Dossier de travail - Fragment n° 11 / 35 – Papier original : RO 487-6

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : n° 9 p. 193 / C2 : p. 4

Éditions de Port-Royal : Chap. II - Marques de la véritable religion : 1669 et janvier 1670 p. 19-20 / 1678 n° 2 p. 18

Éditions savantes : Faugère II, 141, I / Havet XI.2 / Brunschvicg 442 / Tourneur p. 302-1 / Le Guern 372 / Lafuma 393 / Sellier 12

 

 

 

La vraie nature de l’homme, son vrai bien et la vraie vertu et la vraie religion sont choses dont la connaissance est inséparable.

 

 

Maxime d’apparence simple, mais qui recouvre un procédé complexe dans la pensée de Pascal. Elle ne signifie pas seulement que la vérité sur la nature humaine, le bien qui y répond, la vertu et la religion sont toutes associées : Pascal dit qu’elles sont inséparables, autrement dit que leur solidarité est nécessaire. Cela implique que leur connaissance est aussi nécessaire, et que l’on ne peut connaître un de ces termes sans connaître les autres. De sorte qu’il existe un chemin logique qui, lorsque l’un est connu, conduit nécessairement aux autres. Pascal donne ici l’idée fondamentale de la méthode du livre qu’il projetait, dont l’argumentation est fondée sur l’idée que seule la religion chrétienne permet à l’homme de se connaître et de savoir quels sont ses devoirs et son vrai bien.

 

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Fragments connexes

 

A P. R. 1 (Laf. 149, Sel. 182). A P.R. Commencement, après avoir expliqué l’incompréhensibilité.

Les grandeurs et les misères de l’homme sont tellement visibles qu’il faut nécessairement que la véritable religion nous enseigne et qu’il y a quelque grand principe de grandeur en l’homme et qu’il y a un grand principe de misère.

Il faut encore qu’elle nous rende raison de ces étonnantes contrariétés.

Il faut que pour rendre l’homme heureux elle lui montre qu’il y a un Dieu, qu’on est obligé de l’aimer, que notre vraie félicité est d’être en lui, et notre unique mal d’être séparé de lui, qu’elle reconnaisse que nous sommes pleins de ténèbres qui nous empêchent de le connaître et de l’aimer, et qu’ainsi nos devoirs nous obligeant d’aimer Dieu et nos concupiscences nous en détournant nous sommes pleins d’injustice. Il faut qu’elle nous rende raison de ces oppositions que nous avons à Dieu et à notre propre bien. Il faut qu’elle nous enseigne les remèdes à ces impuissances et les moyens d’obtenir ces remèdes. Qu’on examine sur cela toutes les religions du monde et qu’on voie s’il y en a une autre que la chrétienne qui y satisfasse.

Fausseté 13 (Laf. 215, Sel. 248). Après avoir entendu toute la nature de l’homme il faut pour faire qu’une religion soit vraie qu’elle ait connu notre nature. Elle doit avoir connu la grandeur et la petitesse et la raison de l’une et de l’autre. Qui l’a connue que la chrétienne ?

Fausseté 14 (Laf. 216, Sel. 249). La vraie religion enseigne nos devoirs, nos impuissances, orgueil et concupiscence, et les remèdes, humilité, mortification.

Morale chrétienne 7 (Laf. 357, Sel. 389). Nul n’est heureux comme un vrai chrétien, ni raisonnable, ni vertueux, ni aimable.

 

Mots-clés : BienConnaissanceHommeNatureReligionVertuVrai.