles dépourvus d’autorité. Le jésuite engage Pascal à dépasser la défense de Port-Royal pour s’engager dans une entreprise apologétique : p. 316.

Voir la note de l’éd. Le Guern, II, Pléiade, p. 1540, sur les sermons du P. de Lingendes.

 

Claude de Lingendes, 1591-1660 ou 1661

 

Jésuite. Prédicateur.

Grente (dir.), Dictionnaire des lettres françaises, Le XVIIe siècle, art. « Lingendes », LP, p. 759. Né à Moulins, jésuite en 1607. Il est recteur des collèges de Tours et de Moulins. C’est un prédicateur à succès. Ses sermons, publiés en latin, ont été adaptés en français.

Bluche François (dir.), Dictionnaire du grand siècle, p. 882.

Gazier Augustin, "Pascal et Claude de Lingendes", Revue bleue, 9 mars 1907.

Arnauld Antoine, Œuvres, XXX, p. XXXII.

Baudry de Saint-Gilles d’Asson Antoine, Journal d’un solitaire de Port-Royal, éd. Ernst et Lesaulnier, Paris, Nolin, 2008, p. 96 sq.

Rapin René, Mémoires, éd. Aubineau, t. 1, p. 66 sq. Intervention du P. de Lingendes auprès de la reine contre les jansénistes.

Shiokawa Tetsuya, Pascal et les miracles, p. 113 sq. Sermons sur le miracle de la sainte Épine.

Pascal, Œuvres, II, éd. Le Guern, Pléiade, p. 1541-1542.

Le P. de Lingendes apparaît dans plusieurs épisodes des combats contre Port-Royal.

Pascal, Sixième écrit des curés de Paris, § 18. Affaire de l’Apologie pour les casuistes.

 

Février ou mars 1657. Questionnaire de Pascal à Barcos sur les miracles

 

Texte de ce questionnaire et réponses de Barcos dans Miracles I (Laf. 830, Sel. 419).

 

Miracles opérés par la sainte Épine après celui de Marguerite Périer

 

Dictionnaire de Port-Royal, Appendice Le miracle à Port-Royal, p. 812. Liste générale.

Sœur Marguerite de Merçay : voir Gres-Gayer Jacques M., En Sorbonne, Autour des Provinciales. Édition critique des Mémoires de Beaubrun (1655-1656), Paris, Klincksieck, 1997, p. 723.

5 juillet 1656. Guérison miraculeuse d’Angélique Portelot par la Sainte Épine : voir Dictionnaire de Port-Royal, Appendice Le miracle à Port-Royal, p. 812. Voir aussi Gres-Gayer Jacques M., En Sorbonne, Autour des Provinciales. Édition critique des Mémoires de Beaubrun (1655-1656), Paris, Klincksieck, 1997, p. 724. Fille d’un procureur de la Cour, Angélique Portelot a treize ans en 1656, lorsqu’elle est miraculeusement guérie d’une grave malformation par l’attouchement de la sainte Épine. Le récit de Hermant est saisissant : « [...] Angélique [...] souffrait divers maux si étranges et si inconnus que nuls remèdes de la médecine ne les avaient pu guérir durant près de quatre ans ; elle avait eu des vomissements pendant six mois, puis la fièvre qui ne la quittait point, avec des convulsions horribles, et un retirement de deux vertèbres de l’épine du dos qui, n’étant plus à leur place naturelle, l’empêchaient de se pouvoir tenir en son séant, et l’obligeaient d’être toujours couchée plate, ayant la tête plus basse que les pieds, parce qu’en toute autre assiette elle souffrait d’extrêmes douleurs et jetait de grands cris, de sorte que pour la mener une fois à Notre-Dame des Vertus, on fut contraint de la faire porter toute couchée sur un petit matelas, dans une manne. Enfin, n’ayant pu trouver aucune sorte de soulagement, le bruit des miracles qui se faisaient par la sainte Épine à Port-Royal porta sa mère à y faire une neuvaine, ce qui donna à la malade une grande confiance de guérir. Le dernier jour de la neuvaine, qui fut le mercredi 5 de juillet [1656], sa mère lui ayant apporté des linges qui avaient touché la sainte Épine, et la malade les ayant mis sur elles, une demi-heure après, elle sentit un grand remuement en tout son corps, ses convulsions, qu’elle avait d’ordinaire cinq ou six fois le jour, et qu’elle avait eues encore trois fois ce jour-là avec de sensibles douleurs, cessèrent entièrement ; la fièvre la quitta, et ses vertèbres s’étant remises en leur place, elle se mit en son séant, ce qu’elle n’avait pu faire depuis trois ans et demi, elle se leva, marcha par la chambre, se mit à genoux pour rendre grâces à Dieu, et deux jours après vint à Port-Royal se portant fort bien, ce qui continua toujours depuis, et fit venir chez son père grand nombre de personnes de condition qui furent les spectateurs et les témoins de cette merveille. »

Voir aussi Arnauld Antoine, Œuvres, I, éd. de Lausanne, D’Arnay, p. 133 sq. Miracle arrivé par la guérison d’Angélique Portelot, fille d’un procureur, de la paroisse de Saint-Merri. Selon Arnauld, « tout le monde la va voir chez son père, comme on faisait notre enfant » (sc. Marguerite Périer).

Le Maître Antoine ou Pontchâteau (?), Réponse à un écrit publié sur le sujet des miracles qu'il a plu à Dieu de faire à Port-Royal depuis quelques temps par une sainte Épine de la couronne de Notre Seigneur, Paris, fin septembre 1656, p. 15. Circonstances de la guérison.

Guérison de Mme Durand par la sainte épine à Port-Royal, 15 juillet 1656 : voir Le Maître Antoine ou Pontchâteau (?), Réponse à un écrit publié sur le sujet des miracles qu'il a plu à Dieu de faire à Port-Royal depuis quelques temps par une sainte Épine de la couronne de Notre Seigneur, p. 15. Circonstances de la guérison. Voir aussi Gres-Gayer Jacques M., En Sorbonne, Autour des Provinciales. Édition critique des Mémoires de Beaubrun (1655-1656), Paris, Klincksieck, 1997, p. 724.

Une religieuse ursuline atteinte de violents maux de tête, est guérie au cours d'une neuvaine à la Sainte Épine, 17-25 août 1656 : OC III, éd. J. Mesnard, p. 457.

Sœur Claude Maire de Saint-Joseph, religieuse de Noyers en Bourgogne : voir Hermant Godefroi, Mémoires, III, p. 181-182 ; et le Dictionnaire de Port-Royal, Appendice Le miracle à Port-Royal, p. 812.

Mademoiselle d’Espinay : mêmes références.

Sœur Marie de l’Assomption, de Pontoise, le 25 août 1656 : mêmes références.

Une fille de M. de la Poterie, religieuse de l’abbaye du Trésor, 11 septembre 1656 : mêmes références. Voir aussi Hermant Godefroi, Mémoires, III, 185. Récit détaillé.

Le P. Bernard Caignet, prieur de Saint-Vincent de Senlis : Jacques M., En Sorbonne, Autour des Provinciales. Édition critique des Mémoires de Beaubrun (1655-1656), Paris, Klincksieck, 1997, p. 725. Coignet selon Hermant Godefroi, Mémoires, III, 185. Le Dictionnaire de Port-Royal, Appendice Le miracle à Port-Royal, p. 812, donne le nom de Cignet.

Madame de Moncheny : voir Jacques M., En Sorbonne, Autour des Provinciales. Édition critique des Mémoires de Beaubrun (1655-1656), Paris, Klincksieck, 1997, p. 725 ; et le Dictionnaire de Port-Royal, Appendice Le miracle à Port-Royal.

Parmi les plus notables, on trouve la princesse Palatine, Anne de Gonzague, sœur de la reine de Pologne : Dictionnaire de Port-Royal, Appendice Le miracle à Port-Royal.

27 mai 1657, Dimanche de la Trinité. Second grand miracle de la Sainte Épine, guérison de Claude Baudrand, pensionnaire à Port-Royal de Paris, âgée de 15 ans, atteinte de maux de tête, de coliques et de difficultés respiratoires : voir OC III, éd. J. Mesnard, p. 466 ; Dictionnaire de Port-Royal, Appendice Le miracle à Port-Royal, sur Claude Baudrand, p. 813.

 

Bibliographie

 

Voir la bibliographie établie par Jean MESNARD, dans son édition des Œuvres complètes de Pascal, OC III, p. 809.

Voir aussi celle de SHIOKAWA Tetsuya, Pascal et les miracles, Paris, Nizet, 1977, p. 213-218.

Voir dans OC III, éd. J. MESNARD,  les principaux documents sur le miracle :

Lettres de Jacqueline Pascal à sa sœur Gilberte (28/31 mars 1656) et Note sur le miracle de la sainte Épine, p. 800 sq.

Lettres de la Mère Angélique à des religieuses de Port-Royal sur le miracle de la sainte Épine, p. 868 sq.

Extraits des lettres de la Mère Angélique à la reine de Pologne et à Mademoiselle Josse sur le miracle de la sainte Épine (5 mai-27 octobre 1656), p. 877 sq.

Interrogatoire de Marguerite Périer (30 mai). Information sur le miracle de la sainte Épine (8-12 juin) et Attestations des médecins et chirurgiens (14 avril-25 septembre 1656), p. 891 sq.

Extrait d’une lettre de la sœur Catherine de Sainte-Flavie Passart sur le miracle de la sainte Épine (27 juillet 1656), p. 946 sq.

Sentence d’approbation du miracle de la sainte Épine (22 octobre 1656), p. 962.

Lettres à Mademoiselle de Roannez (septembre 1656- février 1657), p. 996 sq.

Considérations sur la dévotion à la sainte Épine (anonymes) (février-mars 1657), avec une note sur l’image de la sainte Épine et sur l’histoire de la relique, p. 1086 sq.

Messe et office de la sainte Épine, p. 1120 sq.

Dictionnaire de Port-Royal, article Marguerite Périer, p. 810-813. Voir l’appendice Le miracle à Port-Royal, p. 811-813. Histoire du miracle de la sainte Épine.

JASINSKI René, “Autour de Port-Royal, sur le miracle de la sainte épine”, À travers le XVIIe siècle, Paris, Nizet, 1981, p. 137-157.

MESNARD Jean, "Miracle et mystère", Les Miracles, Communio, Revue catholique internationale, t. XIV, n° 5, septembre-octobre 1989, p. 59-70.

SHIOKAWA Tetsuya, Pascal et les miracles, Paris, Nizet, 1977.