Dossier thématique : La Fronde (1648-1653)

 

Sur la Fronde, consulter

Méthivier Hubert, La Fronde, Paris, Presses Universitaires de France, 1984.

XVIIe siècle, numéro spécial sur la Fronde, 145, octobre-décembre 1984.

Duchêne Roger et Ronzeaud Pierre, éd., La Fronde en questions, Actes du XVIIIe colloque du CMR 17, Publications de l’Université de Provence, 1989.

Cardinal de Retz, Mémoires, II, Œuvres, éd. Hipp, p. 428 et notes. Voir II, 465.

« Ce mot me remet dans la mémoire ce que je crois avoir oublié de vous expliquer dans le premier volume de cet ouvrage. C’est son étymologie, qui n’est pas de grande importance, mais qui ne se doit pas toutefois omettre dans un récit où il n’est pas possible qu’elle ne soit nommée plusieurs fois. Quand le Parlement commença à s’assembler pour les affaires publiques, M. le duc d’Orléans et Monsieur le Prince y vinrent assez souvent, comme vous avez vu, et y adoucirent même quelquefois les esprits. Ce calme n’y était que par intervalles. La chaleur revenait au bout de deux jours, et l’on s’assemblait avec la même ardeur que le premier moment. Bachaumont s’avisa de dire un jour, en badinant, que le Parlement faisait comme les écoliers qui frondent dans les fossés de Paris, qui se séparent dès qu’ils voient le lieutenant civil et qui se rassemblent dès qu’il ne paraît plus. Cette comparaison, qui fut trouvée assez plaisante, fut célébrée par les chansons, et elle refleurit particulièrement lorsque, la paix étant faite entre le Roi et le Parlement, l’on trouva lieu de l’appliquer à la faction particulière de ceux qui ne s’étaient pas accommodés avec la cour. Nous y donnâmes nous-mêmes assez de cours, parce que nous remarquâmes que cette distinction de noms échauffe les esprits. Le président de Bellièvre m’ayant dit que le premier président prenait avantage contre nous de ce quolibet, je lui fis voir un manuscrit de Sainte-Aldegonde, un des premiers fondateurs de la république de Hollande, où il était remarqué que Brederode se fâchant de ce que, dans les premiers commencements de la révolte des Pays-Bas, l’on les appelait les Gueux, le prince d’Orange, qui était l’âme de la faction, lui écrivit qu’il n’entendait pas son véritable intérêt, qu’il en devait être très aise, et qu’il ne manquât pas même de faire mettre sur leurs manteaux de petits bissacs en broderie, en forme d’ordre. Nous résolûmes, dès ce soir-là, de prendre des cordons de chapeaux qui eussent quelque forme de fronde. Un marchand affidé nous en fit une quantité, qu’il débita à une infinité de gens qui n’y entendaient aucune finesse. Nous n’en portâmes que les derniers pour n’y point faire paraître d’affectation qui en eût gâté tout le mystère. L’effet que cette bagatelle fit est incroyable. Tout fut à la mode, le pain, les chapeaux, les canons, les gants, les manchons, les éventails, les garnitures ; et nous fûmes nous-mêmes à la mode encore plus par cette sottise que par l’essentiel. »

Voir ce qu’en dit Montglat dans ses Mémoires, cités in Niderst, Les Français vus par eux-mêmes. Le siècle de Louis XIV, Anthologie des mémorialistes du siècle de Louis XIV, coll. Bouquins, p. 600. Le parlement avait interdit les amusements de certains jeunes excités qui se battaient à coups de fronde dans les fossés de la ville. Un jour « qu’on opinait dans le Grand-Chambre, un président parlant selon le désir de la cour, son fils, qui était conseiller des enquêtes, dit Quand ce sera à mon tour, je fronderai bien l’opinion de mon père. Ce terme fit rire ceux qui étaient auprès de lui, et depuis on nomma ceux qui étaient contre la cour frondeurs. »

OC III, éd. J. Mesnard, p. 477. Une partie du parti dévot, particulièrement des jansénistes, est en liaison avec la Fronde, et marque un attachement à la personne de Retz. Les Périer semblent se rattacher à cette tendance. Pascal fait figure d’isolé dans son entourage sur ce point : il est opposé à toute forme de contestation armée. Voir ce qu’en dit la Vie de Pascal par Gilberte, OC I, éd. J. Mesnard, p. 594 et 633.

Sur le problème de la légitimité de l’insurrection populaire dans l’esprit de l’époque, voir Carrier Hubert, Le labyrinthe de l’État. Essai sur le débat politique en France au temps de la Fronde (1648-1653), Paris, Champion, 2004, p. 209 sq.