Pensées - page 199
demeurer avec eux-mêmes, vient
d’une cause bien effective, c’est-à-dire
du malheur naturel de notre condition
faible et mortelle, et si misérable,
que rien ne nous peut consoler,
lorsque rien ne nous empêche d’y
penser, et que nous ne voyons que
nous.
Je ne parle que de ceux qui se regardent
sans aucune vue de Religion.
Car il est vrai que c’est une des merveilles
de la Religion Chrétienne, de
réconcilier l’homme avec soi-même,
en le réconciliant avec Dieu ; de lui
rendre la vue de soi-même supportable ;
et de faire que la solitude et le
repos soient plus agréables à plusieurs,
que l’agitation et le commerce
des hommes. Aussi n’est-ce pas en
arrêtant l’homme dans lui-même
qu’elle produit tous ces effets merveilleux.
Ce n’est qu’en le portant
jusqu’à Dieu, et en le soutenant dans
le sentiment de ses misères, par l’espérance
d’une autre vie, qui l’en doit
entièrement délivrer.
Mais pour ceux qui n’agissent que
par les mouvements qu’ils trouvent
en eux et dans leur nature, il est impossible |