Pensées diverses VI – Fragment n° 4 / 5 – Papier original : RO 161-3

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : n° 175 p. 411 v° / C2 : p. 387 v°-389

Éditions savantes : Faugère I, 380 / Havet XXV.119 / Brunschvicg 314 / Tourneur p. 129-1 / Le Guern 658 / Lafuma 796 (série XXVIII) / Sellier 649

 

 

 

Dieu

a créé tout pour soi,

a donné puissance de peines et de biens pour soi.

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Vous pouvez l’appliquer à Dieu ou à vous.

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Si à Dieu, l’Évangile est la règle.

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Si à vous, vous tiendrez la place de Dieu.

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Comme Dieu est environné de gens pleins de charité, qui lui demandent les biens de la charité, qui sont en sa puissance, ainsi...

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Connaissez‑vous donc et sachez que vous n’êtes qu’un roi de concupiscence, et prenez les voies de la concupiscence.

 

 

Ce fragment prépare les Trois discours sur la condition des Grands, dont il recueille plusieurs idées essentielles sur le pouvoir des rois, son étendue et ses bornes. Pascal tend à limiter le pouvoir des princes à l’ordre de la concupiscence : l’ordre le plus abaissé dans la hiérarchie décrite dans le fragment Preuves de Jésus-Christ 11 (Laf. 308, Sel. 339), mais qui comporte des devoirs très exigeants et lourds pour celui qui a reçu mission de lui imposer des lois et de distribuer avec justice les biens qui en relèvent.

 

Analyse détaillée...

 

Fragments connexes

 

Voir la liasse Raisons des effets.

Misère 6 (Laf. 58, Sel. 91). La tyrannie est de vouloir avoir par une voie ce qu’on ne peut avoir que par une autre. On rend différents devoirs aux différents mérites : devoir d’amour à l’agrément, devoir de crainte à la force, devoir de créance à la science. On doit rendre ces devoirs‑là, on est injuste de les refuser, et injuste d’en demander d’autres. Ainsi ces discours sont faux et tyranniques. « Je suis beau, donc on doit me craindre. Je suis fort, donc on doit m’aimer. Je suis... » Et c’est de même être faux et tyrannique de dire : « Il n’est pas fort, donc je ne l’estimerai pas. Il n’est pas habile, donc je ne le craindrai pas ».

Preuves de Jésus-Christ 11 (Laf. 308, Sel. 339). Les saints ont leur empire, leur éclat, leur victoire, leur lustre et n’ont nul besoin des grandeurs charnelles ou spirituelles, où elles n’ont nul rapport, car elles n’y ajoutent ni ôtent. Ils sont vus de Dieu et des anges et non des corps ni des esprits curieux. Dieu leur suffit.

Pensées diverses (Laf. 798, Sel. 650). Esquisse des Discours sur la condition des Grands.

 

Pensée n° 8H-19T recto (Laf. 919, Sel. 751). Eritis sicut dii scientes bonum et malum ; tout le monde fait le Dieu en jugeant : cela est bon ou mauvais et s’affligeant ou se réjouissant trop des événements.

 

Mots-clés : CharitéConcupiscenceDieuÉvangilePuissance Roi.