Pensées diverses I – Fragment n° 20 / 37 – Papier original : RO 123-1

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : n° 97 p. 337 v°  / C2 : p. 289 v°-291

Éditions savantes : Faugère I, 317, II ; II, 214, IV / Havet XXIV.76 et 77, XXV.94 ter / Brunschvicg 874, 815, 872  / Tourneur p. 79-2 / Le Guern 487 / Lafuma 567 à 569 (série XXIII) / Sellier 473

 

 

 

Il ne faut pas juger de ce qu’est le pape par quelques paroles des Pères (comme disaient les Grecs dans un concile, Règles importantes), mais par les actions de l’Église et des Pères et par les canons.

-------

L’unité et la multitude : Duo aut tres / in unum. Erreur à exclure l’un des deux, comme font les papistes qui excluent la multitude, ou les huguenots qui excluent l’unité.

-------

Il n’est pas possible de croire raisonnablement contre les miracles.

-------

Le pape est premier. Quel autre est connu de tous ? quel autre est reconnu de tous, ayant pouvoir d’insinuer dans tout le corps parce qu’il tient la maîtresse branche qui s’insinue partout ?

Qu’il était aisé de faire dégénérer cela en tyrannie ! C’est pourquoi Jésus-Christ leur a posé ce précepte : Vos autem non sic.

 

 

Ce fragment réunit des notes relatives à l’excès de l’autorité du pape, auquel les gallicans, et surtout Port-Royal, ont fermement résisté, notamment dans l’affaire de la signature du Formulaire. Pascal y voit pour seul remède le maintien de la diversité de l’Église au sein de l’unité dont le pape est le gardien.

 

Duo aut tres  / in unum : Deux ou trois / en un seul.

Vos autem non sic : Mais il n’en va pas de même pour vous.

 

Analyse détaillée...

 

Fragments connexes

 

Misère 6 (Laf. 58, Sel. 91). Tyrannie.

La tyrannie est de vouloir avoir par une voie ce qu’on ne peut avoir que par une autre. On rend différents devoirs aux différents mérites, devoir d’amour à l’agrément, devoir de crainte à la force, devoir de créance à la science.

On doit rendre ces devoirs-là, on est injuste de les refuser, et injuste d’en demander d’autres.

Ainsi ces discours sont faux, et tyranniques : je suis beau, donc on doit me craindre, je suis fort donc on doit m’aimer, je suis... Et c’est de même être faux et tyrannique de dire : il n’est pas fort, donc je ne l’estimerai pas, il n’est pas habile, donc je ne le craindrai pas.

Misère 7 (Laf. 58, Sel. 92). La tyrannie consiste au désir de domination universel et hors de son ordre.

Soumission 6 (Laf. 172, Sel. 203). Terrorem potius quam religionem.

Pensées diverses (Laf. 604, Sel. 501). Église, pape.

Unité / Multitude. En considérant l’Église comme unité le pape qui en est le chef est comme tout ; en la considérant comme multitude le pape n’en est qu’une partie. Les Pères l’ont considérée tantôt en une manière, tantôt en l’autre. Et ainsi ont parlé diversement du pape.

Saint Cyprien, sacerdos Dei.

Mais en établissant une de ces deux vérités ils n’ont pas exclu l’autre.

La multitude qui ne se réduit point à l’unité est confusion. L’unité qui ne dépend pas de la multitude est tyrannie.

Il n’y a presque plus que la France où il soit permis de dire que le concile est au-dessus du pape.

Miracles III (Laf. 865, Sel. 439). Les miracles ne sont plus nécessaires à cause qu’on en a déjà, mais quand on n’écoute plus la tradition, quand on ne propose plus que le pape, quand on l’a surpris, et qu’ainsi ayant exclu la vraie source de la vérité qui est la tradition, et ayant prévenu le pape qui en est le dépositaire, la vérité n’a plus de liberté de paraître, alors les hommes ne parlent plus de la vérité. La vérité doit parler elle-même aux hommes.

Miracles III (Laf. 881, Sel. 443). Les cinq propositions condamnées, point de miracle. Car la vérité n’était point attaquée, mais la Sorbonne, mais la bulle.

Miracles III (Laf. 901, Sel. 449). Les miracles discernent aux choses douteuses, entre les peuples juif et païen, juif et chrétien, catholique hérétique, calomniés calomniateurs, entre les deux croix.

 

Mots-clés : Canon – Concile – Corps – Église – Erreur – Exclusion – Grec – HuguenotJésus-ChristMiracleMultitudePapeParolePèresRègleTyrannieUnité.