Dossier de travail - Fragment n° 10 / 35  – Papier original : RO 77-2

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : n° 8 p. 193 / C2 : p. 3-4

Éditions de Port-Royal : Chap. II - Marques de la véritable Religion : 1669 et janvier 1670 p. 21-25  / 1678 n° 8 p. 20-23

Éditions savantes : Faugère II, 244, III / Havet XI.5 ter / Brunschvicg 644 / Tourneur p. 301-2 / Le Guern 371 / Lafuma 392 / Sellier 11

 

 

 

 

 

Dans l’édition de Port-Royal

 

Chap. II - Marques de la véritable Religion : 1669 et janvier 1670 p. 21-25  / 1678 n° 8 p. 20-23

       

 

Différences constatées par rapport au manuscrit original

 

Ed. janvier 1670 1

Transcription du manuscrit

 

 [Perpétuité 3 - Laf. 281, Sel. 313] 2 Car Dieu voulant se former un peuple saint qu’il séparerait de toutes les autres nations, qu’il délivrerait de ses ennemis, qu’il mettrait dans un lieu de repos, a promis de le faire, et de venir au monde pour cela ; et il a prédit par ses Prophètes le temps et la manière de sa venue. Et cependant pour affermir l’espérance de ses élus dans tous les temps, il leur en a toujours fait voir des images et des figures, et il ne les a jamais laissés sans des assurances de sa puissance et de sa volonté pour leur salut. Car dans la création de l’homme, Adam en était le témoin, et le dépositaire de la promesse du Sauveur qui devait naître de la femme. Et quoique les hommes étant encore si proches de la création ne pussent avoir oublié leur création 3, et leur chute, et la promesse que Dieu leur avait faite d’un Rédempteur, [Perpétuité 3] 4 Ensuite Dieu a envoyé Noé, [Perpétuité 3] 5 et il l’a sauvé en noyant toute la terre par un miracle qui marquait assez, et le pouvoir qu’il avait de sauver le monde, et la volonté qu’il avait de le faire, et de faire naître de la femme celui qu’il avait promis. Ce miracle suffisait pour affermir l’espérance des hommes ; et la mémoire en étant encore assez fraîche parmi eux, Dieu fit ses promesses à Abraham [Perpétuité 3] 6

 

 

 Dieu voulant se former un peuple saint, qu’il séparerait de toutes les autres nations, qu’il délivrerait de ses ennemis, qu’il mettrait dans un lieu de repos, a promis de le faire et a prédit par ses prophètes le temps et la manière de sa venue. Et cependant, pour affermir l’espérance de ses élus dans tous les temps, il leur en a fait voir l’image, sans les laisser jamais sans des assurances de sa puissance et de sa volonté pour leur salut. Car dans la création de l’homme Adam en était le témoin et le dépositaire de la promesse du Sauveur qui devait naître de la femme, lorsque les hommes étaient encore si proches de la Création qu’ils ne pouvaient avoir oublié leur création et leur chute,Lorsque ceux qui avaient vu Adam n’ont plus été au monde, Dieu a envoyé Noé

et l’a sauvé et noyé toute la terre par un miracle qui marquait assez et le pouvoir qu’il avait de sauver le monde et la volonté qu’il avait de le faire et de faire naître de la semence de la femme celui qu’il avait promis.

Ce miracle suffisait pour affermir l’espérance des [hommes].

La mémoire du déluge étant encore si fraîche parmi les hommes, lorsque Noé vivait encore, Dieu fit ses promesses à Abraham, et lorsque Sem vivait encore, Dieu envoya Moïse, etc.

 

 

1 Conventions : rose = glose des éditeurs ; vert = correction des éditeurs ; marron = texte non retenu par les éditeurs.

2 « Cette Religion qui consiste à croire que l’homme est tombé d’un état de gloire et de communication avec Dieu en un état de tristesse, de pénitence, et d’éloignement de Dieu, mais qu’enfin il serait rétabli par un Messie qui devait venir, a toujours été sur la terre. Toutes choses ont passé, et celle-là a subsisté pour laquelle sont toutes choses. »

3 La correction de cette phrase a été proposée dans la Copie C1.

4 « néanmoins comme dans ce premier âge du monde ils se laissèrent emporter à toutes sortes de désordres, il y avait cependant des Saints, comme Enoch, Lamech, et d’autres qui attendaient en patience le Christ promis dès le commencement du monde. »

5 « qui a vu la malice des hommes au plus haut degré ; »

6 « qui était tout environné d’idolâtres, et il lui fit connaître le mystère du Messie qu’il devait envoyer. Au temps d’Isaac et de Jacob l’abomination était répandue sur toute la terre ; mais ces Saints vivaient en la foi ; et Jacob mourant, et bénissant ses enfants s’écrie par un transport qui lui fait interrompre son discours : J’attends, ô mon Dieu, le Sauveur que vous avez promis, salutare tuum expectabo Domine

Les Égyptiens étaient infectés et d’idolâtrie et de magie ; le peuple de Dieu même était entraîné par leurs exemples. Mais cependant Moïse et d’autres voyaient celui qu’ils ne voyaient pas, et l’adoraient en regardant les biens éternels qu’il leur préparait.

Les Grecs et les Latins ensuite ont fait régner les fausses divinités ; les Poètes ont fait diverses théologies ; les Philosophes se sont séparés en mille sectes différentes : et cependant il y avait toujours au cœur de la Judée des hommes choisis qui prédisaient la venue de ce Messie qui n’était connu que d’eux.

Il est venu enfin en la consommation des temps : et depuis, quoiqu’on ait vu naître tant de schismes et d’hérésies, tant renverser d’Etats, tant de changements en toutes choses ; cette Eglise qui adore celui qui a toujours été adoré a subsisté sans interruption. Et ce qui est admirable, incomparable, et tout à fait divin, c’est que cette Religion qui a toujours duré a toujours été combattue. Mille fois elle a été à la veille d’une destruction universelle ; et toutes les fois qu’elle a été en cet état Dieu l’a relevée par des coups extraordinaires de sa puissance. C’est ce qui est étonnant, et qu’elle s’est maintenue sans fléchir et plier sous la volonté des tyrans. »

 

Commentaire

 

Les éditeurs associent ce fragment à un texte de Perpétuité. Ils suppriment la référence à l’idée de tradition héréditaire.