L’édition de Port-Royal de 1678

 

 

 

Pensées - page 227

de précepte, non pas l’autre.

18. 1  Il y a si peu de personnes à qui

Dieu se fasse paraître par ces coups

extraordinaires, qu’on doit bien profiter

de ces occasions ; puisqu’il ne

sort du secret de la nature qui le couvre ;

que pour exciter notre foi à le

servir avec d’autant plus d’ardeur que

nous le connaissons avec plus de certitude.

Si Dieu se découvrait continuellement

aux hommes, il n’y aurait point

de mérite à le croire ; et s’il ne se découvrait

jamais, il y aurait peu de foi.

Mais il se cache ordinairement, et se

découvre rarement à ceux qu’il veut

engager dans son service. Cet étrange

secret dans lequel Dieu s’est retiré,

impénétrable à la vue des hommes,

est une grande leçon pour nous porter

à la solitude, loin de la vue des

hommes. Il est demeuré caché sous le

voile de la nature, qui nous le couvre,

jusques à l’Incarnation ; et quand

il a fallu qu’il ait paru, il s’est encore

plus caché en se couvrant de l’humanité.

Il était bien plus reconnaissable

quand il était invisible, que

non pas quand il s’est rendu visible.

 

1 Provient de la IVe lettre à Mlle de Roannez, datée du 29 octobre 1656.

 

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