Fragment Raisons des effets n° 4 / 21 - Papier original :  RO 159-2

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Raisons des effets n° 112 à 115 p. 31 v° à 33 / C2 : p. 48-49

Éditions savantes : Faugère II, 133, XV / Havet VI.7 bis / Brunschvicg 878 / Tourneur p. 188-3 / Le Guern 78 / Lafuma 85 / Sellier 119

 

                                                                                                                       (Voir le texte barré et mutilé écrit au verso)

 

 

Summum jus, summa injuria.

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La pluralité est la meilleure voie, parce qu’elle est visible et qu’elle a la force pour se faire obéir. Cependant c’est l’avis des moins habiles.

Si l’on avait pu, l’on aurait mis la force entre les mains de la justice, mais comme la force ne se laisse pas manier comme on veut, parce que c’est une qualité palpable au lieu que la justice est une qualité spirituelle dont on dispose comme on veut, on l’a mise entre les mains de la force et ainsi on appelle juste ce qu’il est force d’observer.

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[De là] vient le droit de l’épée, car l’épée donne un véritable droit.

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Autrement on verrait la violence d’un côté et la justice de l’autre.

Fin de la 12e Provinciale.

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De là vient l’injustice de la Fronde, qui élève sa prétendue justice contre la force.

Il n’en est pas de même dans l’Église, car il y a une justice véritable et nulle violence.

 

 

 

Ce fragment relie le raisonnement du fragment Raisons des effets 20 (Laf. 103, Sel. 135), qui explique pourquoi la justice doit être associée à la force, avec l’idée que cette force est celle de la pluralité, c’est-à-dire de la majorité (Raisons des effets 2 - Laf. 81, Sel. 116), pour établir un ordre politique stable et exempt de violence. Ces réflexions sont directement inspirées de l’expérience de Pascal des guerres civiles en France d’une part, et de la crise du formulaire d’autre part.

 

Summum jus, summa injuria : le plus grand droit est la plus grande injustice.

 

Analyse détaillée...

Fragments connexes

 

Raisons des effets 2 (Laf. 81, Sel. 116). Les seules règles universelles sont les lois du pays aux choses ordinaires et la pluralité aux autres. D’où vient cela ? De la force qui y est. [] Ne pouvant faire qu’il soit force d’obéir à la justice on a fait qu’il soit juste d’obéir à la force. Ne pouvant fortifier la justice on a justifié la force, afin que le juste et le fort fussent ensemble et que la paix fût, qui est le souverain bien.

Raisons des effets 20 (Laf. 103, Sel. 135). Justice force.

Il est juste que ce qui est juste soit suivi, il est nécessaire que ce qui est le plus fort soit suivi.

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La justice sans la force est impuissante, la force sans la justice est tyrannique.

La justice sans force est contredite, parce qu’il y a toujours des méchants. La force sans la justice est accusée. Il faut donc mettre ensemble la justice et la force ; et pour cela faire que ce qui est juste soit fort ou que ce qui est fort soit juste.

La justice est sujette à dispute. La force est très reconnaissable et sans dispute. Aussi on n’a pu donner la force à la justice, parce que la force a contredit la justice et a dit qu’elle était injuste, et a dit que c’était elle qui était juste.

Et ainsi ne pouvant faire que ce qui est juste fût fort, on a fait que ce qui est fort fût juste.

Pensées diverses (Laf. 569, Sel. 473). Le pape est premier. Quel autre est connu de tous, quel autre est reconnu de tous, ayant pouvoir d’insinuer dans tout le corps parce qu’il tient la maîtresse branche qui s’insinue partout.

Qu’il était aisé de faire dégénérer cela en tyrannie. C’est pourquoi J. C. leur a posé ce précepte : Vos autem non sic.

Pensées diverses (Laf. 711, Sel. 589). Force. Pourquoi suit-on la pluralité ? est-ce à cause qu’ils ont de raison ? non, mais plus de force.

Pourquoi suit-on les anciennes lois et anciennes opinions ? est-ce qu’elles sont les plus saines ? non, mais elles sont uniques et nous ôtent la racine de la diversité.

 

Mots-clés : DroitÉpéeForceJusticePluralitéProvincialesSpirituelViolence.