Miracles III  – Fragment n° 4 / 11 – Papier original : RO 402-1 r° / v°

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : n° 192 p. 457 v° à 461 / C2 : p. 257 v° à 261

Éditions de Port-Royal : Chap. XXVII - Pensées sur les miracles : 1669 et janv. 1670 p. 230 /

1678 n° 14 p. 223

Éditions savantes : Faugère I, 279, XLIV ; I, 321, X ; II, 218, X ; II, 56, VIII / Havet XXV.202 ; XXIII.39, 26, 27, 40 ; XXV.95 ; III.4 / Brunschvicg 849, 846, 138 / Tourneur p. 155 / Le Guern 699 / Lafuma 877 à 879 (série XXXIV, notée XXXIII par erreur) / Sellier 441 et 442

 

 

Avertissement : nous présentons les textes barrés verticalement par Pascal sur un fond bleuté plus foncé.

 

 

Est et non est sera‑t‑il reçu dans la foi même aussi bien que dans la morale, s’il est si inséparable dans les actions ?

 

Quand saint Xavier fait des miracles.

Saint Hilaire. Misérables qui nous obligez à parler des miracles.

 

Juges injustes, ne faites pas de ces lois sur l’heure. Jugez par celles qui sont établies, et établies par vous-mêmes.

Væ qui conditis leges iniquas.

Miracles continuels faux.

Pour affaiblir vos adversaires, vous désarmez toute l’Église.

 

S’ils disent qu’ils sont soumis au pape, c’est une hypocrisie.

S’ils sont prêts à souscrire toutes ses constitutions, cela ne suffit pas.

S’ils disent que notre salut dépend de Dieu, ce sont des hérétiques.

S’ils disent qu’il ne faut pas tuer pour une pomme, ils combattent la morale des catholiques.

S’il se fait des miracles parmi eux, ce n’est point une marque de sainteté et c’est au contraire un soupçon d’hérésie.

La manière dont l’Église a subsisté est que la vérité a été sans contestation ou, si elle a été contestée, il y a eu le pape et sinon il y a eu l’Église.

 

Première objection : Ange du ciel.

 

Il ne faut pas juger de la vérité par les miracles mais du miracle par la vérité.

Donc les miracles sont inutiles.

Or ils servent, et il ne faut point être contre la vérité.

Donc ce qu’a dit le P. Lingendes, que Dieu ne permettrait point qu’un miracle puisse induire à erreur...

Lorsqu’il y aura contestation dans la même Église, le miracle décide.

 

Deuxième objection :

Mais l’Antéchrist fera des signes.

 

Les magiciens de Pharaon n’induisaient point à erreur.

Ainsi on ne pourra point dire à Jésus-Christ sur l’Antéchrist : Vous m’avez induit à erreur. Car l’Antéchrist les fera contre Jésus-Christ, et ainsi ils ne peuvent induire à erreur.

Ou Dieu ne permettra point de faux miracles, ou il en procurera de plus grands.

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Depuis le commencement du monde, Jésus-Christ subsiste. Cela est plus fort que tous les miracles de l’Antéchrist.

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Si dans la même Église il arrivait miracle du côté des errants, on serait induit à erreur.

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Le schisme est visible, le miracle est visible, mais le schisme est plus marque d’erreurs que le miracle n’est marque de vérité. Donc le miracle ne peut induire à erreur.

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Mais hors le schisme l’erreur n’est pas si visible que le miracle est visible. Donc le miracle induirait à erreur.

Ubi est deus tuus ? Les miracles le montrent et sont un éclair.

Hommes naturellement couvreurs et de toutes vacations, hormis en chambre.

 

Notes consacrées aux polémiques sur la morale et les miracles.

 

Est et non est : C’est et ce n’est pas.

Væ qui conditis leges iniquas : Malheur à vous qui établissez des lois injustes.

Ubi est deus tuus ? : Où est ton Dieu ?

 

Analyse détaillée...

 

Fragments connexes

 

Pensées diverses (Laf. 634, Sel. 527). La chose la plus importante à toute la vie est le choix du métier, le hasard en dispose. La coutume fait les maçons, soldats, couvreurs. C'est un excellent couvreur, dit-on, et en parlant des soldats : ils sont bien fous, dit-on, et les autres au contraire : il n'y a rien de grand que la guerre, le reste des hommes sont des coquins. À force d'ouïr louer en l'enfance ces métiers et mépriser tous les autres on choisit. Car naturellement on aime la vertu et on hait la folie ; ces mots mêmes émeuvent ; on ne pèche qu'en l'application. Tant est grande la force de la coutume que de ceux que la nature n'a fait qu'hommes on fait toutes les conditions des hommes.

Car des pays sont tout de maçons, d'autres tout de soldats, etc. Sans doute que la nature n'est pas si uniforme ; c'est la coutume qui fait donc cela, car elle contraint la nature, et quelquefois la nature la surmonte et retient l'homme dans son instinct malgré toute coutume bonne ou mauvaise.

Pensées diverses (Laf. 776, Sel. 641). L’histoire de l’Église doit proprement être appelée l’histoire de la vérité.

Miracles I (Laf. 830, Sel. 419). Sur le P. de Lingendes.

Miracles II (Laf. 832, Sel. 421). Les miracles discernent la doctrine, et la doctrine discerne les miracles.

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Il y en a de faux et de vrais. Il faut une marque pour les connaître, autrement ils seraient inutiles Or ils ne sont pas inutiles, et sont au contraire fondement. Or il faut que la règle qu’il nous donne soit telle qu’elle ne détruise la preuve que les vrais miracles donnent de la vérité, qui est la fin principale des miracles.

[...]

Si la doctrine règle les miracles, les miracles sont inutiles pour la doctrine.

Si les miracles règlent...

Miracles II (Laf. 840, Sel. 428). Si les miracles sont vrais, pourra-t-on persuader toute doctrine ? Non, car cela n’arrivera pas.

Si angelus.

Miracles II (Laf. 851, Sel. 432). L’Antéchrist. In signis mendacibus, dit saint Paul. 2, Thess., 2. Secundum operationem Satanæ. In seductione iis qui pereunt eo quod charitatem veritatis non receperunt ut salvi fierent. Ideo mittet illis Deus operationes erroris ut credant mendacio. Comme au passage de Moïse : Tentat enim vos Deus utrum diligatis eum.

Miracles III (Laf. 859, Sel. 438). S'ils vous reprochent vos excès ils parlent comme les hérétiques.

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S'ils disent que la grâce de Jésus-Christ nous discerne ils sont hérétiques.

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S'il se fait des miracles c'est la marque de leur hérésie.

Miracles III (Laf. 862, Sel. 439). Les malheureux qui nous ont obligés de parler du fond de la religion.

Miracles III (Laf. 881, Sel. 443). Sur les faux prophètes.

Miracles III (Laf. 903, Sel. 450). Ces malheureux qui nous ont obligés de parler des miracles.

 

RO 385 r° / v° (Laf. 957, Sel. 792). Tout le monde déclare qu'elles le sont. M. Arnaud, et ses amis, proteste qu'il les condamne en elles-mêmes, et en quelque lieu où elles se trouvent, que si elles sont dans Jansénius il les y condamne.

Qu'encore même qu'elles n'y soient pas, si le sens hérétique de ces propositions que le pape a condamné se trouve dans Jansénius, qu'il condamne Jansénius.

Mais vous n'êtes pas satisfaits de ces protestations, vous voulez qu'il assure que ces propositions sont mot à mot dans Jansénius. Il a répondu qu'il ne peut l'assurer, ne sachant pas si cela est, qu'il les y a cherchées et une infinité d'autres sans jamais les y trouver. Ils vous ont prié vous et tous les autres de citer en quelles pages elles sont. Jamais personne ne l'a fait. Et vous voulez néanmoins le retrancher de l'Église sur ce refus, quoiqu'il condamne tout ce qu'elle condamne, pour cette seule raison qu'il n'assure pas que des paroles ou un sens, est dans un livre où il ne l'a jamais trouvé, et où personne ne le lui veut montrer. En vérité, mon Père ce prétexte est si vain qu'il n'y eût peut-être jamais dans l'Église de procédé si étrange, si injuste et si tyrannique.

[...]

Il y a deux ans que leur hérésie était la bulle ; l'année passée c'était intérieur ; il y a six mois que c'était totidem ; à présent c'est le sens.

 

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