Glossaire

 

Ancien, Ancienneté.

Pascal a développé dans la Préface au traité du vide (OC II, éd. J. Mesnard, p. 782-783) une conception originale de la place que les anciens doivent tenir dans les sciences mathématiques et physiques en général : l’histoire de l’humanité doit être considérée comme la vie d’un seul homme qui apprend toujours et étend indéfiniment ses connaissances ; par suite, les anciens doivent être considérés comme l’enfance de l’humanité, d’autant plus admirable que les savants ne disposaient que de peu de connaissances. Les modernes en représentent l’âge mûr, car ils ont ajouté à ce que les anciens leur ont légué des connaissances nouvelles. Cette conception permet de concilier le respect que méritent les anciens avec la liberté d’esprit qui doit animer les savants modernes.

Il en va naturellement tout autrement, selon Pascal, lorsque l’on envisage les disciplines fondées sur l’autorité (histoire, langues anciennes, lettres, et bien entendu religion), qui dépendent de la connaissance exacte du passé : dans une religion fondée sur l’autorité de la tradition, l’ancienneté est naturellement un fondement essentiel. Les parties consacrées à la tradition du peuple juif dans les Pensées sont essentielles dans le programme apologétique de Pascal.

Voir Perpétuité 7 (Laf. 285, Sel. 317), Preuves par les Juifs I (Laf. 451, Sel. 691), Preuves par les Juifs IV (Laf. 454, Sel. 694), Preuves par les Juifs V (Laf. 456, Sel. 696), Pensées diverses (Laf. 696, Sel. 575), etc.

 

Anéantir.

Réduire à néant, c’est-à-dire à rien. Le zéro est un néant de nombre, écrit Pascal dans l’opuscule De l’esprit géométrique, comme le point est un néant d’espace : en ajoutant zéro à un nombre positif quelconque, on ne le change pas, de même qu’en ajoutant un point à une ligne, on n’en augmente pas la longueur. L’homme, comparé à l’infinité de la nature, est équivalent à un néant, comme Pascal le montre dans Disproportion de l’homme (Transition 4 - Laf. 199, Sel. 230). De même, c’est un thème classique parmi les théologiens et les auteurs spirituels que l’homme est comme un néant devant Dieu. Dans l’Écrit sur la conversion du pécheur, Pascal insiste sur la place que le sentiment de son néant doit occuper dans la conversion (OC IV, éd. J. Mesnard, p. 40-41).

Voir aussi Morale chrétienne 22 (Laf. 373, Sel. 405), Conclusion 2 (Laf. 378, Sel. 410) et Preuves par discours II (Laf. 428, Sel. 682).

 

Ange.

Bouyer Louis, Dictionnaire théologique, article Anges, p. 54-61. Le mot ange vient du grec angelos, messager, qui traduit l’hébreu mal’ak (ou Malakh), qui signifie messager. La Bible ne parle des anges que dans la mesure où ils interviennent pour le salut des hommes comme transmetteurs de la parole divine et se faire les agents de Dieu auprès des hommes.

La nature spirituelle des anges, intermédiaires entre l’homme et Dieu, semble dessiner une hiérarchie, au bas de laquelle se trouve la bête, que surpassent l’homme, et plus encore l’ange, et au sommet de laquelle se trouve Dieu. Saint Augustin traite longuement des anges et de leur création dans La cité de Dieu, livres XI et XII. Voir notamment Cité de Dieu, IX, 13, Bibliothèque augustinienne, t. 34, p. 384. Medius homo est inferior angelis, superior pecoribus : L’homme tient le milieu entre la bête et l’ange. La bête est un animal sans raison et mortel. L’ange est animé, doué de raison et immortel. L’homme est animé, doué de raison et mortel.

Voir Miracles III (Laf. 878, Sel. 442), Contrariétés 4 (Laf. 121, Sel. 154), Loi figurative 31 (Laf. 276, Sel. 307), Preuves de Jésus-Christ 11 (Laf. 308, Sel. 339), Prophéties 17 (Laf. 338, Sel. 370), Pensées diverses (Laf. 678, Sel. 557), etc.

 

Angleterre.

Misère 11 (Laf. 62, Sel. 96) : référence à Charles Ier d’Angleterre qui a été décapité en 1649.

 

Animal, Animal-machine.

La théorie qui assimile les animaux à des machines, qui prend corps avec le progrès de la physique mécaniste, fait l’objet de grandes discussions au XVIIe siècle, dans le monde comme parmi les savants. Voir Pillorget René et Suzanne, France baroque, France classique, Dictionnaire, II, article Automatisme des bêtes, coll. Bouquins, Paris, Robert Laffont, 1995.

Busson Henri, La religion des classiques (1660-1680), Paris, P. U. F., 1948, p. 121 sq., sur l’homme machine. La théorie de l’animal-machine implique qu’on refuse aux bêtes leurs facultés, pour réduire leur fonctionnement corporel à des effets de l’étendue, mouvement, figure qui composent des leviers, des cordes et des poulies, des tuyaux remplis de liqueurs : p. 124. Claude Perrault, Mécanique des animaux, 1680 : p. 124 sq.

C’est Descartes qui a formulé cette théorie dans les termes qui ont eu le plus de retentissement. Voir sur ce point, qui marque la différence entre l’homme et l’animal, Discours V, AT VI, p. 57-59, Alquié I, p. 629-631, Discours, éd. Gilson minor, p. 122 sq. Le développement est dirigé contre les arguments de Montaigne en faveur de l’intelligence des bêtes dans l’Apologie de Raymond Sebond.

Voir Vanité 34 (Laf. 48, Sel. 81), Misère 1 (Laf. 53, Sel. 86), Grandeur 1 (Laf. 105, Sel. 137), Grandeur 3 (Laf. 107, Sel. 139), Grandeur 13 (Laf. 117, Sel. 149), etc.

 

Antéchrist.

Voir le dossier thématique consacré à l’Antéchrist.

Bouyer Louis, Dictionnaire théologique, p. 63 sq. L’Antéchrist est un personnage mystérieux évoqué dans les deux premières épîtres de saint Jean (I, 2, 22, et 4, 3 et II, 7), et sous le nom de la Bête dans l’Apocalypse ; saint Paul en parle dans l’Épître aux Thessaloniciens, II, 3 sq. L’Antéchrist doit apparaître à la fin des temps pour mener contre l’Église et le Christ une lutte suprême, dont la Parousie marquera l’échec.

Voir Miracles III (Laf. 878, Sel. 442), Miracles I (Laf. 830, Sel. 419), Miracles II (Laf. 834, Sel. 422), Miracles II (Laf. 851, Sel. 432), Miracles II (Laf. 856, Sel. 436), etc.