Fragment Fausseté des autres religions n° 7 / 18  – Papier original : RO 467-8 et 457-3

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Fausseté n° 267 p. 107-107 v° / C2 : p. 133

Éditions de Port-Royal : Chap. XVII - Contre Mahomet : 1669 et janvier 1670 p. 135-136  / 1678 n° 7 p. 134-135

Éditions savantes : Faugère II, 336, XLIII / Havet XIX.10 bis / Brunschvicg 599 / Tourneur p. 246-4 et 5 / Le Guern 195 / Lafuma 209 / Sellier 241 et 242

 

 

 

Différence entre Jésus-Christ et Mahomet.

Mahomet non prédit, Jésus-Christ prédit.

Mahomet en tuant, Jésus-Christ en faisant tuer les siens.

Mahomet en défendant de lire, les apôtres en ordonnant de lire.

 

 

Enfin cela est si contraire que si Mahomet a pris la voie de réussir humainement, Jésus-Christ a pris celle de périr humainement et qu’au lieu de conclure que puisque Mahomet a réussi, Jésus-Christ a bien pu réussir, il faut dire que puisque Mahomet a réussi, Jésus-Christ devait périr.

 

 

 

Dans ce fragment, qui présente une sorte de synthèse des principaux points sur lesquels il estime que la vérité de la religion chrétienne éclate par son opposition à l’islam, Pascal emprunte à Hugo Grotius, auteur du De veritate religions christianae une technique féconde : l’opposition point par point de la personne et de la conduite de Jésus-Christ à celles de Mahomet. Il ne s’agit manifestement ici que d’un programme qui attendait un plus vaste développement ; mais les idées directrices en étaient fortes et portaient assez nettement sur l’essentiel, pour qu’elles soient reprises et amplifiées dans la Préface de Lemaistre de Sacy à sa traduction de la Genèse. Les trois caractères que Pascal souligne ici en faveur de Jésus-Christ sont son autorité, authentifiée par les prophéties qui l’ont prédit, son refus de la violence et le souci qu’il a eu de l’instruction de ses fidèles.

La deuxième partie du fragment répond implicitement à l’argument qui met tous les prophètes dans le même sac, comme le faisait le mystérieux Traité des trois imposteurs pour Moïse, Jésus-Christ et Mahomet. Pascal souligne au contraire leur opposition : si Mahomet a réussi parce qu’il employait les méthodes du monde, Jésus-Christ, qui employait celles qui relèvent de l’ordre de la charité, était très logiquement voué à mourir sur la croix.

 

 

Gravure de L’Alcoran traduit par Du Ryer (éd. de 1651) :

 

Analyse détaillée...

Fragments connexes

 

Fausseté 1 (Laf. 203, Sel. 235). Fausseté des autres religions.

Mahomet sans autorité.

Il faudrait donc que ses raisons fussent bien puissantes, n’ayant que leur propre force.

Que dit‑il donc ? qu’il faut le croire.

Fondement 20 (Laf. 243, Sel. 276). La religion païenne est sans fondement.

La religion mahométane a pour fondement l’Alcoran, et Mahomet. Mais ce prophète qui devait être la dernière attente du monde a-t-il été prédit ? Et quelle marque a-t-il que n’ait aussi tout homme qui se voudra dire prophète. Quels miracles dit-il lui-même avoir faits ? Quel mystère a-t-il enseigné selon sa tradition même ? Quelle morale et quelle félicité !

La religion juive doit être regardée différemment. Dans la tradition des livres saints et dans la tradition du peuple. La morale et la félicité en est ridicule dans la tradition du peuple mais elle est admirable dans celle de leurs saints. Le fondement en est admirable. C’est le plus ancien livre du monde et le plus authentique et au lieu que Mahomet pour faire subsister le sien a défendu de le lire, Moïse pour faire subsister le sien a ordonné à tout le monde de le lire. Et toute religion est de même.

Perpétuité 2 (Laf. 280, Sel. 312). Les États périraient si on ne faisait ployer souvent les lois à la nécessité, mais jamais la religion n’a souffert cela et n’en a usé. Aussi il faut ces accommodements ou des miracles. Il n’est pas étrange qu’on se conserve en ployant, et ce n’est pas proprement se maintenir, et encore périssent-ils enfin entièrement. Il n’y en a point qui ait duré 1 000 ans. Mais que cette religion se soit toujours maintenue et inflexible... Cela est divin.

Preuves de Jésus-Christ 23 (Laf. 321, Sel. 352). Tout homme peut faire ce qu’a fait Mahomet. Car il n’a point fait de miracles, il n’a point été prédit. Nul homme ne peut faire ce qu’a fait J.-C.

 

Mots-clés : Conclure – Contraire – Défendre – Différence – Humain – Jésus-ChristLireMahometPérirPrédireRéussirTuer.