Pensées diverses III – Fragment n° 14 / 85 – Papier original : RO 437-5

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : n° 119 p. 369 / C2 : p. 325

Éditions de Port-Royal : Chap. XXVIII - Pensées chrestiennes : 1669 et janvier 1670 p. 259 / 1678 n° 42 p. 252

Éditions savantes : Faugère I, 216, CXXVI / Havet VI.48 / Brunschvicg 372 / Tourneur p. 98-2 / Le Guern 555 / Lafuma 656 (série XXV) / Sellier 540

 

 

 

En écrivant ma pensée, elle m’échappe quelquefois. Mais cela me fait souvenir de ma faiblesse que j’oublie à toute heure, ce qui m’instruit autant que ma pensée oubliée, car je ne tiens qu’à connaître mon néant.

 

 

Réflexion morale sur la faiblesse et la fragilité de la pensée de l’homme, qui est pourtant censée faire sa grandeur.

 

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Fragments connexes

 

Vanité 23 (Laf. 36, Sel. 70). Qui ne voit pas la vanité du monde est bien vain lui-même.

Aussi qui ne la voit, excepté de jeunes gens qui sont tous dans le bruit, dans le divertissement et dans la pensée de l’avenir ?

Mais ôtez leur divertissement vous les verrez se sécher d’ennui.

Ils sentent alors leur néant sans le connaître, car c’est bien être malheureux que d’être dans une tristesse insupportable, aussitôt qu’on est réduit à se considérer, et à n’en être point diverti.

Transition 4 (Laf. 199, Sel. 230). Qui n’admirera que notre corps, qui tantôt n’était pas perceptible dans l’univers imperceptible lui-même dans le sein du tout, soit à présent un colosse un monde ou plutôt un tout à l’égard du néant où l’on ne peut arriver. Qui se considérera de la sorte s’effraiera de soi-même et se considérant soutenu dans la masse que la nature lui a donnée entre ces deux abîmes de l’infini et du néant il tremblera dans la vue de ses merveilles et je crois que sa curiosité se changeant en admiration il sera plus disposé à les contempler en silence qu’à les rechercher avec présomption.

Conclusion 2 (Laf. 378, Sel. 410). La conversion véritable consiste à s’anéantir devant cet être universel qu’on a irrité tant de fois et qui peut vous perdre légitimement à toute heure, à reconnaître qu’on ne peut rien sans lui et qu’on n’a rien mérité de lui que sa disgrâce. Elle consiste à connaître qu’il y a une opposition invincible entre Dieu et nous et que sans un médiateur il ne peut y avoir de commerce.

Preuves par discours I (Laf. 418, Sel. 680). L’unité jointe à l’infini ne l’augmente de rien, non plus que un pied à une mesure infinie ; le fini s’anéantit en présence de l’infini et devient un pur néant. Ainsi notre esprit devant Dieu, ainsi notre justice devant la justice divine. Il n’y a pas si grande disproportion entre notre justice et celle de Dieu qu’entre l’unité et l’infini.

Pensées diverses (Laf. 542, Sel. 459). Hasard donne les pensées, et hasard les ôte. Point d’art pour conserver ni pour acquérir.

Pensée échappée je la voulais écrire ; j’écris au lieu qu’elle m’est échappée. (texte barré verticalement)

 

Mots-clés : FaiblesseNéant – Oublier – Pensée.