Géométrie-Finesse II – Fragment n° 2 / 2 – Papier original : RO 169-2

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : n° 84 p. 323  / C2 : p. 403-403 v°

Éditions savantes : Faugère I, 151 ; I, 223, CXLVI / Havet VII.34 et XXV.124 / Brunschvicg 4 et 356 / Tourneur p. 65-1 / Le Guern 467 / Lafuma 513 et 514 (série XXII) / Sellier 671

 

 

 

Géométrie / finesse.

 

La vraie éloquence se moque de l’éloquence. La vraie morale se moque de la morale, c’est‑à‑dire que la morale du jugement se moque de la morale de l’esprit qui est sans règles.

Car le jugement est celui à qui appartient le sentiment, comme les sciences appartiennent à l’esprit. La finesse est la part du jugement, la géométrie est celle de l’esprit.

Se moquer de la philosophie c’est vraiment philosopher.

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La nourriture du corps est peu à peu.

Plénitude de nourriture et peu de substance.

 

 

Les précédents fragments étaient consacrés à la nature de la différence et des points communs de l’esprit de géométrie et l’esprit de finesse. Celui-ci marque essentiellement que la différence entre ces deux esprits traverse la rhétorique et la morale, deux domaines essentiellement différents. Il en découle que la vraie philosophie, par exemple, celle du jugement, diffère profondément de celle qui dépend de l’esprit, autant que l’éloquence véritable, celle qui sait répondre aux besoins des auditeurs, de celle qui obéit aux formes convenues.

 

Analyse détaillée...

 

Fragments connexes

 

Géométrie-Finesse I (Laf. 511, Sel. 669).

Géométrie-Finesse II, 1 (Laf. 512, Sel. 670).

Pensées diverses (Laf. 533, Sel. 457). On ne s’imagine Platon et Aristote qu’avec de grandes robes de pédants. C’étaient des gens honnêtes et comme les autres, riants avec leurs amis. Et quand ils se sont divertis à faire leurs lois et leurs politiques, ils l’ont fait en se jouant. C’était la partie la moins philosophe et la moins sérieuse de leur vie ; la plus philosophe était de vivre simplement et tranquillement. S’ils ont écrit de politique c’était comme pour régler un hôpital de fous. Et s’ils ont fait semblant d’en parler comme d’une grande chose c’est qu’ils savaient que les fous à qui ils parlaient pensent être rois et empereurs. Ils entrent dans leurs principes pour modérer leur folie au moins mal qu’il se peut.

Pensées diverses (Laf. 534, Sel. 457). Ceux qui jugent d’un ouvrage sans règle sont à l’égard des autres comme ceux qui ont une montre à l’égard des autres. L’un dit : il y a deux heures ; l’autre dit : il n’y a que trois quarts d’heure. Je regarde ma montre et je dis à l’un : vous vous ennuyez et à l’autre : le temps ne vous dure guère, car il y a une heure et demie et je me moque de ceux qui disent que le temps me dure à moi et que j’en juge par fantaisie. Ils ne savent pas que j’en juge par ma montre.

Pensées diverses (Laf. 584, Sel. 485). Éloquence qui persuade par douceur, non par empire, en tyran non en roi.

Pensées diverses (Laf. 586-587, Sel. 486). Beauté poétique.

Pensées diverses (Laf. 667, Sel. 547). Éloquence.

Il faut de l’agréable et du réel, mais il faut que cet agréable soit lui-même pris du vrai.

 

Mots-clés : ÉloquenceEspritFinesseGéométrieJugementMoraleNourriturePhilosophieRègleScienceSentiment – Substance – Vérité.