Pensées diverses III – Fragment n° 28 / 85 – Papier original : RO 427-6

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : n° 123 p. 371 / C2 : p. 327 v°-329

Éditions de Port-Royal : Chap. XXXI - Pensées diverses : 1669 et janvier 1670 p. 340-341 / 1678 n° 41 p. 335-336

Éditions savantes : Faugère I, 249, IX / Havet VII.28 / Brunschvicg 29 / Tourneur p. 100-6 / Le Guern 569 / Lafuma 675 (série XXV) / Sellier 554

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Bibliographie

 

 

Voir le dossier thématique sur la bibliographie relative à la rhétorique de Pascal.

 

MESNARD Jean, Les Pensées de Pascal, Paris, SEDES-CDU, 2e éd. 1993.

MOCHIZUKI Yuka, “Les Provinciales et le style janséniste”, La campagne des Provinciales, Chroniques de Port-Royal, 58, Paris, 2008, p. 137-151.

MOCHIZUKI Yuka, “La délectation dans les Écrits sur la grâce. Une orientation nouvelle dans les controverses jansénistes”, in DESCOTES Dominique (dir.), Pascal auteur spirituel, Paris, Champion, 2006, p. 351-392.

SELLIER Philippe, “Vers l’invention d’une rhétorique”, in Port-Royal et la littérature, I, Pascal, 2e éd., Paris, Champion, 2010, p. 305-324.

SELLIER Philippe, “Rhétorique et apologie : “Dieu parle bien de Dieu””, in Port-Royal et la littérature, I, Pascal, 2e éd., Paris, Champion, 2010, p. 239-250.

STIKER-MÉTRAL Charles-Olivier, “La manière d’écrire de Pascal dans les Écrits sur la grâce. La théologie à l’usage des honnêtes gens ?”, in DESCOTES Dominique (dir.), Pascal auteur spirituel, Paris, Champion, 2006, p. 325-349.

SUSINI Laurent, L’écriture de Pascal. La lumière et le feu. La « vraie éloquence » à l’œuvre dans les Pensées, Champion, 2008.

 

 

Éclaircissements

 

Style.

 

Le titre Style est donné par les Copies, mais ne se trouve pas sur le manuscrit. Il est omis dans certaines éditions.

Voir le dossier thématique Façons de parler.

 

Quand on voit le style naturel, on est tout étonné et ravi,

 

En principe, c’est le contraire qui devrait arriver : un style poétique ou orné devrait donner du plaisir. Pascal constate que c’est le contraire qui arrive.

Il disait quelque chose de proche dans L’art de persuader : les bonnes choses sont simples et naturelles.

L’Esprit géométrique, II, De l’art de persuader, § 29-30, OC III, éd. J. Mesnard, p. 425-428 :

« Rien n’est plus commun que les bonnes choses : il n’est question que de les discerner ; et il est certain qu’elles sont toutes naturelles et à notre portée, et même connues de tout le monde. Mais on ne sait pas les distinguer. Ceci est universel. Ce n’est pas dans les choses extraordinaires et bizarres que se trouve l’excellence de quelque genre que ce soit. On s’élève pour y arriver, et on s’en éloigne : il faut le plus souvent s’abaisser. Les meilleurs livres sont ceux que ceux qui les lisent croient qu’ils auraient pu faire. La nature, qui seule est bonne, est toute familière et commune.

§ 30. Je ne fais donc pas de doute que ces règles, étant les véritables, ne doivent être simples, naïves, naturelles, comme elles le sont. Ce n’est pas barbara et baralipton qui forment le raisonnement. Il ne faut pas guinder l’esprit ; les manières tendues et pénibles le remplissent d’une sotte présomption par une élévation étrangère et par une enflure vaine et ridicule au lieu d’une nourriture solide et vigoureuse.

Et l’une des raisons principales qui éloignent autant ceux qui entrent dans ces connaissances du véritable chemin qu’ils doivent suivre, est l’imagination qu’on prend d’abord que les bonnes choses sont inaccessibles, en leur donnant le nom de grandes, hautes, élevées, sublimes. Cela perd tout. Je les voudrais nommer basses, communes, familières : ces noms-là leur conviennent mieux ; je hais ces mots d’enflure... ».

Susini Laurent, L’écriture de Pascal. La lumière et le feu. La « vraie éloquence » à l’œuvre dans les Pensées, Champion, 2008, p. 416 sq. L’exigence de naturel chez Pascal. La perspective de ce fragment est plutôt mondaine que chrétienne, mais elle s’accorde avec l’esprit du chrétien. L. Susini évoque un passage de Méré, Cinquième conversation, in Les conversations, Discours de la justesse, éd. Boudhors, Paris, F. Roches, 1930, p. 71, qui précise le sens de ce fragment : « il arrive que ceux qui ne s’attachent qu’à bien écrire, ont pour l’ordinaire en parlant une manière languissante et presque éteinte. Ces gens-là cherchent trop le son et l’harmonie. Cette douceur de langage qu’ils affectent leur fait perdre peu à peu l’usage naturel, qui consiste à donner à tout ce qu’on dit les mouvements qu’on sens dans son cœur. Car on ne parle pas seulement pour entendre ses pensées, on parle aussi pour exprimer ses sentiments, et ce sont deux choses bien différentes ».

Saint-Girons C., “L’idée de nature dans l’esthétique de Pascal”, XVIIe siècle, 49, 1960, p. 1-10.

Molinié Georges, “La question du style naturel”, in L’idée de nature au début du XVIIe siècle, Littératures classiques, 17, 1992, p. 199-204.

 

car on s’attendait de voir un auteur et on trouve un homme.

 

Susini Laurent, L’écriture de Pascal. La lumière et le feu. La « vraie éloquence » à l’œuvre dans les Pensées, p. 417-418. L’honnête homme désire avant tout rencontrer un homme dans son interlocuteur. La promotion de l’homme au détriment de l’auteur est commune à l’honnête homme et au chrétien. Les éloquences mondaine et chrétienne s’unissent dans une même condamnation de la contrainte et de l’artifice. À une conception trop ornementale de l’éloquence s’oppose dans les salons et dans les milieux chrétiens marqués par la rhétorique borroméenne la promotion stylistique d’un même naturel, entendue comme renoncement aux fastes de la culture oratoire : p. 419-420.

Sellier Philippe, “Vers l’invention d’une rhétorique”, in Port-Royal et la littérature, I, Pascal, 2e éd., p. 305-324. Voir p. 312 sq., qui souligne l’existence, dans les années 1650, d’une véritable osmose entre le groupe de Port-Royal et les salons mondains, qui a des conséquences sur la rhétorique des jansénistes en général, et de Pascal en particulier.

Chez un bon écrivain, non seulement on trouve un homme, mais sous un certain rapport, cet homme est soi-même. Voir le fragment Laf. 689, Sel. 568. Ce n’est pas dans Montaigne, mais dans moi que je trouve tout ce que j’y vois.

Mesnard Jean, Les Pensées de Pascal, 2e éd., p. 117. Le plaisir que procure l’art est celui de se reconnaître dans le discours d’autrui.

Pascal, De l’esprit géométrique, II, De l’art de persuader, OC III, éd. J. Mesnard, § 29, p. 427. « Les meilleurs livres sont ceux que ceux qui les lisent croient qu’ils auraient pu faire. »

D’après la Vie de Pascal, 2e version, § 37, OC II, éd. J. Mesnard, Pascal parvenait à susciter chez le lecteur l’impression de se retrouver dans ses écrits par une méthode qui lui était propre : « Quand il pensait quelque chose, il se mettait en la place de ceux qui devaient l’entendre ; et, examinant si toutes les proportions s’y trouvaient, il voyait ensuite quel tour il leur fallait donner, et il n’était pas content qu’il ne vît clairement que l’un était tellement fait pour l’autre, c’est-à-dire ce qu’il avait pensé pour l’esprit de celui qu’il devait voir, que, quand cela viendrait à se joindre par l’application qu’on y aurait, il fût impossible à l’esprit de l’homme de ne s’y pas rendre avec plaisir. » Cette technique permet de donner au lecteur le sentiment qu’il se retrouve lui-même dans le texte.

Il faut naturellement associer à ce texte le fragment Laf. 701, Sel. 579. Quand on veut reprendre avec utilité et montrer à un autre qu’il se trompe il faut observer par quel côté il envisage la chose car elle est vraie ordinairement de ce côté-là et lui avouer cette vérité, mais lui découvrir le côté par où elle est fausse. Il se contente de cela car il voit qu’il ne se trompait pas et qu’il manquait seulement à voir tous les côtés. Or on ne se fâche pas de ne pas tout voir, mais on ne veut pas être trompé, et peut-être que cela vient de ce que naturellement l’homme ne peut tout voir, et de ce que naturellement il ne se peut tromper dans le côté qu’il envisage, comme les appréhensions des sens sont toujours vraies.

 

Au lieu que ceux qui ont le goût bon et qui, en voyant un livre, croient trouver un homme, sont tout surpris de trouver un auteur :

 

Surpris et sans doute déçus.

Nicole Pierre, Traité de l’éducation d’un prince, § XL, in Essais de morale, éd. L. Thirouin, p. 300-301.

« Si l’on ne sait mêler cette beauté naturelle et simple avec celle des grandes pensées, on est en danger d’écrire et de parler d’autant plus mal, que l’on s’étudiera davantage à bien écrire et à bien parler ; et plus on aura d’esprit, plus on tombera dans un genre vicieux. Car c’est ce qui fait qu’on se jette dans le style des pointes, qui est un très mauvais caractère. Quand même les pensées seraient solides, et belles en elles-mêmes, néanmoins elles lassent et accablent l’esprit, si elles sont en trop grand nombre, et si on les emploie en des sujets qui ne les demandent point. »

 

Plus poetice quam humane locutus es.

 

Pétrone, Satyricon, 90. « Minus quam duabus horis mecum moraris, et saepius poetice, quam humane, locutus es. Itaque non miror si te populus lapidibus prosequitur ». Havet remarque à juste titre que le sens de Pétrone est éloigné de celui de Pascal. Ce sont des paroles qu’Encolpe adresse au poète Eumolpe. Voir la traduction de P. Grimal, Paris, Gallimard, 1958 : « Il n’y a pas encore deux heures que tu es avec moi, et tu as parlé plus souvent en vers que comme un être humain ». Pascal remplace saepius, qui signifie plus souvent, par plus tout court.

Noter que Pétrone est un écrivain de cour.

Pascal donne ailleurs une sorte de traduction de cette citation dans le fragment Laf. 611, Sel. 503. Sa règle est l’honnêteté. Poète et non honnête homme.

L’édition Sellier et Ferreyrolles indique que la poésie est le langage des dieux, ce qui explique l’opposition à humane.

Méré, Discours, Discours de la conversation, éd. Boudhors, Paris, Roches, 1930, p. 119. « Je disais à quelqu’un fort savant, qu’il parlait en auteur. Eh quoi, me répondit cet homme, ne le suis-je pas ? Vous ne l’êtes que trop, repris-je en riant ; et vous feriez beaucoup mieux de parler en galant homme ; car quelque savant qu’on puisse être, il ne faut rien dire qui ne soit entendu de ceux qui ont de l’esprit, et qui savent le monde ».

 

Ceux‑là honorent bien la nature qui lui apprennent qu’elle peut parler de tout,

 

Nicole Pierre, Traité de l’éducation d’un prince, § XXXIX, in Essais de morale, éd. L. Thirouin, p. 300. Éloge d’une beauté dans l’éloquence qui « ne consiste nullement dans les pensées rares, mais dans un certain air naturel, dans une simplicité facile, élégante et délicate, qui ne bande point l’esprit, qui ne lui présente que des images communes, mais vives et agréables, et qui sait si bien le suivre dans ses mouvements, qu’elle ne manque jamais de lui proposer sur chaque sujet les objets dont il peut être touché, et d’exprimer toutes les passions et les mouvements que les choses qu’elle représente y doivent produire », beauté que Nicole attribue à Térence et Virgile. « C’est cette beauté qui fait l’agrément et la douceur de la conversation civile ».

 

et même de théologie.

 

GEF XII, p. 39, indique que c’est ce qu’a fait Pascal dans les Provinciales, qui parlent de théologie avec un langage naturel.

Montaigne, Essais, I, XXIX (XXX), éd. Balsamo et alii, Pléiade, p. 204. « Les sciences qui règlent les mœurs des hommes, comme la théologie et la philosophie, elles se mêlent de tout. Il n’est action si privée et secrète, qui se dérobe de leur connaissance et juridiction ».

Entretien avec M. de Sacy, éd. P. Mengotti et J. Mesnard, Paris, Desclée de Brouwer, 1994, p. 126-127. La théologie est le centre de toutes les vérités, de sorte qu’on y revient constamment. « Je vous demande pardon, Monsieur, dit M. Pascal à M. de Saci, de m’emporter ainsi devant vous dans la théologie, au lieu de demeurer dans la philosophie qui était seule mon sujet ; mais il m’y a conduit insensiblement ; et il est difficile de n’y pas entrer, quelque vérité qu’on traite, parce qu’elle est le centre de toutes les vérités ; ce qui paraît ici parfaitement, puisqu’elle enferme si visiblement toutes celles qui se trouvent dans ces opinions. Aussi je ne vois pas comment aucun d’eux pourrait refuser de la suivre. Car s’ils sont pleins de la pensée de la grandeur de l’homme qu’ont-ils imaginé qui ne cède aux promesses de l’Évangile, qui ne sont autre chose que le digne prix de la mort d’un Dieu ? Et s’ils se plaisaient à voir l’infirmité de la nature leurs idées n’égalent plus celles de la véritable faiblesse du péché, dont la même mort a été le remède. Ainsi tous y trouvent plus qu’ils n’ont désiré et ce qui est admirable, ils s’y trouvent unis, eux qui ne pouvaient s’allier dans un degré infiniment inférieur. »

Carraud Vincent, Pascal et la philosophie, Paris, Presses Universitaires de France, 1992, p. 119 sq. Passage à la théologie.

Stiker-Métral Charles-Olivier, “La manière d’écrire de Pascal dans les Écrits sur la grâce. La théologie à l’usage des honnêtes gens ?”, in Descotes Dominique (dir.), Pascal auteur spirituel, p. 325-349. La forme épistolaire permet d’inscrire la théologie dans la communication sociale : p. 331. La 2e version de la Vie de Pascal montre que le style épistolaire rejoignait les règles rhétoriques forgées par Pascal : voir OC I, éd. J. Mesnard, p. 617.

« il avait fort étudié le cœur de l’homme et son esprit ; il en savait tous les ressorts parfaitement bien. Quand il pensait quelque chose, il se mettait en la place de ceux qui devaient l’entendre ; et, examinant si toutes les proportions s’y trouvaient, il voyait ensuite quel tour il leur fallait donner, et il n’était pas content qu’il ne vît clairement que l’un était tellement fait pour l’autre, c’est-à-dire ce qu’il avait pensé pour l’esprit de celui qu’il devait voir, que, quand cela viendrait à se joindre par l’application qu’on y aurait, il fût impossible à l’esprit de l’homme de ne s’y pas rendre avec plaisir. Ce qui était petit il ne le faisait pas grand, et ce qui était grand il ne le faisait point petit. Ce n’était pas assez pour lui qu’une chose parût belle ; mais il fallait qu’elle fût propre au sujet, qu’elle n’eût rien de superflu, mais rien aussi qui lui manquât. Enfin il était tellement maître de son style qu’il disait tout ce qu’il voulait, et son discours avait toujours l’effet qu’il s’était proposé. Et cette manière d’écrire naïve, juste, agréable, forte et naturelle à même temps, lui était si propre et si particulière qu’aussitôt qu’on vit paraître les Lettres au Provincial, on jugea bien qu’elles étaient de lui, quelque soin qu’il eût pris de le cacher même à ses proches ».

Sur l’usage du langage du sens commun chez Pascal, voir p. 340. L’usage théologique est éclairé par l’usage honnête, par l’emploi de la partie mondaine du public : p. 344. Pascal ajoute à cet emploi naturel et commun une pédagogie de l’image, comme les conditions dans lesquelles un prince peut acquérir un royaume, ou l’image de l’homme enchaîné dans les Écrits sur la grâce : p. 346. Pascal parvient ainsi à se mettre au plus proche de son lecteur : p. 347.

OC I, éd. J. Mesnard, p. 1002. Préface du Traité de la grâce générale de Pierre Nicole. « Quoiqu’il fût la personne du monde la plus roide et la plus inflexible pour les dogmes de la grâce efficace, il disait néanmoins que s’il avait eu à traiter cette matière, il espérait réussir à rendre cette doctrine si plausible, et de la dépouiller tellement d’un certain air farouche qu’on lui donne, qu’elle serait proportionnée au goût de toutes sortes d’esprit. Et je ne dissimulerai point qu’il trouvait un peu à redire à quantité d’écrits, de ce qu’il ne voyait pas qu’on y eût gardé ce tempérament, et qu’il y voyait au contraire certaines expressions qu’il semble qu’on aurait pu éviter ».

Controverse sur la grâce générale : voir Continuation des Essais de morale, Tome quatorzième, contenant la vie de M. Nicole et l’histoire de ses ouvrages, Seconde partie, chapitre XIX, À Luxembourg, chez André Chevalier, 1732, p. 163 sq. Avis de Pascal sur la nécessité de faire un exposé de la doctrine de la grâce qui lui ôte son aspect farouche : p. 164. Si Pascal s’y était mis, il aurait trouvé la tâche difficile : p. 164. Premier essai de Nicole dans une note de Wendrock sur la XVIIIe Provinciale, le Wendrockii Dialogus, ou Dialogue de Guillaume Wendrock : p. 165.

Éviter le style choquant ou déplaisant ne s’explique pas seulement, en théologie, par la nécessité de l’art de persuader ; cela répond aussi à la volonté d’éviter les excès des hérétiques. Voir Arnauld Antoine, Apologie de M. Jansénius, IIe sermon, article XXXII, p. 122 sq. Que ç’a toujours été la coutume des ennemis de la grâce et de la prédestination d’en proposer la doctrine au peuple d’une manière odieuse.

Propos sur les Provinciales recueillis par Marguerite Périer, OC I, éd. J. Mesnard, p. 1074-1075. § 3. « On me demande pourquoi j’ai employé un style agréable, railleur et divertissant. Je réponds que si j’avais écrit d’un style dogmatique, il n’y aurait eu que les savants que l’auraient lu, et ceux-là n’en avaient par besoin, en sachant autant que moi là-dessus ; et que j’ai vu qu’il fallait écrire d’une manière qui pût être lue avec plaisir par les femmes et par les gens du monde, afin de leur faire connaître le danger de toutes ces maximes et de ces propositions qui se répandaient alors partout, et auxquelles on se laissait facilement persuader ».

Mochizuki Yuka, “Les Provinciales et le style janséniste”, La campagne des Provinciales, Chroniques de Port-Royal, 58, p. 137-151.

Mochizuki Yuka, “La délectation dans les Écrits sur la grâce. Une orientation nouvelle dans les controverses jansénistes”, in Descotes Dominique (dir.), Pascal auteur spirituel, p. 351-392. Les deux publics des Écrits sur la grâce, public savant et public mondain : p. 362 sq. L’apparition d’un nouveau public de non spécialistes : p. 370. Pascal écrit pour les deux publics à la fois : p. 371.

Gilberte Périer, dans sa Vie de Pascal, 1e version, § 37, OC I, éd. J. Mesnard, I, p. 583, indique quelle était l’éloquence de Pascal :

« Il avait une éloquence naturelle qui lui donnait une facilité merveilleuse à dire ce qu’il voulait ; mais il avait ajouté à cela des règles dont on ne s’était point encore avisé, et dont il se servait si avantageusement qu’il était maître de son style ; en sorte que non seulement il disait tout ce qu’il voulait, mais il le disait en la manière qu’il voulait, et son discours faisait l’effet qu’il s’était proposé. Et cette manière d’écrire naturelle, naïve et forte en même temps, lui était si propre et si particulière qu’aussitôt qu’on vit paraître les Lettres au Provincial, on vit bien qu’elles étaient de lui, quelque soin qu’il ait toujours pris de le cacher, même à ses proches. »

L’idéal d’une rhétorique naturelle trouve une sorte de dépassement d’elle-même dans la manière dont la « naïveté » du Christ s’exprime dans ses discours.

Preuves de Jésus-Christ 12 (Laf. 309, Sel. 340). Preuves de Jésus-Christ. Jésus-Christ a dit les choses grandes si simplement qu’il semble qu’il ne les a pas pensées, et si nettement néanmoins qu’on voit bien ce qu’il en pensait. Cette clarté jointe à cette naïveté est admirable. C’est bien le cas où l’on rencontre un homme, et non un auteur.

Voir sur ce sujet les deux études de Ph. Sellier :

Sellier Philippe, “Vers l’invention d’une rhétorique”, in Port-Royal et la littérature, I, Pascal, 2e éd., p. 305-324.

Sellier Philippe, “Rhétorique et apologie : “Dieu parle bien de Dieu””, in Port-Royal et la littérature, I, Pascal, 2e éd., p. 239-250.