Fragment Misère n° 6 / 24 – Papier original : RO 67-8
Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Misère n° 79 p. 15 et 15 v° / C2 : p. 34
Éditions savantes : Faugère I, 188, XXXI / Havet VI.10 / Michaut 192 / Brunschvicg 332 / Tourneur p. 181-3 / Le Guern 54 / Maeda II p.239 / Lafuma 58 / Sellier 91
Tyrannie.
La tyrannie est de vouloir avoir par une voie ce qu’on ne peut avoir que par une autre. On rend différents devoirs aux différents mérites : devoir d’amour à l’agrément, devoir de crainte à la force, devoir de créance à la science. On doit rendre ces devoirs‑là, on est injuste de les refuser, et injuste d’en demander d’autres. Ainsi ces discours sont faux et tyranniques. « Je suis beau, donc on doit me craindre. Je suis fort, donc on doit m’aimer. Je suis... » Et c’est de même être faux et tyrannique de dire : « Il n’est pas fort, donc je ne l’estimerai pas. Il n’est pas habile, donc je ne le craindrai pas ».
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Ce fragment marque le deuxième temps de la réflexion de Pascal sur la tyrannie, entamée dans Misère 7. Il y procède à une généralisation de la notion de tyrannie, qu’il rend assez précise et assez formelle pour pouvoir s’appliquer à tous les domaines de la politique, de la science, et même, ce qui paraît assez surprenant, de l’esthétique.
Fragments connexes
Mots-clés : Beau – Devoir – Fort – Injustice – Mérite – Tyrannie.