Pensées - page 84
aux deux ; au lieu que les lieux
où il est découvert sont univoques,
et ne peuvent convenir qu’au sens
spirituel.
De sorte que cela ne pouvait induire
en erreur, et qu’il n’y avait qu’un
peuple aussi charnel que celui-là qui
s’y pût méprendre.
Car quand les biens sont promis en
abondance, qui les empêchait d’entendre
les véritables biens, sinon leur
cupidité qui déterminait ce sens aux
biens de la terre ? Mais ceux qui n’avaient
de biens qu’en Dieu, les rapportaient
uniquement à Dieu. Car il
y a deux principes qui partagent les
volontés des hommes, la cupidité, et
la charité. Ce n’est pas que la cupidité
ne puisse demeurer avec la foi, et que
la charité ne subsiste avec les biens de
la terre. Mais la cupidité use de Dieu,
et jouit du monde ; et la charité au
contraire use du monde et jouit de
Dieu.
Or la dernière fin est ce qui donne
le nom aux choses. Tout ce qui nous
empêche d’y arriver est appelé ennemi.
Ainsi les créatures quoique
bonnes sont ennemies des justes quand
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