Fragment Transition n° 7 / 8  – Le papier original est perdu

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Transition n° 260 p. 101 / C2 : p. 129

Éditions savantes : Faugère II, 224, CLII / Havet XXV.17 bis / Brunschvicg 206 / Le Guern 187 / Lafuma 201 / Sellier 233

 

 

 

Le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie.

 

 

Cette célèbre réflexion, que Pascal attribue certainement à l’incrédule placé devant le monde infini issu de la révolution cosmologique du XVIIe siècle, revêt un caractère tragique ; mais l’effroi qui s’y exprime est destiné dans la liasse Transition à se métamorphoser en admiration, notamment dans Transition 4 (Laf. 199, Sel. 230), Disproportion de l’homme.

 

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Fragments connexes

 

Transition 3 (Laf. 198, Sel. 229). En voyant l’aveuglement et la misère de l’homme, en regardant tout l’univers muet et l’homme sans lumière abandonné à lui‑même, et comme égaré dans ce recoin de l’univers sans savoir qui l’y a mis, ce qu’il y est venu faire, ce qu’il deviendra en mourant, incapable de toute connaissance, j’entre en effroi comme un homme qu’on aurait porté endormi dans une île déserte et effroyable, et qui s’éveillerait sans connaître et sans moyen d’en sortir.

Transition 4 (Laf. 199, Sel. 230). Qui se considérera de la sorte s’effraiera de soi-même et se considérant soutenu dans la masse que la nature lui a donnée entre ces deux abîmes de l’infini et du néant, il tremblera dans la vue de ces merveilles et je crois que sa curiosité se changeant en admiration il sera plus disposé à les contempler en silence qu’à les rechercher avec présomption.

Pensées diverses (Laf. 780, Sel. 644). J’admire avec quelle hardiesse ces personnes entreprennent de parler de Dieu. En adressant leurs discours aux impies leur premier chapitre est de prouver la divinité par les ouvrages de la nature. Je ne m’étonnerais pas de leur entreprise s’ils adressaient leurs discours aux fidèles, car il est certain [que ceux] qui ont la foi vive dedans le cœur voient incontinent que tout ce qui est n’est autre chose que l’ouvrage du Dieu qu’ils adorent, mais pour ceux en qui cette lumière est éteinte et dans lesquels on a dessein de la faire revivre, ces personnes destituées de foi et de grâce, qui recherchant de toute leur lumière tout ce qu’ils voient dans la nature qui les peut mener à cette connaissance ne trouvent qu’obscurité et ténèbres, dire à ceux-là qu’ils n’ont qu’à voir la moindre des choses qui les environnent et qu’ils y verront Dieu à découvert et leur donner pour toute preuve de ce grand et important sujet le cours de la lune et des planètes et prétendre avoir achevé sa preuve avec un tel discours c’est leur donner sujet de croire que les preuves de notre religion sont bien faibles et je vois par raison et par expérience que rien n’est plus propre à leur en faire naître le mépris.

 

Mots-clés : EffroiEspaceInfini.