Miracles III  – Fragment n° 3 / 11 – Papier original : RO 453

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : n° 192 p. 457-457 v° / C2 : p. 255 v° à 257 v°

Éditions de Port-Royal : Chap. XXVII - Pensées sur les miracles : 1669 et janv. 1670 p. 230 /

1678 n° 14 p. 223

Éditions savantes : Faugère I, 283, L, LI, XLVIII ; I, 222, CXLI ; II, 233, XXVI ; II, 215, VI ; I, 325, XVIII ; II, 328, XXXV ; II, 134, XVI / Havet XXIV.74 ; XXV.61, 179 ; XXIII.29, 20 / Brunschvicg 875, 890, 508, 845, 844 bis, 813, 824, 881, 820, 300 / Tourneur p. 153-2 / Le Guern 698 / Lafuma 866 à 876 (série XXXIV, notée XXXIII par erreur) / Sellier 440

 

 

 

Perpétuité.

 

Votre caractère est‑il fondé sur Escobar ?

Tertullien : Nunquam Ecclesia reformabitur.

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Peut‑être avez‑vous des raisons pour ne les pas condamner.

Il suffit que vous approuviez ce que je vous en adresse.

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Le pape serait‑il déshonoré pour tenir de Dieu et de la tradition ses lumières ? Et n’est‑ce pas le déshonorer de le séparer de cette sainte union, etc.

 

Pour faire d’un homme un saint il faut bien que ce soit la grâce et qui en doute ne sait ce que c’est que saint, et qu’homme.

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Les hérétiques ont toujours combattu ces trois marques qu’ils n’ont point.

 

Perpétuité.

Molina.

Nouveauté.

 

Miracles.

 

Que je hais ceux qui font les douteux des miracles. Montaigne en parle comme il faut dans les deux endroits. On voit en l’un combien il est prudent et néanmoins il croit en l’autre et se moque des incrédules.

 

Quoi qu’il en soit, l’Église est sans preuve s’ils ont raison.

 

Ou Dieu a confondu les faux miracles ou il les a prédits. Et par l’un et l’autre il s’est élevé au‑dessus de ce qui est surnaturel à notre égard, et nous y a élevés nous‑mêmes.

 

L’Église enseigne et Dieu inspire l’un et l’autre infailliblement. L’opération de l’Église ne sert qu’à préparer à la grâce, ou à la condamnation. Ce qu’elle fait suffit pour condamner, non pour inspirer.

 

Omne regnum divisum, car Jésus-Christ agissait contre le diable et détruisait son empire sur les cœurs, dont l’exorcisme est la figuration, pour établir le royaume de Dieu. Et ainsi il ajoute : Si in digito Dei, regnum Dei ad vos.

 

Si le diable favorisait la doctrine qui le détruit, il serait divisé, comme disait Jésus-Christ.

Si Dieu favorisait la doctrine qui détruit l’Église, il serait divisé.

 

Quand le fort armé possède son bien, ce qu’il possède est en paix.

 

 

Suite de notes relatives à différents points de l’histoire de l’Église, à la perpétuité et aux miracles.

 

Nunquam Ecclesia reformabitur : Jamais l’Église ne sera réformée.

Omne regnum divisum : Tout royaume divisé…

Si in digito Dei, regnum Dei ad vos : Mais si c’est par le doigt de Dieu [que je chasse les démons, il est donc visible que] le royaume de Dieu est venu jusqu’à vous.

 

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Fragments connexes

 

Vanité 13 (Laf. 25, Sel. 59). La coutume de voir les rois accompagnés de gardes, de tambours, d’officiers et de toutes les choses qui ploient la machine vers le respect et la terreur font que leur visage, quand il est quelquefois seul et sans ces accompagnements imprime dans leurs sujets le respect et la terreur parce qu’on ne sépare point dans la pensée leur personne d’avec leur suite qu’on y voit d’ordinaire jointe. Et le monde qui ne sait pas que cet effet vient de cette coutume, croit qu’il vient d’une force naturelle. Et de là viennent ces mots : Le caractère de la divinité est empreint sur son visage,etc.

Vanité 31 (Laf. 44, Sel. 78). Imagination.

C’est cette partie dominante dans l’homme, cette maîtresse d’erreur et de fausseté, et d’autant plus fourbe qu’elle ne l’est pas toujours, car elle serait règle infaillible de vérité, si elle l’était infaillible du mensonge. Mais étant le plus souvent fausse elle ne donne aucune marque de sa qualité marquant du même caractère le vrai et le faux.

Transition 4 (Laf. 199, Sel. 230). C’est une sphère infinie dont le centre est partout, la circonférence nulle part. Enfin c’est le plus grand caractère sensible de la toute-puissance de Dieu que notre imagination se perde dans cette pensée.

Pensées diverses (Laf. 432 série XXX, Sel. 662). Les gens de cette sorte sont académistes, écoliers, et c’est le plus méchant caractère d’hommes que je connaisse. (texte barré verticalement)

Preuves par les Juifs VI (Laf. 471, Sel. 708). Pour moi, j’avoue qu’aussitôt que la religion chrétienne découvre ce principe, que la nature des hommes est corrompue et déchue de Dieu, cela ouvre les yeux à voir partout le caractère de cette vérité ; car la nature est telle, qu’elle marque partout un Dieu perdu, et dans l’homme, et hors de l’homme, et une nature corrompue.

Pensées diverses (Laf. 670, Sel. 549). Diseur de bons mots, mauvais caractère.

Pensées diverses (Laf. 692, Sel. 571). Montalte.

Les opinions relâchées plaisent tant aux hommes qu’il est étrange que les leurs déplaisent. C’est qu’ils ont excédé toute borne. Et de plus il y a bien des gens qui voient le vrai et qui n’y peuvent atteindre, mais il y en a peu qui ne sachent que la pureté de la religion est contraire à nos corruptions. Ridicule de dire qu’une récompense éternelle est offerte à des mœurs escobartines.

Miracles III (Laf. 882, Sel. 444). Athées.

Quelle raison ont-ils de dire qu’on ne peut ressusciter ? Quel est plus difficile de naître ou de ressusciter, que ce qui n’a jamais été soit, ou que ce qui a été soit encore ? Est-il plus difficile de venir en être que d’y revenir. La coutume nous rend l’un facile, le manque de coutume rend l’autre impossible. Populaire façon de juger.

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Pourquoi une vierge ne peut-elle enfanter ? Une poule ne fait-elle pas des œufs sans coq ? Quoi les distingue par dehors d’avec les autres ? Et qui nous a dit que la poule n’y peut former ce germe aussi bien que le coq ?

Miracles III (Laf. 894, Sel. 448)Les trois marques de la religion : la perpétuité, la bonne vie, les miracles.

Ils détruisent la perpétuité par la probabilité, la bonne vie par leur morale, les miracles en détruisant ou leur vérité, ou leur conséquence.

Si on les croit l'Église n'aura que faire de perpétuité, sainteté, ni miracles.

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Les hérétiques les nient, ou en nient la conséquence, eux de même, mais il faudrait n'avoir point de sincérité pour les nier, ou avoir perdu le sens pour nier la conséquence.

Miracles III (Laf. 897, Sel. 448). Comminuentes cor. Saint Paul. Voilà le caractère chrétien. Albe vous a nommé, je ne vous connais plus. Corneille. Voilà le caractère inhumain. Le caractère humain est le contraire.

 

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