Fragment Misère n° 24 / 24 – Papier original :  RO 73-9

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Misère n° 103 p. 21-22 / C2 : p. 40-41

Éditions savantes : Faugère II, 135, XXI / Havet XXV.37 / Michaut 206 / Brunschvicg 389 / Tourneur p. 187-5 / Le Guern 71 / Maeda III p. 153 / Lafuma 75 / Sellier 109 et 110

 

 

 

 

L’Ecclésiaste montre que l’homme sans Dieu est dans l’ignorance de tout et dans un malheur inévitable. Car c’est être malheureux que de vouloir et ne pouvoir. Or il veut être heureux et assuré de quelque vérité, et cependant il ne peut ni savoir ni ne désirer point de savoir. Il ne peut même douter.

 

 

Ce fragment donne la définition la plus précise de ce qui, selon Pascal, constitue la misère de l’homme : vouloir et ne pouvoir.

 

 

Pour montrer à quel point cette misère est un malheur inévitable, Pascal construit une sorte de trilemme, qui combine plusieurs impossibilités d’ordres différents, mais qui prises ensemble forment une situation inextricable.

L’homme désire savoir, mais il ne peut pas savoir : c’est ce que montrent les liasses Vanité et Misère. La liasse Souverain bien dira la même chose à propos du bien.

L’homme ne peut pas désirer ne pas savoir : il ne peut pas renoncer au désir de savoir, affirmé par la précédente proposition.

La troisième proposition suppose que sans renoncer à la première (le désir de savoir subsiste), on accepte, provisoirement au moins, de ne pas savoir : on suspend le jugement. Or cela même n’est pas possible, parce qu’on ne peut pas douter sérieusement.

La situation ne comporte donc pas de solution.

 

Analyse détaillée...

 

Fragments connexes

 

Ce fragment est précédé de « Job et Salomon » dans les Copies. Le même texte se trouve dans Misère 18 (Laf. 69, Sel. 103) : Misère. Job et Salomon.

Ordre 4 (Laf. 6, Sel. 40). 1. Partie. Misère de l'homme sans Dieu.

Contrariétés 14 (Laf. 131, Sel.164). Que fera donc l'homme en cet état ? doutera-t-il de tout, doutera-t-il s'il veille, si on le pince, si on le brûle, doutera-t-il s'il doute, doutera-t-il s'il est ? 

On n'en peut venir là, et je mets en fait qu'il n'y a jamais eu de pyrrhonien effectif parfait, la nature soutient la raison impuissante et l'empêche d'extravaguer jusqu'à ce point.

Dossier de travail (Laf. 403, Sel. 22). Misère. Salomon et Job ont le mieux connu et le mieux parlé de la misère de l'homme, l'un le plus heureux et l'autre le plus malheureux. L'un connaissant la vanité des plaisirs par expérience, l'autre la réalité des maux.

Pensées diverses (Laf. 811, Sel. 658). Les deux plus anciens livres du monde sont Moïse et Job, l’un juif, l’autre païen, qui tous deux regardent Jésus‑Christ comme leur centre commun et leur objet : Moïse en rapportant les promesses de Dieu à Abraham, Jacob, etc., et ses prophéties ; et Job : Quis mihi det ut, etc. - Scio enim quod Redemptor meus vivit, etc.

 

 

 

 

Mots-clés : DieuDouteEcclésiasteIgnoranceMalheurPouvoirVéritéVouloir.