Pensées diverses I – Fragment n° 24 / 37 – Papier original : RO 109-2

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : n° 99 p. 339 v°  / C2 : p. 293

Éditions de Port-Royal : Chap. XXVIII - Pensées chrestiennes : 1669 et janvier 1670 p. 265-266 /

1678 n° 56 p. 258

Éditions savantes : Faugère II, 232, XXV ; I, 215, CXX (Vallant) / Havet XXIV.34, XXV.118 ter (Vallant) / Brunschvicg 263 / Tourneur p. 79-4 / Le Guern 491 / Lafuma 574 (série XXIII) / Sellier 477

 

 

 

 

 

Dans l’édition de Port-Royal

 

Chap. XXVIII - Pensées chrestiennes : 1669 et janvier 1670 p. 265-266 / 1678 n° 56 p. 258

       

 

Différences constatées par rapport au manuscrit original

 

Ed. janvier 1670 1

Transcription du manuscrit

 

 Un miracle, dit-on, affermirait ma créance. On parle ainsi quand on ne le voit pas. Les raisons qui étant vues de loin semblent borner notre vue, ne la bornent plus quand on y est arrivé. On commence à voir au-delà. Rien n’arrête la volubilité de notre esprit. Il n’y a point, dit-on, de règle qui n’ait quelque exception, ni de vérité si générale qui n’ait quelque face par où elle manque. Il suffit qu’elle ne soit pas absolument universelle, pour nous donner prétexte d’appliquer l’exception au sujet présent, et de dire : cela n’est pas toujours vrai ; donc il y a des cas où cela n’est pas. Il ne reste plus qu’à montrer que celui-ci en est, et il faut être bien maladroit si on n’y trouve quelque jour.

 

 

Un miracle, dit‑on, affermirait ma créance. On le dit quand on ne le voit pas. Les raisons qui, étant vues de loin, paraissent borner notre vue, mais quand on y est arrivé, on commence à voir encore au‑delà : rien n’arrête la volubilité de notre esprit. Il n’y a point, dit‑on, de règle qui n’ait quelque exception, ni de vérité si générale qui n’ait quelque face par où elle manque. Il suffit qu’elle ne soit pas absolument universelle pour nous donner sujet d’appliquer l’exception au sujet présent et de dire cela n’est pas toujours vrai, donc il y a des cas où cela n’est pas. Il ne reste plus qu’à montrer que celui‑ci en est. Et c’est à quoi on est bien maladroit ou bien malheureux si on ne trouve quelque jour.

 

1 Conventions : rose = glose des éditeurs ; vert = correction des éditeurs ; marron = texte non retenu par les éditeurs.

 

Les Portefeuilles Vallant ont conservé une copie d’une des phrases de l’article, p. 55 :

 

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les raisons qui estant veues de loin semblent borner

nostre veue    quand on y est arrive ne la bornent

plus on comence a voir au dela.

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Cette copie, dont nous signalons les différences avec le manuscrit original, reproduit un état intermédiaire du travail effectué par le Comité éditorial. Cette phrase a été publiée par P. Faugère puis E. Havet.

 

Commentaire

 

Prétexte est plus sévère que sujet, dans la mesure où le mot suggère quelque mauvaise foi, alors que ce n’est pas le cas pour sujet, qui peut désigner une raison alléguée de bonne foi.