Fragment Soumission et usage de la raison n° 9 / 23 – Papier original : RO 277-1
Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Soumission n° 231 p. 81 v° / C2 : p. 108
Éditions de Port-Royal : Chap. XXVIII - Pensées Chrétiennes : 1669 et janv. 1670 p. 242 / 1678 n° 8 p. 234
Éditions savantes : Faugère II, 351, VII / Havet XXIV.13 / Brunschvicg 563 / Tourneur p. 229-5 / Le Guern 164 / Lafuma 175 / Sellier 206
Ce sera une des confusions des damnés de voir qu’ils seront condamnés par leur propre raison par laquelle ils ont prétendu condamner la religion chrétienne.
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Ce fragment, étrange au premier regard, est l’un des rares passages dans lesquels Pascal aborde le problème de la damnation. Il le fait ici dans le cadre de la liasse Soumission et usage de la raison, en envisageant la manière dont les ennemis de la religion chrétienne adoptent envers elle une attitude d’hostilité insolente, prétendument appuyée sur la raison naturelle : les incrédules n’ont pas compris que la raison n’est que faible si elle ne comprend pas qu’elle doit se soumettre dans certaines conditions, pour admettre que certaines vérités la dépassent. Pascal imagine qu’ils seront surpris et confus de constater que c’est l’usage modéré de la raison, qui fait la part de ce qui est à sa portée et de ce qui, relevant de la surnature, la dépasse, qui leur révélera au moment du jugement qu’ils ont fait un mauvais usage, à la fois orgueilleux et borné, de leur raison.
Fragments connexes
Soumission 23 (Laf. 188, Sel. 220). La dernière démarche de la raison est de reconnaître qu'il y a une infinité de choses qui la surpassent, elle n'est que faible si elle ne va jusqu'à connaître cela.
Miracles III (Laf. 896, Sel. 448). Mon Dieu que ce sont de sots discours. Dieu aurait-il fait le monde pour le damner, demanderait-il tant de gens si faibles, etc. Pyrrhonisme est le remède à ce mal et rabattra cette vanité.