Preuves par discours III - Fragment n° 3 / 10  – Le papier original est perdu

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : n° 40 p. 225 v° / C2 : p. 437 v°

Éditions de Port-Royal : Chap. XVIII - Dessein de Dieu de se cacher aux uns, et de se découvrir aux autres : 1669 et janvier 1670 p. 144-145  / 1678 n° 19 et 23 p. 142-143

Éditions savantes : Faugère II, 156, XXII et XXIII  / Havet XX.17 et 14 / Brunschvicg 848 et 565 / Le Guern 409 et 410 / Lafuma 438 et 439 (série V) / Sellier 690

 

 

 

Que si la miséricorde de Dieu est si grande qu’il nous instruit salutairement, même lorsqu’il se cache, quelle lumière n’en devons‑nous pas attendre lorsqu’il se découvre ?

 

Reconnaissez donc la vérité de la religion dans l’obscurité même de la religion, dans le peu de lumière que nous en avons, dans l’indifférence que nous avons de la connaître.

 

 

Ce fragment esquisse quelques conséquences de la doctrine du Dieu caché. Pascal l’associe à l’argument par lequel il fait de l’incrédule lui-même la preuve de la vérité de la religion chrétienne.

On peut associer ce texte de près à plusieurs autres fragments qui appartiennent au même ensemble.

 

Analyse détaillée...

 

Fragments connexes

 

Philosophes 3 (Laf. 141, Sel. 174). La belle chose de crier à un homme qui ne se connaît pas, qu’il aille de lui-même à Dieu. Et la belle chose de le dire à un homme qui se connaît.

Commencement 13 (Laf. 163, Sel. 195). Un homme dans un cachot, ne sachant pas si son arrêt est donné, n’ayant plus qu’une heure pour l’apprendre, cette heure suffisant s’il sait qu’il est donné pour le faire révoquer. Il est contre nature qu’il emploie cette heure là, non à s’informer si l’arrêt est donné, mais à jouer au piquet.

Ainsi il est surnaturel que l’homme, etc. C’est un appesantissement de la main de Dieu.

Ainsi non seulement le zèle de ceux qui le cherchent prouve Dieu, mais l’aveuglement de ceux qui ne le cherchent pas.

Preuves par discours II (Laf. 427, Sel. 681).

Preuves par discours II (Laf. 431, Sel. 683).

Preuves par discours III (Laf. 441-442, Sel 690). Toutes les objections des uns et des autres ne vont que contre eux-mêmes, et point contre la religion. Tout ce que disent les impies.

Ainsi tout l’univers apprend à l’homme, ou qu’il est corrompu, ou qu’il est racheté. Tout lui apprend sa grandeur ou sa misère. L’abandon de Dieu paraît dans les païens ; la protection de Dieu paraît dans les Juifs.

Preuves par discours III (Laf. 444 et 446, Sel. 690). Il est donc vrai que tout instruit l’homme de sa condition, mais il le faut bien entendre : car il n’est pas vrai que tout découvre Dieu, et il n’est pas vrai que tout cache Dieu. Mais il est vrai tout ensemble qu’il se cache à ceux qui le tentent, et qu’il se découvre à ceux qui le cherchent, parce que les hommes sont tout ensemble indignes de Dieu et capables de Dieu : indignes par leur corruption, capables par leur première nature.

S’il n’y avait point d’obscurité l’homme ne sentirait point sa corruption, s’il n’y avait point de lumière l’homme n’espérerait point de remède, ainsi il est non seulement juste, mais utile pour nous que Dieu soit caché en partie et découvert en partie puisqu’il est également dangereux à l’homme de connaître Dieu sans connaître sa misère, et de connaître sa misère sans connaître Dieu.

 

Mots-clés : ConnaissanceDieuIndifférenceInstruireLumièreMiséricordeObscuritéReligionSalutVérité.