Le recueil des papiers originaux des Pensées (suite)

 

Datation de la confection du Recueil

La plupart des éditeurs situent la confection du Recueil juste avant 1711 en s’appuyant sur la date de l’attestation (25 septembre 1711).

Le corps du Recueil est constitué de trois types de feuillets qui se distinguent par leurs filigranes (marques des marchands papetiers), tous de même dimension (Raisin) : A B V, I A SLMR et P P 1. Cela ne signifie pas pour autant que ces papiers ont été achetés en Auvergne, car les papiers produits par cette industrie florissante se vendaient dans toute la France et en Europe.

 1 Les initiales séparées par des cœurs sont la caractéristique des papetiers auvergnats.

A B V :    et le raisin associé :  (contient B V)

I A SLMR :   (Dessin de P. Delaunay) et le raisin associé : .

P P :  et le raisin associé :

 

Selon L. Lafuma, A B V pourraient être les initiales des frères Amable et Benoît Vimal. Pierre Delaunay, “Le papier du manuscrit des Pensées de Blaise Pascal”, Bulletin de la librairie ancienne et moderne, n° 150, décembre 1972, écrit qu’il a aussi trouvé ce filigrane « dès 1667. D’autre part ces fabricants sont nommés ensemble dans des actes de 1702 et 1716, donc pendant la période de confection du Recueil ».

P P pourraient être celles de Pierre Pailhon de Saint-Didier-en-Velay. Delaunay précise que « nous rencontrons en effet ce fabricant dans des actes de 1660 à 1669 ; son moulin était établi au lieu-dit « le Crouzet », et son fils prénommé aussi Pierre, au même lieu, exerçait en 1705. Mais en 1700, il existe aussi un Pierre Pailhon, marchand fabricant de papier à Ambert. Ne serait-ce pas plutôt ce dernier, dont la fabrique est plus proche de Clermont, qui aurait fourni le papier ? »

Quant à I A SLMR, Lafuma pense que ce sont les initiales de Jacques et Antoine Sauvade, père et fils, du lieu du moulin de Richard (LMR).

La reliure : la feuille de garde porte sur la première page un filigrane sur 4 lignes MOYNE./NORMANDIE/MVLENTAIGNE/16 et sur la dernière page de couverture une marque au raisin de 10 cm de haut (écartement des pontuseaux : 25 mm).

    

MVLENTAIGNE : il pourrait s’agir de Marie Anne Lentaigne (1688-1757), marchande papetière, veuve de Julien Lainé ( ? - > 1727), et de son fils Pierre, ou de Michel veuve Lentaigne : Élisabeth Bouchard, son épouse, a repris la suite de Michel Lentaigne après son décès en 1730. Marie et Michel Lentaigne sont issus d’une même famille. Source : J. Villeroy, Papiers et papetiers dans le bocage normand sous l’ancien régime, Société d'Art et d'Histoire, 2 vol., 2004, p. 73.

MOYNE : a peut-être un rapport avec les seigneurs de Sourdeval (vallée de la Sée) qui portaient le nom de Le Moyne. À moins que ce soit le type de chiffon : MOYEN serait devenu MOYNE en inversant par mégarde les lettres E et le N...

La reliure est probablement plus récente (>1730). Selon Z. Tourneur la Copie ms 9203 (C1) était recouverte du même type de couverture verte. Il est donc probable que ces deux documents, qui ont été conservés ensemble, ont été reliés à la même époque. Rappelons que Jean Guerrier a ajouté en bas du premier feuillet de cette Copie : « S’il arrivait que je vienne à mourir il faut faire venir à St Germain-des-Prés ce présent Cahier pour faciliter la lecture de l’original qui y a été déposé. Fait en l’abbaye de st Jean d’Angely ce 1er avril 1723. Fr. Jean Guerrier ». Selon Dom Tassin, Histoire littéraire de la congrégation de Saint-Maur, 1770, p. 788, Jean Guerrier est décédé le 31 octobre 1731. La reliure des deux documents a probablement été réalisée à cette époque.

 

► Description détaillée des cahiers...