Fragment Transition n° 6 / 8  – Le papier original est perdu

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Transition n° 259 p. 101 / C2 : p. 129

Éditions de Port-Royal : Chapitre XXIII - Grandeur de l’homme : 1669 et janv. 1670 p. 181 / 1678 n° 6 p. 177

Éditions savantes : Faugère II, 84, XII / Havet I.6 / Brunschvicg 347 / Le Guern 186 / Lafuma 200 / Sellier 232

 

 

 

Toute notre dignité consiste donc en la pensée. C’est de là qu’il faut nous relever et non de l’espace et de la durée, que nous ne saurions remplir.

Travaillons donc à bien penser : voilà le principe de la morale.

 

 

Ce fragment est la suite logique du précédent, Transition 5 (Laf. 200, Sel. 231), qui insistait sur la supériorité que la conscience de la mort confère à l’homme sur l’univers matériel. Pascal approfondit ici la réflexion : c’est non seulement la connaissance de sa nature mortelle qui donne à l’homme l’avantage sur la matière, mais plus généralement le fait qu’il pense. Pascal donne ici à un thème qui avait été abordé dans la liasse Grandeur une portée bien plus ample : quelles que soient ses faiblesses, et quelle que soit son incapacité de tout savoir, la pensée est en l’homme ce qui lui permet de répondre à sa fin propre. À défaut de pouvoir tout penser, comme le montre Disproportion de l’homme (Transition 4 - Laf. 199, Sel. 230), l’homme peut bien penser, c’est-à-dire satisfaire aux exigences de la morale qui lui est propre.

 

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Fragments connexes

 

Grandeur 9 (Laf. 113, Sel. 145). Roseau pensant. Ce n’est point de l’espace que je dois chercher ma dignité, mais c’est du règlement de ma pensée. Je n’aurai point d’avantage en possédant des terres. Par l’espace l’univers me comprend et m’engloutit comme un point, par la pensée je le comprends.

Transition 4 (Laf. 199, Sel. 230). Disproportion de l’homme.

Transition 5 (Laf. 200, Sel. 231). H. 3. L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature, mais c’est un roseau pensant. Il ne faut pas que l’univers entier s’arme pour l’écraser ; une vapeur, une goutte d’eau suffit pour le tuer. Mais quand l’univers l’écraserait, l’homme serait encore plus noble que ce qui le tue, puisqu’il sait qu’il meurt et l’avantage que l’univers a sur lui. L’univers n’en sait rien.

Preuves de Jésus-Christ 11 (Laf. 308, Sel. 339). Tous les corps, le firmament, les étoiles, la terre et ses royaumes, ne valent pas le moindre des esprits. Car il connaît tout cela, et soi, et les corps rien.

Pensées diverses (Laf. 620, Sel. 513). L’homme est visiblement fait pour penser. C’est toute sa dignité et tout son mérite ; et tout son devoir est de penser comme il faut. Or l’ordre de la pensée est de commencer par soi, et par son auteur et sa fin.

Pensées diverses (Laf. 756, Sel. 626). Pensée. Toute la dignité de l’homme est en la pensée, mais qu’est-ce que cette pensée ? qu’elle est sotte ? La pensée est donc une chose admirable et incomparable par sa nature. Il fallait qu’elle eût d’étranges défauts pour être méprisable, mais elle en a de tels que rien n’est plus ridicule. Qu’elle est grande par sa nature, qu’elle est basse par ses défauts.

Pensées diverses (Laf. 759, Sel. 628). Pensée fait la grandeur de l’homme.

 

Mots-clés : DignitéDuréeEspaceMoralePenséePrincipe.