Miracles II  – Fragment n° 5 / 15 – Papier original : RO 125-1

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : n° 192 p. 443 v°-445 / C2 : p. 241-242

Éditions de Port-Royal : Chap. XXVII - Pensées sur les miracles : 1669 p. 222 et 228 et janv. 1670 p. 223 et 228 / 1678 n° 6 p. 216 et n° 9 p. 221

Éditions savantes : Faugère II, 230, XXIII / Havet XXIII.7, 16 ; XXV.150 / Brunschvicg 829 / Tourneur p. 146 / Le Guern 685 / Lafuma 841 (série XXXIII, notée XXXII par erreur) / Sellier 426

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Bibliographie

 

 

Voir le dossier thématique sur le miracle de la sainte Épine.

ADAM Michel, “La signification du miracle dans la pensée de Pascal”, Revue philosophique de la France et de l’étranger, n° 4, octobre-décembre 1981, Paris, Presses Universitaires de France, p. 401-423.

LHERMET J., Pascal et la Bible, Paris, Vrin, 1931.

MESNARD Jean, Les Pensées de Pascal, 2e éd., Paris, SEDES-CDU, 1993.

SHIOKAWA Tetsuya, Pascal et les miracles, Paris, Nizet, 1977.

 

 

Éclaircissements

 

Jésus-Christ dit que les Écritures témoignent de lui, mais il ne montre point en quoi.

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Même les prophéties ne pouvaient pas prouver Jésus-Christ pendant sa vie, et ainsi on n’eût point été coupable de ne point croire en lui avant sa mort, si les miracles n’eussent pas suffi sans la doctrine. Or ceux qui ne croient pas en lui encore vivant étaient pécheurs, comme il le dit lui‑même, et sans excuse. Donc il fallait qu’ils eussent une démonstration à laquelle ils résistassent. Or ils n’avaient pas l’Écriture, mais seulement les miracles, donc ils suffisent quand la doctrine n’est pas contraire. Et on doit y croire.

 

Jésus-Christ dit que les Écritures témoignent de lui : voir Jean, V, 39 : « Lisez avec soin les Écritures, puisque vous croyez y trouver la vie éternelle ; et ce sont elles qui rendent témoignage de moi. »

Voir aussi Jean, V, 46. « Si enim crediritis Moysi, crederitis forsitan et mihi ; de me enim ille scripsit ». Tr. de Port-Royal : « Car si vous croyiez Moïse, vous me croiriez aussi ; parce que c’est de moi qu’il a écrit ».

Sans excuse : allusion à Jean, XV, 22 et 24. Voir plus bas.

Shiokawa Tetsuya, Pascal et les miracles, p. 131, renvoie au fragment Miracles II (Laf. 846, Sel. 429), qui contient le même argument : Jésus-Christ a vérifié qu’il était le Messie, jamais en vérifiant sa doctrine sur l’Écriture ou les prophéties, et toujours par ses miracles. Il prouve qu’il remet les péchés par un miracle. [...] S’ils ne croient point Moïse, ils ne croiront pas un ressuscité. Nicodème reconnaît par ses miracles que sa doctrine est de Dieu. Scimus quia venisti a Deo magister, nemo enim potest facere quae tu facis nisi Deus fuerit cum illo. Il ne juge pas des miracles par la doctrine, mais la doctrine par les miracles. Les Juifs avaient une doctrine de Dieu comme nous en avons une de Jésus-Christ. Et confirmée par miracles et défense de croire à tous faiseurs de miracles ; et de plus ordre de recourir aux grands prêtres et de s’en tenir à eux. Et ainsi toutes les raisons que nous avons pour refuser de croire les faiseurs de miracles, ils les avaient à l’égard de leurs prophètes. Et cependant ils étaient très coupables de refuser les prophètes à cause de leurs miracles et Jésus-Christ. Et n’eussent point été coupables s’ils n’eussent point vu les miracles. Nisi fecissem peccatum non haberent. Donc toute la créance est sur les miracles.

Pascal cite Jean, XV, 22, « Si non venissem et locutus fuissem eis peccatum non haberent : nunc autem excusationem non habent de peccato suo ».

Tr. de Port-Royal : « Si je n’étais point venu, et que je ne leur eusse point parlé, ils n’auraient point le péché qu’ils ont : mais maintenant ils n’ont point d’excuse de leur péché ».

Commentaire de Port-Royal : « Si je n’étais point venu vers les Juifs en m’incarnant au milieu d’eux, selon les oracles des prophètes ; si je ne leur avais point prouvé par plusieurs raisons, que le temps était arrivé que toutes les ombres et les figures doivent passer pour faire à la vérité, ; si je ne leur avais point montré par la loi même, que le Christ, figuré anciennement et prédit dans les Écritures, était venu, en leur faisant voir que c’était de moi, Moïse avait écrit ; si enfin je ne leur avais pas fait remarquer la parfaite conformité de ma doctrine avec tous les témoignages de mes prophètes, et le caractère de mon avènement dans le monde, tracé dans leurs différentes prédictions, ils ne seraient pas coupables, comme ils sont, d’un péché aussi énorme qu’est celui de l’incrédulité, et de leur opiniâtreté inflexible à rejeter la vérité que je leur ai annoncée ».

Mais Pascal suit aussi Jean, XV, 24, qui est très proche du précédent.

Jean, XV, 24. « Si opera non fecissem in eis, quae nemo alius fecit, peccatum non haberent : nunc autem et viderunt et oderunt me, et Patrem meum ».

Tr. de Port-Royal : Si je n’avais point fait parmi eux des œuvres qu’aucun autre n’a faites, ils n’auraient point le péché qu’ils ont : mais maintenant ils les ont vues, et ils ont haï et moi et mon Père. »

Commentaire de Port-Royal : « S’il ne fût point venu, et ne leur eût point paré comme il avait fait pendant trois ans, ils ne se seraient point rendus coupables de ce péché d’incrédulité ; Il ajoute, pour faire voir davantage la grandeur de ce péché : Qu’il avait fait même parmi eux des œuvres que nul autre n’avait faites, ayant prouvé par la multitude de ses miracles, et surtout de ses guérisons miraculeuses, et par la facilité avec laquelle il les faisait, l’empire absolu qu’il avait sur la nature : et cependant refusant d’ajouter foi à leurs propres yeux, qui avaient été témoins de tous ces prodiges, ils ne laissaient pas de le haïr, lui et son Père. Mais comment, dit saint Augustin [August. In Joan. tract. 90], auraient-ils aimé le Père de la vérité, eux qui haïssaient la vérité même ? ». La suite de la note insiste sur le fait que « jamais haine n’a été plus mal fondée que celle des Juifs envers Jésus-Christ » : « funeste exemple des tristes effets que l’orgueil produit dans l’esprit de l’homme ». Mais rien ne vient expliquer l’affirmation « on n’eût point été coupable de ne point croire en lui avant sa mort », ou « Si opera non fecissem in eis, [...] peccatum non haberent ». Mais ç’aurait été le cas si les miracles n’eussent pas suffi sans la doctrine : « nunc autem excusationem non habent de peccato suo. »

Soumission 14 (Laf. 180, Sel. 211). Jésus-Christ a fait des miracles et les apôtres ensuite. Et les premiers saints en grand nombre, parce que les prophéties n’étant pas encore accomplies, et s’accomplissant par eux, rien ne témoignait que les miracles. Il était prédit que le Messie convertirait les nations. Comment cette prophétie se fût-elle accomplie sans la conversion des nations, et comment les nations se fussent-elles converties, au Messie, ne voyant pas ce dernier effet des prophéties qui le prouvent. Avant donc qu’il ait été mort, ressuscité et converti les nations tout n’était pas accompli et ainsi il a fallu des miracles pendant tout ce temps. Maintenant il n’en faut plus contre les Juifs, car les prophéties accomplies sont un miracle subsistant.

Mesnard Jean, Les Pensées de Pascal, 2e éd., 1993, p. 253. Pour discerner entre chrétiens et Juifs, les miracles ne sont plus nécessaires, et les prophéties suffisent. Discerner entre chrétiens et juifs, c’est a fortiori discerner entre chrétiens et païens.

Pascal semble un peu éloigné de ce que suggèrent les notes de la Bible de Port-Royal : d’après celles-ci, le Christ a pu souligner de nombreux indices qui permettaient de le reconnaître à travers les prophéties. Pascal estime que Jésus-Christ dit que les Écritures témoignent de lui, mais il ne montre point en quoi.

Or c’est sur ce principe que repose son raisonnement. Ce genre d’argumentation serrée rappelle nettement celles que l’on trouve dans la Lettre sur la possibilité des commandements sur la grâce efficace.

1. Jésus-Christ dit que ceux qui ne croyaient pas en lui de son vivant étaient pécheurs.

2. Donc pour pouvoir être coupables, ils devaient résister à une preuve.

3. Les Écritures et même les prophéties n’étaient pas suffisantes pour montrer en quoi Jésus était le Messie annoncé par les prophètes.

4. Donc les Juifs ne pouvaient être coupables de ne pas croire en lui avant sa mort.

5. Donc ils devaient résister à une autre preuve qui, elle, devait être suffisante.

6. Ils avaient les miracles, et ils n’avaient que les miracles.

7. Donc les miracles étaient la preuve.

8. Donc les miracles étaient une preuve suffisante.

9. Donc ils devaient y croire, et ils étaient coupables de ne pas les croire.

Les dernières lignes ajoutent une clause supplémentaire, qui n’est pas explicitée : quand la doctrine n’est pas contraire.

Shiokawa Tetsuya, Pascal et les miracles, p. 131. Les miracles du Christ sont preuve de divinité : p. 132. Renvoi au fragment Miracles II (Laf. 846, Sel. 429), qui contient le même argument.

 

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Jeh., 7, 40. Contestation entre les Juifs comme entre les chrétiens aujourd’hui.

Les uns croient en Jésus-Christ, les autres ne le croient pas à cause des prophéties qui disaient qu’il devait naître de Bethléem.

Ils devaient mieux prendre garde s’il n’en était pas, car ses miracles étant convaincants, ils devaient bien s’assurer de ces prétendues contradictions de sa doctrine à l’Écriture, et cette obscurité ne les excusait pas, mais les aveuglait.

 

La référence initiale placée en addition en marge de gauche n’annonce pas une citation : c’est une simple référence.

Jean, VII, 40-44. « Ex illa ergo turba, cum audissent hos sermones ejus, dicebant : Hic est vere propheta. 41. Alii dicebant : Hic est Christus. Quidam autem dicebant : Numquid a Galilaea venit Christus ? 42. Nonne Scriptura dicit : Quia ex semine David et, et de Bethlehem castello ubi erat David, venit Christus ? 43. Dissensio itaque facta est in turba propter eum : 44. Quidam autem ex ipsis volebant apprehendere eum : sed nemo misit super eum manus ».

Tr. de Port-Royal : « Cependant plusieurs d’entre le peuple écoutant ces paroles, disaient : Cet homme est assurément un prophète. 41. D’autres disaient : C’est le Christ. Et quelques autres disaient au contraire : Mais le Christ viendra-t-il de Galilée ? 42. L’Écriture ne dit-elle pas, Que le Christ viendra de la race de David, et de la petite ville de Bethléem, où était David ? 43. Le peuple était ainsi divisé sur son sujet : 44. Et quelques-uns d’entre eux avaient envie de le prendre : mais néanmoins personne ne mit la main sur lui. »

Le commentaire de Port-Royal à ce passage insiste sur la responsabilité des pharisiens et des docteurs de la loi dans ces divisions : « C’était, selon saint Cyrille [Cyrill. In Joan. p. 476], un grand malheur à ce peuple, de n’avoir point de pasteurs qui pussent alors leur servir de guides pour les conduire à la connaissance de la vérité des prophéties. Car comme ceux-mêmes qui auraient dû les éclairer, cette troupe de pharisiens superbes et pleins d’eux-mêmes, comme il les appelle, les entraînaient après eux, et ne servaient qu’à les embrouiller de plus en plus, il ne faut pas s’étonner qu’ils se trouvassent partagés de sentiments sur la personne de Jésus-Christ. Les uns disaient : Qu’il était assurément un prophète, ou selon l’explication du même saint, ce prophète par excellence que Moïse leur avait promis ; les autres : Que c’était le Christ [Deut., 18, 15] ; d’autres au contraire : Que le Christ ne devait pas venir de Galilée [Luc, 4, 16], car ils regardaient Jésus comme étant de Nazareth, à cause qu’il y avait été élevé, quoiqu’il y en eût qui n’ignorassent pas qu’il était de Bethléem. Quelques-uns enfin, étant sans doute animés par les pharisiens et par les prêtres, voulaient se saisir de lui pour le livrer entre leurs mains. Ainsi ce n’était que confusion parmi ces peuples qui manquaient de chefs, ou dont les chefs mêmes étaient des furieux, que l’orgueil et la jalousie empêchaient de reconnaître Jésus pour le Christ ».

Shiokawa, Pascal et les miracles, p. 159-160. Commentaire de ce fragment. Les pharisiens ont refusé de croire les miracles du Christ au nom de la loi judaïque, parce que Jésus a fait des miracles le jour du sabbat ; ils ont refusé de voir en lui le Messie, malgré ses miracles, car ils admettaient qu’aucun prophète ne devait sortir de Nazareth, alors que Jésus était originaire de Bethléem. Mais les miracles étant signes de vérité, ils n’auraient pas dû rejeter légèrement ceux de Jésus, sans se demander d’abord si les actions du Christ se conformaient au véritable sens de la doctrine traditionnelle. Ils auraient dû se demander si la guérison de l’aveugle-né un jour de sabbat ne s’accordait pas avec la loi d’amour du prochain. Cet argument s’applique aux miracles de la sainte Épine : les jésuites auraient mieux fait de s’informer sérieusement si les cinq propositions se trouvaient dans l’Augustinus, au lieu de récuser par avance les miracles de Port-Royal.

Pascal prend pour principe que Dieu doit aux hommes de ne les point induire en erreur (Miracles II - Laf. 840, Sel. 428). Par conséquent, il fallait chercher ce qu’il y avait de vérité dans les miracles, et non prétexter de la contradiction pour refuser d’y aller voir.

Ces prétendues contradictions de sa doctrine à l’Écriture : il ne s’agit pas ici de contradictions de nature logique, comme celles dont il est question dans Loi figurative, mais de désaccord entre les prophéties et les événements de la vie du Christ, notamment dans le cas présent, sur le lieu de naissance du Messie.

Quelle contradiction chimérique ? (voir le § suivant). Dans le chapitre VII, v. 36 de Jean, il est question de contrariétés que les Juifs relèvent dans les paroles du Christ : « Que signifie cette parabole qu’il vient de dire : Vous me chercherez, et vous ne me trouverez point ; et vous ne pouvez venir où je suis ». mais les versets 41-42 et 52 portent sur un autre point : les uns disent « que le Christ viendra de la race de David, et de la petite ville de Bethléem où était David », d’autres disent : « Lisez avec soin des Écritures, et apprenez qu’il ne sort point de prophète de Galilée », ce qui est aussi une contradiction.

Cette obscurité ne les excusait pas, mais les aveuglait : en droit, l’ignorance ou l’obscurité, lorsqu’elle est involontaire, excuse le péché. Mais dans le cas des ennemis du Christ, il ne s’agit pas d’obscurité involontaire. Comme il était facile de savoir d’où venait Jésus, celle dont il s’agit s’apparente à un refus de s’informer qui, au contraire, aggrave leur responsabilité.

 

Ainsi ceux qui refusent de croire les miracles d’aujourd’hui pour une prétendue contradiction chimérique ne sont pas excusés.

 

Brunschvicg minor interprète la phrase entière comme le titre du paragraphe qui suit.

Il s’agit vraisemblablement des ennemis de Port-Royal. Mais sur quel point allèguent-ils une contradiction, dont Pascal estime qu’elle est chimérique ?

L’allusion à Jean, VII, 40, cité plus haut, tendrait à interpréter le mot de contradiction au sens de querelle ou de conflit : « Contestation entre les Juifs comme entre les chrétiens aujourd’hui. » GEF XIV, p. 202, n. 5, renvoie à Jean, v. 43 : « Dissensio itaque facta est in turba propter eum ».

Mais il semble que la phrase impose plutôt le sens d’incompatibilité logique (qui entraîne par contrecoup une dissension entre les parties).

Pascal pense peut-être aux jésuites placés devant le miracle de la sainte Épine : Havet, éd. des Pensées, II, Paris, Delagrave, 1866, p. 84, interprète ce passage comme suit : les ennemis de Port-Royal disaient qu’il « était contradictoire que Dieu fît des miracles pour les jansénistes, condamnés par l’Église de Dieu et par son vicaire. Et Pascal répond que la contradiction n’est qu’apparente, parce que l’hérésie condamnée n’était pas la véritable doctrine de Jansénius et des siens ».

L’édition Les Provinciales, Pensées et opuscules divers de La Pochothèque, 2004, p. 1047, indique qu’il s’agit d’une contradiction entre la doctrine de Port-Royal et celle de l’Église. Cette interprétation est compatible avec la précédente.

Elle est du reste confirmée par l’expression prétendues contradictions de sa doctrine à l’Écriture que l’on trouve dans les lignes précédentes.

 

Le peuple qui croyait en lui sur ses miracles, les pharisiens leur disent : Ce peuple est maudit qui ne sait pas la Loi. Mais y a‑t‑il un prince ou un pharisien qui ait cru en lui ? Car nous savons que nul prophète ne sort de Galilée. Nicodème répondit : Notre Loi juge‑t‑elle un homme devant que de l’avoir ouï ?

 

Nicodème est un pharisien, et un membre du Sanhédrin ; c’est pourtant l’un des premiers disciples de Jésus-Christ, qu’il défend contre ses collègues qui cherchent à le piéger (Jean, III, 1-21).

Les autres pharisiens tentent de discréditer les miracles du Christ, en invoquant les prophéties qui affirment qu’aucun prophète ne sort de Galilée.

Pascal inverse l’ordre des arguments dans la discussion : l’objection de Nicomède, dans Jean, VIII, vient v. 50-51, mais l’argument des princes et docteurs sur la Galilée vient au v. 52.

Jean, VII, 43-53. « Dissensio itaque facta est in turba propter eum : 44. quidam autem ex ipsis volebant adprehendere eum : sed nemo misit super illum manus. 45. Venerunt ergo ministri ad pontifices et pharisaeos, et dixerunt eis illi : Quare non adduxistis illum ? 46. Responderunt ministri : Nunquam sic locutus est homo, sicut hic homo. 47. Responderunt ergo eis pharisaei : Numquid et vos seducti estis ? 48. Numquid ex principibus aliquis credidit in eum, aut ex pharisaeis ? 49. Sed turba haec, quae non novit legem, maledicti sunt. 50. Dixit Nicodemus ad eos, ille qui venit ad eum nocte, qui unus erat ex ipsis. 51. Numquid lex nostra judicat hominem, nisi prius audierit ab ipso, et cognoverit quid faciat ? 52. Responderunt, et dixerunt ei : Numquid et tu Galilaeus es ? Scrutare Scripturas, vide quia a Galilaea propheta non surgit. 53. Et reversi sunt unusquisque in domum suam ».

Trad. de Port-Royal : « Le peuple était ainsi divisé sur son sujet : 44. Et quelques-uns d’entre eux avaient envie de le prendre : mais néanmoins personne ne mit la main sur lui. 45. Les archers retournèrent donc vers les princes des prêtres et les pharisiens, qui leur dirent : Pourquoi ne l’avez-vous pas amené ? 46. Les archers leur répondirent : Jamais homme n’a parlé comme cet homme. 47. Les pharisiens leur répliquèrent : Etes-vous donc aussi vous-mêmes séduits ? 48. Y a-t-il quelqu’un des sénateurs ou des pharisiens qui ait cru en lui ? 49. Car pour cette populace qui ne sait ce que c’est que la loi, ce sont des gens maudits de Dieu. 50. Sur cela Nicodème, l’un d’entre eux, et le même qui était venu trouver Jésus la nuit, leur dit : 51. Notre loi permet-elle de condamner personne sans l’avoir ouï auparavant, et sans s’être informé de ses actions ? 52. Ils lui répondirent : Est-ce que vous êtes aussi Galiléen ? Lisez avec soin les Écritures, et apprenez qu’il ne sort point de prophète de Galilée. 53. Et chacun s’en alla en sa maison ».

Lhermet J., Pascal et la Bible, p. 483. Voir Miracles II (Laf. 846, Sel. 429) : Jésus-Christ a vérifié qu’il était le Messie, jamais en vérifiant sa doctrine sur l’Écriture ou les prophéties, et toujours par ses miracles. […] Nicodème reconnaît par ses miracles que sa doctrine est de Dieu. Scimus quia venisti a Deo magister, nemo enim potest facere quae tu facis nisi Deus fuerit cum illo. Il ne juge pas des miracles par la doctrine, mais de la doctrine par les miracles.

Nicodème reconnaît, sur la vue des miracles, que la doctrine du Christ est bien de Dieu, ce qui vérifie que les faits invoqués sont d’ordre surnaturel.

Ne condamner personne sans l’avoir ouï auparavant : Deutéronome I, 16 et XVII, 4.

Nul prophète ne sort de Galilée : la Bible de Louvain (1550) traduit : « Prophète ne vient pas de Galilée ». La Bible de Jérusalem traduit Jean, VII, 52, « Ce n’est pas de la Galilée que surgit le prophète ».