L’édition de Port-Royal de 1678

 

 

 

Pensées - page 200

qu’ils subsistent dans ce repos

qui leur donne lieu de se considérer

et de se voir, sans être incontinent

attaqués de chagrin et de tristesse.

L’homme qui n’aime que soi,

ne hait rien tant que d’être seul avec

soi. Il ne recherche rien que pour

soi, et ne fuit rien tant que soi ;

parce que quand il se voit, il ne se

voit pas tel qu’il se désire, et qu’il

trouve en soi-même un amas de misères

inévitables, et un vide de biens

réels et solides qu’il est incapable de

remplir.

Qu’on choisisse telle condition qu’on

voudra, et qu’on y assemble tous les

biens, et toutes les satisfactions qui

semblent pouvoir contenter un homme.

Si celui qu’on aura mis en cet

état est sans occupation et sans divertissement,

et qu’on le laisse faire

réflexion sur ce qu’il est, cette félicité

languissante ne le soutiendra pas. Il

tombera par nécessité dans des vues

affligeantes de l’avenir : et si on ne

l’occupe hors de lui, le voilà nécessairement

malheureux.

La dignité royale n’est-elle pas

assez grande d’elle-même, pour rendre

 

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