L’édition de Port-Royal de 1678

 

 

 

Pensées - page 199

demeurer avec eux-mêmes, vient

d’une cause bien effective, c’est-à-dire

du malheur naturel de notre condition

faible et mortelle, et si misérable,

que rien ne nous peut consoler,

lorsque rien ne nous empêche d’y

penser, et que nous ne voyons que

nous.

Je ne parle que de ceux qui se regardent

sans aucune vue de Religion.

Car il est vrai que c’est une des merveilles

de la Religion Chrétienne, de

réconcilier l’homme avec soi-même,

en le réconciliant avec Dieu ; de lui

rendre la vue de soi-même supportable ;

et de faire que la solitude et le

repos soient plus agréables à plusieurs,

que l’agitation et le commerce

des hommes. Aussi n’est-ce pas en

arrêtant l’homme dans lui-même

qu’elle produit tous ces effets merveilleux.

Ce n’est qu’en le portant

jusqu’à Dieu, et en le soutenant dans

le sentiment de ses misères, par l’espérance

d’une autre vie, qui l’en doit

entièrement délivrer.

Mais pour ceux qui n’agissent que

par les mouvements qu’ils trouvent

en eux et dans leur nature, il est impossible

 

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