Fragment barré écrit au verso de Raisons des effets n° 3 - Papier original :  RO 152-2 v°

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Raisons des effets n° 111’ p. 31 v° / C2 : p. 48

Éditions savantes : Faugère I, 181, IX bis / Havet XXIV.100 bis / Michaut 371 / Brunschvicg 79 / Tourneur p. 188-3 / Le Guern 77 / Lafuma 84 / Sellier 118

 

 

Descartes.

 

Il faut dire en gros : « Cela se fait par figure et mouvement », car cela est vrai. Mais de dire quelles et composer la machine, cela est ridicule, car cela est inutile et incertain et pénible. Et quand cela serait vrai, nous n’estimons pas que toute la philosophie vaille une heure de peine. (texte barré)

 

 

 

Ce fragment n’est pas lié à la liasse à laquelle il appartient : sa présence dans Raisons des effets tient seulement à un incident : il est tracé au dos de Raisons des effets 3. Voir ce qu’en dit Jean Mesnard, Les Pensées de Pascal, p. 79-80 ; 2e éd., p. 85-86 : le texte a été barré, non parce que son contenu est désavoué, mais parce qu’il ne se rapporte pas à Raisons des effets.

Pascal exprime des réserves à l’égard de la physique de Descartes, telle qu’elle se présente dans son petit Traité de mécanique, qui vise à géométriser l’espace et le mouvement. Cette entreprise lui paraît à la fois incertaine, parce qu’il est impossible de s’assurer définitivement des fondements de la physique, inutile parce que l’infinité de l’univers dépasse a priori les capacités d’explication de l’esprit humain, et surtout d’une importance secondaire par rapport à la recherche religieuse. Ce jugement assez sévère, qui trouve des échos dans d’autres passages des Pensées et dans des propos de Pascal, n’exclut pas une certaine admiration à l’égard de l’auteur du Discours de la méthode, que Pascal énonce dans son opuscule De l’esprit géométrique.

Noter que si l’on ne disposait pas des Copies, rien n’indiquerait que c’est Descartes qui est visé dans ce texte. Voir le papier original.

 

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Fragments connexes

 

Pensées diverses (Laf. 553, Sel. 462). Écrire contre ceux qui approfondissent trop les sciences. Descartes.

Miracles III (Laf. 887, Sel. 445). Descartes inutile et incertain.

 

Laf. 1001. Propos attribué à Pascal : Je ne puis pardonner à Descartes ; il voudrait bien, dans toute sa philosophie, se pouvoir passer de Dieu, mais il n’a pu s’empêcher de lui faire donner une chiquenaude pour lettre le monde en mouvement ; après cela il n’a plus que faire de Dieu.

Laf. 1008. Propos attribué à Pascal : Feu M. Pascal appelait la philosophie cartésienne le roman de la nature, semblable à peu près à l’histoire de Don Quichotte. »

Laf. 1005. Propos attribué à Pascal : Feu Monsieur Pascal quand il voulait donner un exemple d’une rêverie qui pouvait être approuvée par entêtement proposait d’ordinaire l’opinion de Descartes sur la matière et sur l’espace.

 

Texte connexe

 

De l'Esprit géométrique, II, De l'Art de persuader, § 23, OC III, p. 422-425.

 

Mots-clés : DescartesFigureIncertainInutileMachineMouvementPhilosophieRidicule.