Fragment Commencement n° 16 / 16 – Papier original : RO 27-4

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Commencement n° 226 p. 79 v° / C2 : p. 105

Éditions de Port-Royal : Chap. I - Contre l’Indifférence des Athées : 1669 et janv. 1670 p. 12 / 1678 n° 1 p. 11

Éditions savantes : Faugère II, 18 / Havet IX.5 / Brunschvicg 183 / Tourneur p. 228-3 / Le Guern 155 / Lafuma 166 / Sellier 198

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Bibliographie

 

Saint AUGUSTIN, Confessions, Livre II, 3, 7.

SELLIER Philippe, « Des Confessions aux Pensées », Port-Royal et la littérature, Paris Champion, 1999, p. 217-218.

THIROUIN Laurent, “Se divertir, se convertir”, in DESCOTES Dominique (dir.), Pascal auteur spirituel, Paris, Champion, 2006, p. 299-322.  

 

Éclaircissements

 

 

Nous courons sans souci dans le précipice après que nous avons mis quelque chose devant nous pour nous empêcher de le voir.

 

Sellier Philippe, « Des Confessions aux Pensées », Port-Royal et la littérature, Paris Champion, 1999, p. 217-218. Ce fragment est une variation sur une formule des Confessions de saint Augustin, Livre II, 3, 7, « praeceps ibam tanta caecitate » ; voir la traduction par Arnauld d’Andilly : « je courais dans le précipice avec un tel aveuglement ».

Thirouin Laurent, “Se divertir, se convertir”, in Descotes Dominique (dir.), Pascal auteur spirituel, p. 299-322. C’est nous-mêmes qui instituons le divertissement : nous nous le procurons : p. 301 sq. Cela ramène au récit que saint Augustin fait de sa vie avant sa conversion. Pascal y ajoute l’idée que l’homme met lui-même quelque chose devant ses yeux pour s’aveugler : il s’interroge non plus seulement sur l’aveuglement, mais sur sa cause. De ce fait, Pascal souligne la responsabilité des athées dans leur propre malheur : leur aveuglement n’est ni accidentel, ni causé par un autre qu’eux.

Précipice : lieu élevé au pied duquel il y a un abîme, une grande profondeur, où il est dangereux de tomber et de se perdre. Les pays de montagnes ont des rochers affreux et d’horribles précipices (Furetière). Pascal n’écrit pas courir vers le précipice, mais dans le précipice. Cela suggère qu’on y est déjà, ou qu’il n’est plus temps de s’arrêter pour l’éviter.

Ce fragment rappelle Divertissement : le divertissement consiste bien à s’obnubiler sur ce que l’on poursuit pour éviter de voir la mort où l’on court.

La Rochefoucauld, Maximes, 21. « Ceux qu'on condamne au supplice affectent quelquefois une constance et un mépris de la mort qui n'est en effet que la crainte de l'envisager. De sorte qu'on peut dire que cette constance et ce mépris sont à leur esprit ce que le bandeau est à leurs yeux. »