Fragment Preuves de Jésus-Christ n° 1 / 24  – Papier original : RO 59-7

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Preuves de J.-C. n° 335 p. 157 / C2 : p. 187

Éditions de Port-Royal : Chap. XXXI - Pensées diverses : 1669 et janvier 1670 p. 337  / 1678 n° 31 p. 331-332

Éditions savantes : Faugère II, 265, XXXV / Havet VII.19 / Michaut 156 / Brunschvicg 283 / Tourneur p. 276-1 / Le Guern 280 / Lafuma 298 / Sellier 329

 

 

 

L’ordre. Contre l’objection que l’Écriture n’a pas d’ordre.

 

Le cœur a son ordre. L’esprit a le sien qui est par principe et démonstration. Le cœur en a un autre. On ne prouve pas qu’on doit être aimé en exposant d’ordre les causes de l’amour, cela serait ridicule.

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Jésus-Christ, saint Paul ont l’ordre de la charité, non de l’esprit, car ils voulaient échauffer, non instruire.

Saint Augustin de même. Cet ordre consiste principalement à la digression sur chaque point qui a rapport à la fin, pour la montrer toujours.

 

 

Le lecteur des Pensées peut être surpris de voir le théoricien de l’esprit géométrique prendre la défense du désordre poétique de la Bible en affirmant que le cœur aussi a un ordre propre, qui n’est pas celui de la raison, mais procède par une voie et des techniques très différentes. Au seuil de la liasse Preuves de Jésus-Christ, Pascal s’interroge sur la nature et le sens de la rhétorique sacrée. Ce questionnement n’est pas une pure affaire de stylistique : Pascal estime que seul « Dieu parle bien de Dieu », et que la seule manière de bien exprimer ce qui le touche est l’imitation de la Bible. Il usera ainsi de l’ordre du cœur pour parler des trois ordres (Preuves de Jésus-Christ 11 - Laf. 308, Sel. 339), pour évoquer le Mystère de Jésus et composer la Prière pour demander à Dieu le bon usage des maladies.

 

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Fragments connexes

 

Grandeur 6 (Laf. 110, Sel. 142), sur le cœur.

Preuves de Jésus-Christ 6 (Laf. 303, Sel. 334). Un artisan qui parle des richesses, un procureur qui parle de la guerre, de la royauté, etc., mais le riche parle bien des richesses, le roi parle froidement d’un grand don qu’il vient de faire, et Dieu parle bien de Dieu.

Preuves de Jésus-Christ 11 (Laf. 308, Sel. 339), sur les trois ordres.

Conclusion 1 (Laf. 377, Sel. 409), Qu’il y a loin de la connaissance de Dieu à l’aimer.

Prophéties VIII (Laf. 502, Sel. 738). La dernière fin est ce qui donne le nom aux choses ; tout ce qui nous empêche d’y arriver est appelé ennemi. Ainsi les créatures, quoique bonnes, seront ennemies des justes quand elles les détournent de Dieu, et Dieu même est l’ennemi de ceux dont il trouble la convoitise. Ainsi le mot d’ennemi dépendant de la dernière fin, les justes entendaient par là leurs passions et les charnels entendaient les Babyloniens, et ainsi ces termes n’étaient obscurs que pour les injustes.

Pensées diverses (Laf. 515, Sel. 452)Quand dans un discours se trouvent des mots répétés et qu’essayant de les corriger on les trouve si propres qu’on gâterait le discours il les faut laisser, c’en est la marque. Et c’est là la part de l’envie qui est aveugle et qui ne sait pas que cette répétition n’est pas faute en cet endroit, car il n’y a point de règle générale.

Pensées diverses (Laf. 780, Sel. 644). Parler de ceux qui ont traité de la connaissance de soimême, des divisions de Charron, qui attristent et ennuient.

 

Mots-clés : AmourSaint AugustinCauseCharitéCœurDémonstration – Digression – ÉchaufferÉcritureEspritFinInstructionJésus-ChristObjectionOrdre Saint PaulPreuvePrincipeRidicule.