Pensées diverses II – Fragment n° 33 / 37 – Papier original : RO 47-6

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : n° 113 p. 359 v°-361  / C2 : p. 317

Éditions savantes : Faugère II, 131, X / Havet XXV.83 / Brunschvicg 94 / Tourneur p. 94-2 / Le Guern 537 / Lafuma 630 (série XXIV) / Sellier 523

 

 

 

La nature de l’homme est toute nature, omne animal.

Il n’y a rien qu’on ne rende naturel. Il n’y a naturel qu’on ne fasse perdre.

 

 

Ce fragment associe l’idée de l’automatisme qui entre dans la nature de l’homme à celle de son inconstance et de sa diversité.

 

Analyse détaillée...

 

Fragments connexes

 

Contrariétés 8 (Laf. 125, Sel. 158). Qu’est-ce que nos principes naturels sinon nos principes accoutumés ? Et dans les enfants ceux qu’ils ont reçus de la coutume de leurs pères comme la chasse dans les animaux ?

Une différente coutume en donnera d’autres principes naturels. Cela se voit par expérience et s’il en a d’ineffaçables, à la coutume. Il y en a aussi de la coutume contre la nature ineffaçables à la nature et à une seconde coutume. Cela dépend de la disposition.

Contrariétés 9 (Laf. 126, Sel. 159). Les pères craignent que l’amour naturel des enfants ne s’efface. Quelle est donc cette nature sujette à être effacée.

La coutume est une seconde nature qui détruit la première.

Mais qu’est-ce que nature ? pourquoi la coutume n’est-elle pas naturelle ?

J’ai grand peur que cette nature ne soit elle-même qu’une première coutume, comme la coutume est une seconde nature.

Pensées diverses (Laf. 664, Sel. 545). L’homme est proprement omne animal.

Pensées diverses (Laf. 821, Sel. 661). Car il ne faut pas se méconnaître, nous sommes automate autant qu’esprit, et de là vient que l’instrument par lequel la persuasion se fait n’est pas la seule démonstration. Combien y a-t-il peu de choses démontrées ? Les preuves ne convainquent que l’esprit, la coutume fait nos preuves les plus fortes et les plus crues. Elle incline l’automate qui entraîne l’esprit sans qu’il y pense. Qui a démontré qu’il sera demain jour et que nous mourrons, et qu’y a-t-il de plus cru ? C’est donc la coutume qui nous en persuade. C’est elle qui fait tant de chrétiens, c’est elle qui fait les Turcs, les païens, les métiers, les soldats, etc. Il y a la foi reçue dans le baptême de plus aux chrétiens qu’aux païens. Enfin il faut avoir recours à elle quand une fois l’esprit a vu où est la vérité afin de nous abreuver et nous teindre de cette créance qui nous échappe à toute heure, car d’en avoir toujours les preuves présentes c’est trop d’affaire. Il faut acquérir une créance plus facile qui est celle de l’habitude qui sans violence, sans art, sans argument nous fait croire les choses et incline toutes nos puissances à cette croyance, en sorte que notre âme y tombe naturellement.

 

Laf. 954, Sel. 789. Jesuita omnis homo.

 

Mots-clés : AnimalHommeNature.