Prophéties IV   – Papier original : huit feuillets probablement découpés en 14 papiers post mortem

RO 339-2, RO 301-1, 301-2, 301-3, 303-1, 303-2, 305-1, 305-2, 305-3, 305-4, 307-1, 307-2, 307-3, RO 309-1

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : n° 70 p. 279 à 283  / C2 : p. 499 à 503 v°

Éditions savantes : Faugère II, 291, XXVI / Havet XXV.168 / Michaut 585 / Brunschvicg 682 / Tourneur p. 335 / Le Guern 451 / Lafuma 486 (série XV) / Sellier 721 à 733

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Éclaircissements

 

 

Bibliographie et généralités

Isaïe, I, 21 à LXIII, 17

Jérémie, II, 35 à XXIII, 17

 

 

 

Is., 1, 21.

Changement de bien en mal et vengeance de Dieu.

 

Il ne s’agit pas d’une citation (voir ci-dessous). On pourrait prendre cette formule pour une de ces expressions clés qui indiquent un thème, si la formule était inscrite en marge, comme c’est le cas pour les suivantes.

Isaïe, I, 21. « Quomodo facta est meretrix civitas fidelis plena judicii ? justitia habitavit in ea nunc autem homicidae ». Trad. de Port-Royal : « Comment la cité fidèle pleine de droiture et d’équité est-elle devenue une prostituée ? La justice habitait dans elle, et il n’y a maintenant que des meurtriers ».

Commentaire de la Bible de Port-Royal : « Ceci nous représente l’état d’une âme corrompue par le péché. Jésus-Christ était son époux ; il demeurait dans elle comme dans son temple : mais après cela elle se prostitue au démon, qui est appelé par le Fils de Dieu le meurtrier des âmes ; et il demeure dans son cœur comme un tyran dans une ville qu’il a prise, et comme un voleur dans sa caverne ».

Voir dans Athalie de Racine : « Comment en un plomb vil l’or pur s’est-il changé ? », qui renvoie à Jérémie, IV, 1 : « Quomodo obscuratum est aurum, mutatus est color optimus ? », « Comment l’or s’est-il obscurci, a-t-il changé sa couleur qui était si belle ? »

 

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Is.,10, 1.

Vae qui condunt leges iniquas.

 

Isaïe, X, 1. « Vae qui condunt leges iniquas et scribentes iniustitiam scripserunt ut opprimerent in iudicio pauperes et vim facerent causae humilium populi mei ut essent viduae praeda eorum et pupillos diriperent ». Trad. de Port-Royal : « Malheur à ceux qui établissent des lois d’iniquité et qui font des ordonnances injustes ». La suite précise « pour opprimer les pauvres dans le jugement, pour accabler l’innocence des plus faibles [...], pour dévorer la veuve comme leur proie et pour mettre au pillage le bien des pupilles ».

Commentaire de Port-Royal : « Malheur aux juges qui se croient heureux présentement, parce qu’ils sont les maîtres du bien, de l’honneur, et de la vie des hommes, et qu’ils donnent quand il leur plaît des arrêts injustes, pour favoriser leurs amis, ou pour perdre leurs ennemis. Malheur à ceux qui pour des intérêts secrets soutiennent souvent les riches contre les pauvres, les puissants contre les faibles, et les coupables contre les innocents ».

Lhermet Joseph, Pascal et la Bible, p. 207-208, indique qu’au texte impersonnel de la Vulgate, Pascal substitue une imprécation en style direct qui semble porter contre les jésuites. Mais ce commentaire concerne un autre fragment, où Pascal cite Isaïe en termes différents :

Miracles III (Laf. 877, Sel. 441). Est et non est : sera-t-il reçu dans la foi même aussi bien que dans la morale, s’il est si inséparable dans les actions.

Juges injustes, ne faites pas de ces lois sur l’heure ; jugez par celles qui sont établies, et établies par vous-mêmes.

Vae qui conditis leges iniquas.

Pour affaiblir vos adversaires vous désarmez toute l’Église.

En revanche, la dernière phrase confirme que Pascal pense en l’occurrence aux jésuites, auxquels il fait un reproche analogue dans le Cinquième écrit des curés de Paris, sur l’avantage que les hérétiques prennent contre l’Église, de la morale des casuistes et des jésuites ; voir Provinciales, éd. Cognet, p. 430 sq. Pascal semble projeter de recourir à la rhétorique des prophètes contre les jésuites qui corrompent les lois de l’Église qu’ils devraient au contraire instituer dans toute leur force.

On peut juger de la manière dont Pascal use de cette rhétorique, à l’aide de telles formules, par la conclusion de la ΧΙΙΙe Provinciale : « Concluons donc, mes Pères, que puisque votre probabilité rend les bons sentiments de quelques-uns de vos auteurs inutiles à l'Eglise, et utiles seulement à votre politique, ils ne servent qu'à nous montrer, par leur contrariété, la duplicité de votre coeur, que vous nous avez parfaitement découverte, en nous déclarant d'une part que Vasquez et Suarez sont contraires à l'homicide, et de l'autre, que plusieurs auteurs célèbres sont pour l'homicide, afin d'offrir deux chemins aux hommes, en détruisant la simplicité de l'Esprit de Dieu, qui maudit ceux qui sont doubles de cœur, et qui se préparent deux voies : Vae duplici corde, et ingredienti duabus viis ! »

Sur la manière dont Pascal imite la rhétorique prophétique, voir Sellier Philippe, “Rhétorique et apologie : Dieu parle bien de Dieu”, in Port-Royal et la littérature. Pascal, 2e éd., 239-250.

 

Is., 26, 20.

Vade, populus meus, intra in cubicula tua, claude ostia tua super te. Abscondere modicum ad momentum donec pertranseat indignatio.

 

Isaïe, XXVI, 20. « Vade populus meus intra in cubicula tua, claude ostia tua super te, abscondere modicum ad momentum donec pertranseat indignatio ». Traduction de la Bible de Port-Royal : « Allez, mon peuple, entrez dans le secret de votre chambre ; fermez vos portes sur vous, et tenez-vous un peu caché pour un moment, jusqu’à ce que la colère soit passée ».

Commentaire de Port-Royal : « Que votre cœur soit toujours ouvert à Dieu et fermé au monde. Tenez-vous ainsi retiré pendant cette vie, qui n’est qu’un moment à l’égard de l’éternité, jusqu’à ce que la colère soit passée, parce que si Dieu vous afflige maintenant, sa colère passera bientôt, et la récompense qu’il vous promet ne passera point ».

 

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Is., 28, 1.

Vae coronae superbiae.

 

Isaïe, XVIII, 1. « Vae coronae superbiae, ebriis Ephraim et flori decidenti, gloriae exultationis ejus, qui erant in vertice vallis pinguissimae, errantes a vino ». Traduction de Port-Royal : « Malheur à la couronne d’orgueil, aux ivrognes d’Éphraïm, à la fleur passagère qui fait leur faste et leur joie ; à ceux qui habitent au haut de la vallée grasse, et que les fumées du vin font chanceler. »

Note de Port-Royal : « Au royaume d’Israël, dont le premier roi, Jéroboam, était de la tribu d’Éphraïm. Ce pays de Samarie était fertile en vins, et ce peuple aimait fort la bonne chère ».

Commentaire de Port-Royal : la condamnation du prophète ne porte pas seulement sur les ivrognes ; le contexte montre qu’elle atteint les prêtres : « Quand les ministres de Dieu sont dans des désordres publics, ou par une vie scandaleuse, ou par des violences pleines d’injustice, ils sont indubitablement la vérité de ce portrait que nous en trace Isaïe. [...] Aussi les menaces que Dieu fait contre ces personnes sont terribles. Ils sont les oints du Seigneur, et il les appelle les ivrognes d’Ephraïm [...]. C’est pourquoi Dieu foulera aux pieds cette couronne [...]. Les vrais pasteurs au contraire se gouvernent avec un esprit de droiture et d’équité ; et comme ils ne pensent qu’à faire régner Dieu dans les âmes, et non à régner eux-mêmes, il est la couronne de leur gloire ».

 

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Miracles.

 

Cette indication n’est pas claire. Alors que la précédente suite de citations semblait porter contre les fauteurs de lois iniques, Pascal semble vouloir passer ici à une suite de notes sur les miracles. Cependant les textes qui suivent ne paraissent pas directement relatifs aux miracles.

 

Is., [3]3, 9.

Luxit et elanguit terra, confusus est Libanus et obsorduit, etc. 

 

Erreur de référence, corrigée GEF XIV, p. 116, ainsi que dans l’éd. Sellier-Ferreyrolles, p. 528. La référence juste est XXXIII, 9. Elle s’explique dans doute par l’attraction des précédentes références. La continuité des citations demeure donc malgré l’apparence du manuscrit.

Isaïe, XXXIII, 9. « Luxit, et elanguit terra : confusus est Libanus, et obsorduit, et factus est Saron sicut desertum : et concussa est Basan et Carmelus ». Traduction de Port-Royal : « La terre est dans les pleurs et dans la langueur ; le Liban est dans la confusion et dans un état affreux ; Saron a été changé en un désert ; Basan et le Carmel ont été dépouillés de leurs fruits. » Note : « Saron, Basan et Carmel, lieux agréables et fertiles ».

Plus qu’aux miracles, cette citation semble bien illustrer le changement du bien en mal.

 

Nunc consurgam, dicit Dominus, nunc exaltabor, nunc sublevabor.

 

C’est le verset suivant, XXXIII, 10 : « Nunc consurgam, dicit Dominus, nunc exaltabor, nunc sublevabor ». Traduction de Port-Royal : « Je me lèverai maintenant, dit le Seigneur ; je signalerai ma grandeur, je ferai éclater ma puissance. » C’est sans doute parce que cette citation fait pour ainsi dire corps avec la précédente que la référence est à peine indiquée.

 

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Is., 40, 17.

Omnes gentes quasi non sint.

 

Isaïe, XL, 17. « Omnes gentes quasi non sint, sic sunt coram eo, et quasi nihilum et inane reputatae sunt ei ». Traduction de Port-Royal : « Tous les peuples du monde sont devant lui comme s’ils n’étaient point, et il les regarde comme un vide et comme un néant ».

Commentaire de Port-Royal : « Si tous les peuples du monde ne sont devant Dieu qu’un vide et un néant, comment un homme se peut-il abaisser assez profondément devant une si souveraine majesté ? Car si le ciel, la terre et la mer ne sont rien devant Dieu, qu’est devant lui un homme tiré de cette foule innombrable de tous les hommes, qui n’est à l’égard du ciel qu’un atome, à l’égard de la terre qu’un grain de sable, et à l’égard de la mer qu’une goutte d’eau ? » Le commentaire paraît faire écho à certains fragments de Pascal, et souligne le rapport de cette citation d’Isaïe avec les fragments suivants :

Disproportion de l’homme, Transition 4 (Laf. 199, Sel. 230).

Grandeur 9 (Laf. 113, Sel. 145). Roseau pensant. Ce n’est point de l’espace que je dois chercher ma dignité, mais c’est du règlement de ma pensée. Je n’aurai point d’avantage en possédant des terres. Par l’espace l’univers me comprend et m’engloutit comme un point, par la pensée je le comprends.

 

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Is., 41, 26.

Quis annuntiavit ab exordio ut sciamus, et a principio ut dicamus : Justus es ?

 

Isaïe, XLI, 26. « Quis annuntiavit ab exordio ut sciamus, et a principio ut dicamus : Justus es ? non est neque annuntians, neque praedicens, neque audiens sermones vestros ». Traduction de Port-Royal : « Qui nous a annoncé ces choses, dès le commencement, afin que nous le connaissions ? Qui les a prédites, afin que nous lui disions : Vous êtes juste et véritable, vous êtes Dieu ? Mais il n’y a personne parmi vous qui annonce et qui prédise l’avenir, et il n’y a personne qui vous ait jamais ouï dire un seul mot ».

Commentaire de la Bible de Port-Royal : « Les prédictions véritables sont les marques du vrai Dieu. C’est une preuve indubitable de la divinité que la vérité des prophéties, disait autrefois le défenseur de l’Église contre les païens : Idoneum opinor testimonium divinitatis, veritas divinationis. C’est pourquoi Dieu dit hardiment contre ces fausses divinités : Faites-nous connaître les choses futures, et nous reconnaîtrons que vous êtes dieux. Les démons qui savent très bien contrefaire le vrai Dieu ont voulu inventer aussi des prophéties ; mais elles se sont trouvées pleines de mensonges [...]. Moïse a prédit la ruine des idoles et l’établissement de l’Église quinze cents ans, David mille ans, et les prophètes huit cents ans avant la naissance du Sauveur ; et tout ce qu’ils ont prédit s’est trouvé très véritable. Il faut être tout-puissant pour faire d’aussi grands miracles que ceux qui on paru dans l’établissement de l’Église ; mais il fallait être éternel et voir d’une seule vue la suite de tous les temps pour les prédire tant de siècles auparavant. C’est pourquoi saint Augustin admirant aussi bien que le prophète ces preuves si invincibles de la vérité de notre religion, a raison de s’écrier : Praedicta lege, impleta cerne, implenda collige. Lisez dans les prophètes les prédictions de Jésus-Christ et de l’Église ; voyez de vos yeux qu’elles sont maintenant accomplies : croyez fermement après l’accomplissement des premières celles qui restent encore à accomplir, comme la résurrection des morts et le dernier jugement ».

Ce commentaire présente l’intérêt de faire apparaître le rapport du présent fragment avec les suivants.

 

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Is., 43, 13.

Operabor et quis avertet illud.

 

Isaïe, XLIII, 13. « Et ab initio ego ipse, et non est qui de manu mea eruat : operabor, et quis avertet illud ? ». Traduction de Port-Royal : « C’est moi qui suis dès le commencement ; nul ne peut m’arracher ce que je tiens entre mes mains : quand j’ai résolu d’agir, qui pourra s’y opposer ? »

 

Is., 44, 20.

Neque dicet : forte mendacium est in dextera mea.

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44, 21, etc.

Memento horum Jacob et Israël quoniam servus meus es tu. Formavi te, servus meus es tu, Israël ne obliviscaris mei.

Delevi ut nubem iniquitates tuas, et quasi nebulam peccata tua. Revertere ad me, quoniam redemi te.

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44, 23-24.

Laudate caeli quoniam misericordiam fecit Dominus... quoniam redemit Dominus Jacob, et Israël gloriabitur. Haec dicit Dominus, redemptor tuus et formator tuus ex utero : Ego sum Dominus, faciens omnia, extendens caelos solus, stabiliens terram, et nullus mecum.

 

Isaïe, XLIV, 20-24. « Pars ejus cinis est : cor insipiens adoravit illud, et non liberabit animam suam, neque dicet : Forte mendacium est in dextera mea. 21. Memento horum Jacob, et Israël, quoniam servus meus es tu. Formavi te, servus meus es tu Israël, ne obliviscaris mei. 22. Delevi ut nubem iniquitates tuas, et quasi nebulam peccata tua : revertere ad me quoniam redemi te. 23. Laudate caeli, quoniam misericordiam fecit Dominus : jubilate extrema terrae, resonate montes laudationem, saltus et omne lignum ejus : quoniam redemit Dominus Jacob et Israël gloriabitur. 24. Haec dicit Dominus redemptor tuus, et formator tuus ex utero : Ego sum Dominus, faciens omnia, extendens cœlos solus, stabiliens terram, et nullus mecum ».

Traduction de Port-Royal : « 20. Une partie de ce bois est déjà réduite en cendres, et cependant son cœur insensé adore l’autre, et il ne pense point à tirer son âme de l’égarement où elle est, disant : certainement cet ouvrage de mes mains n’est qu’un mensonge. 21. Souvenez-vous de ceci Jacob, et Israël, parce que vous êtes mon serviteur. C’est moi qui vous ai créé, Israël ; vous êtes mon serviteur, ne m’oubliez point. 22. J’ai effacé vos iniquités comme une nuée qui passe, et vos péchés comme un nuage : revenez à moi, parce que je vous ai racheté. 23. Cieux, louez le Seigneur, parce qu’il a fait miséricorde : terre, soyez dans un tressaillement de joie depuis un bout jusqu’à l’autre : montagnes, forêts avec tous vos arbres, faites retentir les louanges du Seigneur, parce que le Seigneur a racheté Jacob, et qu’il a établi sa gloire dans Israël. 24. Voici ce que dit le Seigneur, qui vous a racheté, et qui vous a formé dans le sein de votre mère : Je suis le Seigneur qui fais toutes choses, c’est moi seul qui ai étendu les cieux, et personne ne m’a aidé quand j’ai affermi la terre ».

 

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Is., 54, 8.

In momento indignationis abscondi faciem meam parumper a te et in misericordia sempiterna misertus sum tui, dixit redemptor tuus Dominus.

 

Isaïe, LIV, 8. « In momento indignationis abscondi faciem meam parumper a te, et in misericordia sempiterna misertus sum tui : dixit redemptor tuus Dominus ». Traduction de Port-Royal : « J’ai détourné mon visage de vous pour un moment, dans le temps de ma colère ; mais je vous ai regardée ensuite avec une compassion qui ne finira jamais, dit le Seigneur qui vous a rachetée. »

Commentaire de Port-Royal (sur le verset 7) : « Dieu abandonne quelquefois ses élus pour un temps, quoiqu’il ait résolu de leur faire miséricorde ; et pendant de temps-là ils se laissent aller quelquefois aux plus grands désordres [...]. Dieu abandonne souvent les justes pour un temps, mais d’une manière plus favorable. Il les laisse seulement tomber dans des sécheresses et dans des inquiétudes, et non dans des actions qui tuent leurs âmes, et qui les séparent d’avec Dieu. Ces abandonnements passagers sont utiles au âmes, et ils sont pénibles néanmoins ».

Un lien peut être établi avec les idées développées dans les Écrits sur la grâce, dans ce que la Lettre sur la possibilité des commandements dit du délaissement de l’homme par Dieu.

 

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Is., 63, 12.

Qui eduxit ad dexteram Moysen bracchio majestatis suae, qui scidit aquas ante eos ut faceret sibi nomen sempiternum.

 

Isaïe, LXIII, 12. « Qui eduxit ad dexteram Moysen brachio majestatis suae ; qui scidit aquas ante eos, ut faceret sibi nomen sempiternum ? ». Traduction de Port-Royal : « Qui a pris Moïse par la main droite, et l’a soutenu par le bras de sa majesté ? qui a divisé les flots devant eux pour s’acquérir un nom éternel ? »

Pascal cite successivement trois versets du même chapitre, en sautant les versets 13 et 15.

 

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14.

Sic adduxisti populum tuum ut faceres tibi nomen gloriae.

 

Isaïe, LXIII, 14 : « Quasi animal in campo descendens, Spiritus Domini ductor ejus fuit : sic adduxisti populum tuum, ut faceres tibi nomen gloria ». Traduction de Port-Royal : « L’esprit du Seigneur l’y a conduit, comme un animal qui marche dans une campagne : c’est ainsi, Seigneur, que vous vous êtes rendu le guide de votre peuple, pour signaler à jamais la gloire de votre nom ».

 

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Is., 63, 16.

Tu enim Pater noster et Abraham nescivit nos, et Israël ignoravit nos.

 

Isaïe, LXIII, 16. « Tu enim pater noster, et Abraham nescivit nos et Israël ignoravit nos : tu, Domine, pater noster, redemptor noster ; a saeculo nomen tuum ». Traduction de Port-Royal : « Car c’est vous qui êtes notre père ; Abraham ne nous connaît point, Israël ne sait qui nous sommes ; mais vous, Seigneur, vous êtes notre père, vous êtes notre libérateur, vous qui êtes grand dès l’éternité ».

 

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Is., 63, 17.

Quare indurasti cor nostrum ne timeremus te ?

 

Isaïe, LXIII, 17. « Quare errare nos fecisti, Domine, de viis tuis : indurasti cor nostrum, ne timeremus te ? convertere propter servos tuos, tribus hereditatis tuae ». Traduction de Port-Royal : « Seigneur, pourquoi nous avez-vous fait sortir de vos voies ? pourquoi avez-vous endurci notre cœur jusqu’à perdre votre crainte ? Apaisez votre colère à cause de vos serviteurs, à cause des tribus que vous avez rendues votre héritage. »

Le commentaire de la Bible de Port-Royal précise prudemment que l’on pourrait « abuser de cette expression : car il est certain que Dieu ne peut être cause ni de l’égarement de notre esprit, ni de l’endurcissement de notre cœur ». Mais le sens du verset est différent : ceux qui y parlent « savent très bien que leur égarement n’est venu que de ce que Dieu les a abandonnés à eux-mêmes, et que leur cœur ne s’est endurci que parce que leurs dérèglements ont mérité que sa grâce se retirât d’eux [...]. Ainsi lorsqu’ils lui demandent pourquoi il a endurci leur cœur, ils se plaignent d’eux-mêmes, et non pas de lui ; ils avouent que c’est par leur faute qu’ils se sont égarés ; ils adorent sa justice qui l’a permis ; ils reconnaissent que c’est pour leur bien qu’il a voulu les humilier de cette sorte : mais ils le conjurent de ne vouloir plus user à l’avenir d’un remède si funeste, dont il n’y a qu’un Dieu qui puisse se servir utilement ».

Le rapport de ce passage avec la Lettre sur la possibilité des commandements et le thème du double délaissement paraît clair.

 

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Is., 66. 17.

Qui sanctificabantur et mundos se putabant... simul consumentur, dicit Dominus.

 

Isaïe, LXVI, 17. « Qui sanctificabantur, et mundos se putabant in hortis post januam intrinsecus, qui comedebant carnem suillam, et abominationem, et murem, simul consumentur, dicit Dominus ». Traduction de Port-Royal : « Ceux qui croyaient se sanctifier et se rendre purs dans leurs jardins fermant la porte sur eux, qui mangeaient de la chair de pourceau, des souris, et d’autres semblables abominations, périront tous ensemble, dit le Seigneur ».

Une note indique que post januam est équivalent de januis clausis.